Quoi de neuf, aujourd'hui?

mon paradis secret

le 17-02-2009 10:13

papillon

 


 
 
le 13-02-2009 18:48

poemes-manga 2

Etre timideN'est pas un crime.Il faut juste savoirEn qui on peut croire,Avoir de la patience,Et pouvoir faire confiance.Puis un jour,Et pour toujours,Il nous fait ouvrir les yeuxSur ce monde merveilleux,Qu'est la beauté de la vieAinsi que l'amour dans celle-ci.
 


 
 
le 13-02-2009 18:44

poemes-manga

A quoi servent les amisSi du jour au lendemain ils sont tes ennemisA quoi sert l'amitiéSi un jour un ami t'as trompésA quoi sert les bons déliresSi avec lui tu ne peux plus en rireA quoi ça sert de se confierSi les secrets vont être répétésLes amis sont-ils vraiment loyalOu bien peuvent-ils t'être fatalSont-ils vraiment là quand tu as besoin d'euxResteront-ils si un jour tu es malheureuxPrends garde aux faux amisSinon tu vas être trahis
 


 
 
le 13-02-2009 18:41

photo du jour 3-b couple manga

Voila pour les couple manga ses fini pour le moment !!!

 


 
 
le 13-02-2009 12:05

photo du jour 3

 


 
 
le 13-02-2009 11:59

midnight sun-chapitre 7

Chapitre 7 MélodieLorsque je retournai au lycée, je dû attendre un moment. La dernière heure n'était pas encore totalement terminée. Cela n'était pas pour me déplaire, car j'avais grand besoin d'un moment de solitude pour réfléchir. Son odeur s'attardait dans la voiture. Je gardais volontairement la fenêtre fermée, laissant les effluves m'attaquer, essayant de m'accoutumer à l'impression que j'avais de m'automutiler ainsi. Attirance. C'était là quelque chose d'assez problématique à envisager. Ce sentiment avait tellement de facettes, tellement de significations différentes et de degrés d'intensité. C'était différent de l'amour, mais ça s'en approchait. J'ignorais totalement si Bella se sentait attirée par moi ou pas. (Son silence mental avait-il l'intention de devenir de plus en plus frustrant jusqu'à m'en rendre fou, où me rapprochai-je de la limite ?)J'essayai de comparer ses réactions physiques à celles des autres, comme la secrétaire ou Jessica Stanley, sans résultat. Les mêmes symptômes – évolution du rythme cardiaque et de la respiration – pouvaient très bien s'appliquer tout aussi bien s'appliquer à l'intérêt qu'à la peur, au choc ou à l'anxiété. Par ailleurs, il semblait très peu probable que Bella puisse avoir les mêmes pensées que Jessica Stanley. Après tout, Bella savait parfaitement qu'il y avait quelque chose de monstrueux en moi, même si elle ne savait pas exactement ce que c'était. Elle avait touché ma peau de glace, et l'instant suivant avait dégagé sa main. Pourtant...maintenant que je repensais à ces fantasmes qui m'avaient tant écœurés, si j'imaginais Bella à la place de Jessica...Ma respiration s'accéléra, faisant monter et descendre le feu dans ma gorge écorchée. Et si ça avait été qui m'avait imaginé avec mes bras enlaçant son corps fragile ? Me sentant la serrer étroitement contre mon torse, puis mettre ma main sous son menton ? Ecarter d'une caresse une mèche sombre de son visage rougissant ? Dessiner les contours de ses lèvres avec le bout de mes doigts ? Approcher mon visage du sien, jusqu'à être en mesure de sentir son haleine brûlante sur ma bouche ? M'approcher encore...Mais à ce moment là je m'arrachai à ce rêve éveillé, sachant pertinemment, tout comme je l'avais su lorsque Jessica avait imaginé cette scène, ce qu'il se passerait si je m'approchais encore plus d'elle. Ce problème était insoluble, car pour ma part, je ressentais pour Bella une attirance de la pire espèce. Voulais je que Bella ressente de l'attirance à mon égard, comme une femme envers un homme ? Ce n'était pas la bonne question. La bonne question aurait été : -je vouloir que Bella ressente cela, et la réponse était non. Parce que je n'étais pas humain, et que ce ne serait pas juste pour elle. De tout mon être, je désirais ardemment être un homme normal, pour pouvoir la serrer contre moi sans risquer de la tuer. Pour pouvoir laisser libre cour à mes propres fantasmes, fantasmes qui ne se termineraient pas avec son sang sur mes mains, avec son sang dans mes yeux. Avoir des vues sur elle était proprement inexcusable. Quel genre de relation pouvais-je lui offrir, si je ne pouvais même pas prendre le risque de la toucher ? Je plongeai mon visage sans mes mains. Ma confusion était d'autant plus grande que de toute ma vie jamais je ne m'étais sentis aussi humain – pas même lorsque j'étais humain, pour autant que je pouvais m'en souvenir. Lorsque j' humain, toutes mes pensées étaient tournées vers la gloire militaire. La Grande Guerre avait fait rage durant une grande partie de mon adolescence, et j'étais à peine à neuf mois de mon dix-huitième anniversaire que la grippe espagnole me prit...il ne me reste plus que de vagues impressions de ces années d'humanité, des souvenirs troubles qui s'étaient affadis un peu plus à chaque décennie. Je me souvins plus précisément de ma mère et une ancienne douleur me prit lorsque je revis son visage. Je me rappelai combien elle haïssait ce future auquel je me destinais, priant chaque soir lorsqu'elle disait les grâce à table pour que cette « horrible guerre » prenne fin...je ne me souvenais pas avoir connu une autre forme de tendresse. En dehors de l'amour de ma mère, aucun autre amour ne me retenait là où j'étais...C'était totalement nouveau pour moi. Aucune comparaison possible, aucun parallèle. L'amour que je ressentais pour Bella était venu en toute chasteté, mais à présent cette pureté était souillée. Je désirais la toucher. Ressentait-elle la même chose ? Cela n'avait pas d'importance, essayai-je de me convaincre. Je regardai mes mains blanches, haïssant leur dureté, leur froideur, leur force inhumaine...Lorsque la portière côté passager s'ouvrit, je sursautai. Haha ! Prit par surprise : une première ! Pensa Emmett en se glissant sur le siège. - Je parie que Mme Goff pense que tu es drogué, tu as été si irrégulier ces derniers temps. Où étais-tu aujourd'hui ?- Je...faisais une bonne action. - Défendre la veuve et l'opprimé, riais-je. Ce genre de choses.Cela aggrava sa confusion, puis il inhala l'odeur dans la voiture. - Oh. Encore elle ? Je grimaçai. Ca devient vraiment bizarre.- Je ne t'ai pas demandé ton avis. Grommelai-je. Il prit une nouvelle inspiration. - Hmm, elle sent vachement bon, pas vrai ? Il n'avait même pas fini sa phrase qu'un grognement s'échappa déjà de mes lèvres, une réponse instinctive. - Doucement, gamin ! Je constate, c'est tout. A ce moment là, les autres arrivèrent. Rosalie remarqua l'odeur et me lança un regard mauvais, toujours aussi irrité. Je me demandai quel était son problème, mais tout ce que je pouvais entendre venant d'elle étaient des insultes.Je n'appréciai pas non plus la réaction de Jasper. A l'instar d'Emmett, il aima l'odeur de Bella. Non pas que l'arôme eut sur eux le millième de l'effet qu'il me fit, mais il n'empêchait qu'ils le trouvaient à leur goût et cela ne me plaisait pas. Jasper ne savait pas se contrôler...Alice bondit à côté de moi et tendit la main, dans l'attente des clés de la camionnette de Bella. - J'ai seulement vu que je le faisais. Dis-elle, obscure comme à son habitude. Mais il va falloir que tu m'explique. - Cela ne veut pas dire que...- Je sais, je sais. J'attendrais. Ce ne sera plus très long. Je soupirai et lui tendis les clés. Je la suivis chez Bella. La pluie tombait comme des gouttes de plomb, si bruyamment que les oreilles humaines de Bella ne purent peut-être pas entendre le vacarme que produisait son engin. Je regardai la fenêtre, mais elle ne se montra pas. Peut-être n'était elle pas là. Il n'y avait aucunes pensées à entendre.Cela me rendait triste que je ne puisse même pas en entendre assez pour vérifier qu'elle était là – qu'elle était heureuse, ou au moins qu'elle était saine et sauve. Alice entama le chemin de retour et nous courûmes jusque chez nous. La route était vide, alors ça ne prit que quelques minutes. Tous rassemblés à la maison, nous nous adonnâmes à nos passe-temps favoris. Emmett et Jasper était au milieu d'une partie d'échec élaborée, utilisant huit échiquiers mis les uns à côté des autres – sur toute la longueur du mur du fond – ainsi que leur propres règles des plus compliquées. Ils ne me laisseraient pas jouer ; seule Alice acceptait de jouer avec moi désormais. Alice s'installa à son ordinateur dans un coin et j'entendis l'interface musicale indiquant que ses moniteurs s'allumaient. Alice travaillait sur un projet de design pour la garde-robe de Rosalie, mais cette dernière ne vint pas la rejoindre aujourd'hui, elle ne vint pas se poster derrière elle pour effectuer elle-même des retouches tandis que la main d'Alice dessinait sur les écrans tactiles (Carlisle et moi avions dû un peu trafiquer le système, étant donné que la plupart des écrans de ce genre répondaient à des stimulations thermiques. Non, aujourd'hui Rosalie s'étala d'un air maussade sur le canapé et commença à faire défiler sur l'écran plat vingt chaines par secondes, sans s'arrêter. Je pouvais l'entendre se demander si elle devait aller dans le garage pour régler une fois de plus sa BMW. Esmée était à l'étage, fredonnant tout en s'attaquant à une nouvelle série de patrons. Alice dressa la tête pendant un moment en regardant l'échiquier et informa silencieusement Jasper du prochain coup d'Emmett – qui était assit par terre, lui tournant le dos. C'est en gardant son expression parfaitement calme et détendue que Jasper prit le cavalier fétiche d'Emmett. Quant à moi je m'avançai, pour la première fois depuis si longtemps que j'en avais honte, du sublime piano positionné juste devant le hall d'entré. Je fis courir ma main sur la bascule, testant le ton. Il était toujours aussi parfaitement accordé. A l'étage, Esmée arrêta ce qu'elle était en train de faire et dressa l'oreille. Je débutai le premier thème de l'air qui s'était imposé à mon esprit dans la voiture cet après-midi, heureux de constater que ça sonnait encore mieux que je ne l'avais imaginé. , pensa joyeusement Esmée, un sourire traversant son visage. Elle se leva de son bureau et fila silencieusement vers le palier. J'ajoutai un thème d'harmonie, laissant la mélodie principale se faufiler dedans. Esmée laissa échapper un soupir d'aise, s'assit en haut des marches, et appuya sa tête contre la rampe. Je laissai la mélodie se diriger dans une nouvelle direction, la suivant avec la clef de fa. Edward se remet à composer ? Pensa Rosalie, et ses dents grincèrent de ressentiment. A ce moment là, elle céda, et je pu voir ce qui se tramait derrière sa colère. Je vis pourquoi elle était si énervée contre moi ces derniers temps. Et pourquoi assassiner Isabella Swan n'aurait pas du tout troublé sa conscience, bien au contraire.Avec Rosalie, c'était toujours une affaire d'orgueil. La musique s'arrêta soudain, et j'éclatai de rire avant de pouvoir ne serait-ce que songer à me retenir, un rire que je métrisai vite en plaquant ma main sur ma bouche. Rosalie se tourna pour me fixer, ses yeux brillant d'un chagrin furieux. Emmett et Jasper se tournèrent aussi pour regarder, et je pu entendre la confusion d'Esmée. Elle fut au rez-de-chaussée en un éclair, s'arrêtant pour nous regarder alternativement, Rosalie et moi. - Ne t'arrête pas, Edward. M'encouragea Esmée après un moment tendu. Je recommençai à jouer, tournant le dos à Rosalie tout en essayant à grand peine de maîtriser le large sourire fixé à ma figure. Rosalie sauta sur ses pieds et sortit à grand pas de la pièce, plus en colère que gênée. Mais certainement assez gênée. J'étouffai un nouveau rire. - Qu'est-ce qu'il y a Rose ? L'appela Emmett. Rosalie ne se retourna pas. Elle continua son chemin, raide comme un piquet, jusqu'au garage où elle se glissa sous sa voiture comme pour s'y enterrer. - Qu'est-ce qu'il se passe ? Me demanda Emmett. - Je n'en ai pas la moindre idée, mentis-je. Emmett ronchonna, frustré. - Continue à jouer. Exigea Esmée alors que mes mains s'étaient à nouveau arrêtées.J'obéis, et elle vint se tenir derrière moi, posant ses mains sur mes épaules. La chanson se complétait sans s'achever. Je jouai avec un pont, mais quelque part cela ne me semblait pas juste. - Est-ce que cet air charmant a un nom ? Demanda Esmée. - Pas encore.- Est-ce qu'il a une histoire ? Demanda-t-elle, un sourire dans la voix. Ca lui faisait vraiment plaisir de m'entendre jouer, et je me sentais coupable d'avoir négligé la musique si longtemps. Ca avait été égoïste. - C'est...une berceuse, je suppose. Je trouvai le bon pont. Il se dirigea aisément vers le prochain mouvement, prenant vie. - Une berceuse, se répéta-t-elle. Le fait était que cette mélodie avait bel et bien une histoire, et une fois que je la vis, les morceaux s'enchainèrent sans effort. L'histoire d'une jeune fille endormie dans un lit étroit, ses cheveux sombres, épais et désordonnés ondulant comme les vagues de la mer sur l'oreiller...Alice quitta Jasper de son propre chef et vint s'assoir près de moi sur le banc. De sa voix saisissante et carillonnant, elle esquissa un accompagnement en soprano deux octave au dessus de la mélodie. - Ca me plait. Murmurai-je. Que penses-tu de cela ?J'ajoutai son thème à l'harmonie – mes mains volaient à travers les clefs à présent pour travailler tous les morceaux simultanément – modifiant un peu, l'emmenant dans une nouvelle direction...Elle saisit l'humeur de la musique, puis chanta à nouveau. - Oui. Parfait. Approuvai-je. Esmée pressa mes épaules. Mais je pouvais pressentir la fin à présent, avec la voix d'Alice s'élevant au dessus de la musique et l'emmenant ailleurs. Je pouvais voir comment la chanson allait finir, parce que cette jeune fille endormie était parfaite telle qu'elle était, et le moindre changement aurait été mal, triste. Face à cette révélation, la musique dériva pour devenir plus lente et plus basse. La voix d'Alice suivit le mouvement, baissant de plusieurs tons elle aussi, et devenant grave, un ton qui appartenait aux échos des arches d'une cathédrale pleine de cierge. Je jouais la note finale, puis saluait les clefs de la tête. Esmée caressa ma tête.Ca va aller, Edward. Ca va marcher, et tout ira pour le mieux. Tu mérites le bonheur, mon fils. Le destin te doit bien ça.- Merci, chuchotai-je, souhaitant pouvoir le croire.L'amour n'arrive jamais dans un paquet cadeau, tu sais.J'eu un petit rire sans joie. Toi, parmi tous les habitants de cette terre, est sûrement le mieux équipé pour t'escrimer contre ce genre de dilemme. Tu es le meilleur et le plus brillant d'entre nous.Je soupirai. Toutes les mères disent cela.Esmée débordait toujours de joie à la pensée qu'après tout ce temps, quelqu'un avait fini par toucher mon cœur, et se fichait totalement du potentiel tragique de la situation. Elle avait tant pensé que je resterais à jamais seul...Elle t'aimera, j'en suis sûre, pensa-t-elle soudainement, me prenant de court. Si c'est une jeune fille intelligente. Elle sourit. Mais j'ai peine à imaginer que quelqu'un puisse être assez stupide pour ne pas voir quel homme tu es.- Arrête, Maman, tu me fais rougir. Plaisantai-je. Ses mots, quoiqu'improbables, m'encourageaient.Alice rit et commença à jouer la main droite de « Cœur et Ame ». Je souris et compléta le morceau avec elle. Puis je lui fis plaisir en lui accordant une performance de « Baguettes ». Elle gloussa, puis soupira. - J'espérais que tu me dirais pourquoi tu t'es moqué de Rose tout à l'heure. Dit-elle. Mais je peux clairement voir que tu ne le feras pas.- En effet. Elle lança une pichenette à mon oreille. - Soit gentille Alice, la réprimanda Esmée. Edward est un vrai gentleman. - Mais je veux Je ris devant son ton plaintif. Puis je dis à Esmée de s'approcher et commença sa chanson favorite, un hommage anonyme à l'amour que j'avais longtemps observé entre Carlisle et Esmée. - Merci, trésor. Dit-elle en pressant à nouveau mes épaules. Je n'avais pas besoin de me concentrer pour jouer ce morceau si familier. Alors à la place, je pensai à Rosalie, toujours terrée dans sa mortification dans le garage, et cette vision m'arracha un sourire. Venant à peine de découvrir quel potentiel de jalousie je renfermais en moi, j'eu un peu de pitié pour elle. C'était un sentiment très douloureux. Evidemment, sa jalousie à elle était négligeable comparée à la mienne, mille fois plus forte. Comme un simple figurant dans un très long film. J'en vins à me demander en quoi la vie et la personnalité de Rosalie aurait été différente si elle n'avait pas été si belle. Aurait-elle été plus heureuse si sa propre beauté n'avait pas tout le temps eu la priorité dans sa vie ? Bon, je supposais qu'il était inutile de se poser la question, puisque le passé était ce qu'il était, et qu'elle avait toujours été la plus belle. Même lorsqu'elle était humaine, elle avait toujours vécu sous les feux des projecteurs à cause de son charme. Non pas qu'elle s'en plaignait, c'était plutôt l'inverse – elle avait toujours aimé être admirée plus que quiconque. Trait de caractère qui n'avait pas changé avec la perte de sa mortalité. En prenant cela en compte, ce n'était donc pas une surprise qu'elle se soit offensée quand, depuis le début de notre relation, je n'avait pas loué sa beauté comme tous les autres hommes qu'elle avait jusqu'alors rencontré. Non pas qu'elle désirait de son côté – loin de là. Mais que moi, je ne la désire pas, l'avait vexé. Elle s'était habituée à être l'objet de fantasme de tous les hommes.C'était différent avec Jasper et Carlisle – les deux étaient déjà amoureux. Pour ma part, j'étais totalement sans attaches, et restait pourtant totalement indifférent face à elle. J'avais longtemps cru ce vieux ressentiment enterré. C'était il y a longtemps. Et il est vrai que pendant longtemps, elle avait oublié tout cela...jusqu'au jour où, enfin, je rencontrai quelqu'un dont la beauté me toucha. Rosalie s'était persuadée que si sa beauté m'avait laissé de marbre, cela signifiait qu'aucune autre beauté au monde ne pourrait jamais m'émouvoir. Sa colère contre moi s'était échauffée depuis le jour où j'avais sauvé Bella, devinant, avec son instinct de mégère, mon intérêt encore inconscient. J'avais porté le coup de grâce à Rosalie en trouvant une humaine insignifiante plus attirante qu'elle.Je réprimai une autre envie de rire. Cela dit, cela m'ennuyait un peu, sa manière de voir Bella. Rosalie la trouvait . Comment pouvait-elle penser une chose pareille ? Cela me paraissait incompréhensible. C'était de la simple jalousie, certainement. - Oh ! Dit soudain Alice. Jasper, tu sais quoi ?Je vis à mon tour ce qu'elle venait de voir, et mes mains s'immobilisèrent- Non, quoi ? Répondit-il. - Peter et Charlotte vienne nous voir la semaine prochaine ! Ils seront dans les parages, n'est-ce pas merveilleux ?- Qu'y a-t-il, Edward ? Demanda Esmée, sentant la tension dans mes épaules.- Peter et Charlotte viennent à ? Sifflai-je à Alice. Elle tourna les yeux dans ma direction. - Du calme Edward. Ce n'est pas leur première visite. Mes dents se serrèrent. , c'était leur première visite depuis que Bella était là, et je ne suis pas le seul que son sang attire. - Ils ne chassent jamais ici. Dit-elle en fronçant les sourcils. Tu le sais.C'était un fait, seulement le frère de Jasper et le petit vampire qu'il aimait n'était pas comme nous, ils avaient un régime alimentaire traditionnel. Pour ce qui était de Bella, on ne pouvait pas leur faire confiance. - Quand ? Exigeai-je. Elle fit une moue mécontente, mais répondit Lundi matin. . - Non. Approuvai-je, puis lui tourna le dos. Tu es prêts Emmett ?- Je croyais qu'on ne partait que ce matin ? - On sera de retour dans la nuit du Dimanche. On part quand tu veux. - Très bien. Laisse-moi dire au revoir à Rose d'abord. - Bien sûr. Vu l'état dans lequel était Rosalie en ce moment, ça ne risquait pas de prendre une heure. Tu as vraiment perdu l'esprit, Edward. Pensa-t-il en se dirigeant vers la porte du fond. - Tu as probablement raison.- Joue encore une fois la nouvelle chanson, demanda Esmée. - Si ça peut te faire plaisir. Cédai-je. J'étais pourtant retissant à jouer à nouveau cette mélodie avec cette fin inévitable – une fin qui me faisait souffrir d'une manière qui m'était peu familière. Je restais un moment dans mes pensées, puis sortit le bouchon de la bouteille resté dans ma poche et le déposai sur le pupitre vide. Cela me soulagea un peu – un petit rappel de son oui.J'acquiesçai pour moi-même, et commençai à jouer. Esmée et Alice échangèrent un regard, mais aucune d'elle ne posa de question. * * * On ne t'a jamais dit de ne pas jouer avec la nourriture ? Rappelai-je à Emmett. - Oh, hey, Edward ! Riposta-t-il, souriant et tournant la tête vers moi. L'ours tira avantage de ce soudain manque d'attention pour envoyer sa patte puissante dans la poitrine d'Emmett. Les griffe acérées comme des lames de rasoir déchirèrent en lambeaux sa chemise, et crissèrent sur sa peau. Le grincement aigue fit beugler l'ours. Nom de dieu ! Rose m'avait offert cette chemise !Emmett rendit son feulement à l'animal enragé. Je soupirai et m'assis à un rocher parfaitement commode pour cet emploi. Ca risquait de prendre un moment. Mais Emmett en avait presque fini. Il laissa l'ours essayer de lui arracher la tête d'un nouveau coup de patte, riant en voyant l'ours s'étonner que ses coups restent inefficaces. L'ours grogna et Emmett y répondit par un autre grognement. Puis il s'élança sur l'animal, qui faisait quand même une tête de plus que lui une fois dressé sur ses pattes arrière et leurs corps s'entrechoquèrent et s'écroulèrent, entrainant dans leur chute un vieil épicéa. Les plaintes de l'ours s'arrêtèrent avec un gargouillement. Quelques minutes plus tard, Emmett arriva au petit trop là où je l'attendais. Sa chemise était explosée, déchirée, ensanglantée, couverte de sève collante et de poils. Ses cheveux sombres et ondulé n'étaient pas en meilleur état. Il arborait un large sourire sur son visage. - Il était fort celui là. Je pouvais presque le sentir quand il me griffait. - Ce que tu es gamin, Emmett. Il regarda ma chemine immaculée. - Tu n'as pas été capable de pourchasser ce puma ? - Bien sur que si. C'est juste que contrairement à toi, je ne mange pas comme un sauvageEmmett éclata de son fameux rire. - J'aimerais tant qu'ils soient plus forts. Ce serait plus drôle. - Personne ne t'a demandé de te battre avec ton plat. - Ouais, mais sinon avec qui je me battrais ? Alice et toi vous trichez, Rose ne veut pas être décoiffé, et Esmée devient folle quand avec Jasper on se fritte pour de bon. - Oui, c'est dur la vie...Emmett fit la grimace, courbant l'échine comme sous l'effet d'une charge très lourde. - Allez, Edward. Mets ta télépathie en veilleuse une minute et viens te battre à la loyale. - Je ne peux pas la mettre en veilleuse. Lui rappelai-je. - Je me demande comment cette humaine arrive à te garder dehors ! Fit Emmet. Peut-être qu'elle pourrait me filer quelques tuyaux...- Je t'interdis de t'approcher d'elle! Grognai-je entre mes dents, toute trace de bonne humeur évaporée.- Oh, on dirait que j'ai touché un point sensible. Je soupirai. Emmett vint s'asseoir à côté de moi.- Désolé. Je sais que tu traverses une mauvaise passe en se moment. Tu sais j'essaye vraiment de ne pas agir comme un crétin insensible, mais bon, comme c'est un peu on état naturel...Il attendit que je rigole à sa blague, puis, fit la tête. - Je pense à elle. Enfin, disons plutôt que je m'inquiète pour elle. - Mais qu'est-ce qu'elle risque ? Dit-il avec un grand rire. es !!!Une fois de plus, sa plaisanterie me laissa de marbre, mais je répondis à sa question. - Tu n'as jamais remarqué à quel point ils sont fragiles ? Te rends-tu compte du nombre de choses horribles qu'il peut arriver à un humain ?- Pas vraiment. Mais je suppose que je vois ce que tu veux dire. La première fois je n'en menais pas large face à l'ours, non ? - Des ours ! Marmonnai-je, ajoutant une nouvelle crainte au dessus de la pile. Ce serait tout elle ça, connaissant sa chance. Un ours qui s'aventure en ville. Et bien sûr il foncera droit sur Bella !- Tu sais que là on croirait vraiment entendre un déséquilibré ? S'esclaffa Emmett. - Imagine une seconde que Rosalie serait humaine, Emmett ! Et qu'elle pourrait à tout moment tomber sur un ours...ou pâlir...ou maigrir...ou tomber dans les escaliers...ou tomber malade...et même gravement malade !Une tempête de mots sortait de moi. C'était soulageant de les laisser sortir – eux qui était resté couvés en moi tout le weekend. - Les incendies, les tremblements de terres, les tornades ! Oh mon dieu ! A quand remonte la dernière fois où tu as regardé les informations ? As-tu vu le genre de choses qui leur arrivent ? Des cambriolages, et des meurtres !Mes dents se serrèrent, soudain si furieux à la simple idée qu'un autre humain puisse la blesser que j'en devins incapable de respirer.- Houlà ! Eh calme-toi, gamin ! Elle vit à Forks, tu te souviens ? Alors elle va juste se faire....pleuvoir dessus. Dit-il avec un haussement d'épaules.- Je commence vraiment à penser qu'elle est frappée de malchance, Emmett. Regarde les choses en face : parmi tous les endroits au monde où elle pouvait aller, elle a finit par atterrir dans une ville peuplée entre autres de - Ouais, mais nous sommes végétariens. C'est plutôt un coup de bol, non ? - Avec l'odeur qu'elle a ? Non, c'est assurément de la malchance. Pire même, vu l'effet que fait son parfum. Dis-je en regardant mes mains, les détestant une fois de plus.- Sauf que, à part Carlisle, aucun vampire ne se contrôle mieux que toi. Encore un coup de bol. - Le fourgon ?- C'était juste un accident. - Mais tu aurais dû le voir arriver droit sur elle, Em', encore et encore. Je te le jure, c'était comme si cette fille avait une force magnétique en elle, un véritable aimant !- Mais tu étais là. Une chance. - Ah bon, vraiment ? N'est-ce pas là la pire espèce de chance qu'une humaine puisse avoir – qu'un tombe d'elle ?Emmett médita calmement cela un moment. Il se représenta la fille, et trouva l'image inintéressante. - Et bien, pour ma part je ne vois vraiment pas le charme de Rosalie. Répondis-je grossièrement. , elle a l'air de vraiment penser que toutes les autres beautés ne lui arrivent pas à la cheville !- Je suppose que tu ne me diras pas...tenta Emmett avec un petit rire- Je ne sais pas quel est son problème, Emmett. Mentis-je avec un sourire machiavélique. J'avais vu ses intentions assez tôt pour pouvoir m'y préparer. Il tenta de m'éjecter du rocher, et il y eu un craquement sonore lorsque qu'une fissure fendit la pierre entre nous. - Tricheur. Marmonna-t-il. Je m'attendis à ce qu'il essayer une deuxième fois, mais ses pensées prirent une autre direction. Il imaginait Bella à présent, mais cette fois il se la figura plus blanche, avec ses yeux d'un rouge brillant. - Non. M'étranglais-je. - Ca t'enlèverait toutes tes craintes à propos de sa mortalité, non ? Et tu n'aurais plus envie de la tuer, non plus. C'est la solution idéale, non ?- Pour moi ? Ou pour elle ?- Pour toi. Répondit-il facilement, un « bien sûr » clairement perceptible dans sa voix.J'eu un rire sans joie. - Mauvaise réponse. Dis-je sombrement. - Etre un vampire ne me dérange pas tant. Me rappela-t-il. - Rosalie si. Il soupira. Lui et moi savions parfaitement que pour retrouver son humanité, Rosalie serait prête à tout faire, à tout abandonner. Même Emmett. - Oui, ça tu peux le dire. Admit-il calmement.- Je ne peux pas...je ne dois pas...je ne vais pas ruiner la vie de Bella. Ne ressentirais-tu pas la même chose s'il s'agissait de Rosalie ?Emmett pensa un moment. - Je ne peux même pas le décrire, Emmett ! Soudain cette fille est devenue le centre de l'univers pour moi. Je ne vois plus l'intérêt du reste du monde sans elle.- Je le sais bien ! Gémis-je. - Crois-moi, je sais cela aussi.Emmett manquait cruellement de tact, et les sujets délicats n'étaient pas son fort. Il tremblait un peu, désirant réellement ne pas se montrer offensant. Emmett et Rosalie partageaient un amour très physique. Il était dur pour lui de comprendre qu'on pouvait aimer, sans que cet aspect n'entre en compte.- Je ne peux même pas y penser, Emmett. Soupirai-je. - Je n'en sais rien. Murmurai-je. J'essaye de trouver un moyen...de la quitter. Pour l'instant je ne sais même pas comment faire pour m'obliger à rester éloigné d'elle...Avec un immense sentiment de gratitude, je réalisai soudain que je ne faisais rien de mal en restant – pour l'instant du moins, avec Peter et Charlotte dans les parages. Elle était temporairement plus en sécurité avec moi près d'elle plutôt que si je m'enfuyais au loin. Pour le moment, je serais paradoxalement son protecteur.Cette pensée me rendit anxieux ; je mourrai d'envie de revenir pour jouer mon rôle aussi longtemps que possible. Emmett remarqua ce changement d'expression. A quoi tu penses ?- Là, maintenant, admis-je d'un air un peu penaud, je meure d'impatience de retourner à Forks pour vérifier si elle va bien. Je ne sais pas si j'arriverais à tenir jusqu'à Dimanche soir. - Non, non, tu ne rentreras pas plus tôt à la maison. Laisse à Rosalie le temps de se calmer. Je t'en prie ! Pour moi !- J'essaierai, dis-je d'un air dubitatif. Emmett donna une tape dans sur la poche qui contenait mon téléphone. - Alice aurait appelé si ta crise d'angoisse avait le moindre fondement. Elle est aussi dingue de cette fille que toi. Je grimaçai. - Bon, très bien. Mais on rentre Dimanche, pas plus. - Pourquoi se presse ? En plus le soleil sera au rendez-vous. Alice a prédit que nous devrons sécher jusqu'à Mercredi. Je secouai vivement la tête.- Peter et Charlotte savent se tenir. - Je m'en fiche, Emmett. Avec la chance qu'à Bella, elle va sûrement se promener dans la forêt pile au mauvais moment et...Je tressaillis. - Peter n'est pas réputé pour son self-control. Terminai-je. Je rentre Dimanche. Emmett soupira. Exactement comme un déséquilibré.* * *Bella dormait paisiblement lorsque je grimpai à sa fenêtre, Lundi très tôt dans la matinée. Je m'étais rappelé d'amener de l'huile cette fois, et la fenêtre coulissa sans un bruit. En regardant la façon dont ses cheveux s'emmêlaient sur l'oreiller, je pus dire qu'elle avait moins bien dormis que la dernière fois que j'étais venu. Ses mains étaient repliées sous sa joue comme chez un petit enfant, et sa bouche était légèrement entrouverte. Je pouvais entendre le va et viens de sa respiration lente entre ses lèvres.C'était un incroyable soulagement que d'être là, de pouvoir la regarder à nouveau. Je compris alors ce que je n'avais pas vraiment réalisé avant d'être confronté directement au problème : dès que j'étais loin d'elle, rien n'allait plus. Cependant, ce n'étais pas mieux quand j'étais près d'elle. Je soupirai, laissant le feu s'insinuer dans ma gorge. Je m'étais éloigné trop longtemps. Le temps passé à ne pas ressentir cette douleur et ce désir rendait ces émotions encore plus intenses maintenant que je les ressentais à nouveau. C'était si dangereux que j'avais même peur d'aller m'agenouiller près de son lit pour lire les titres de ses livres. Je voulais tout savoir des histoires qui remplissaient sa tête, mais j'avais peur de ma soif, effrayé du fait que si je m'autorisais à m'approcher un peu, je voudrais être de plus en plus proche d'elle...Comme ses lèvres semblaient douces, et chaudes! Je pouvais m'imaginer les caresser du bout du doigt. Très légèrement...C'était exactement le type d'erreur à ne pas faire. Mes yeux parcoururent son visage, encore et encore, en quête du moindre changement. Les humains changeaient tout le temps...Je vis qu'elle semblait...fatiguée. Comme si elle n'avait pas assez dormis. Etait-elle sortie ? Je ris silencieusement et ironiquement de ma peine. Et alors, qu'est-ce que ça faisait si elle était sortie ? Elle n'était pas ma chose. Elle ne m'appartenait pas.Non, elle ne m'appartenait pas – et cela m'attristait terriblement. Une de ses mains se retourna, et je pus voir que sa paume était égratignée. Elle s'est blessée ? Même si ce n'était rien de grave, cela me troubla. Vu l'endroit où se trouvait la marque, elle avait du trébucher. Toutes choses considérées, cela semblait être une bonne explication. C'était réconfortant de penser que je n'aurais pas à toujours enquêter sur elle pour percer ses secrets. On était amis maintenant – ou du moins, on essayait. Je pouvais très bien la questionner sur son weekend – à propos de la plage, et même de ce qu'elle avait fait hier soir pour paraître si exténuée. Je pouvais lui demander ce qui était arrivé à ses mains. Et je pouvais même rire un peu si elle confirmait ma théorie. Je souris tendrement en me demandant si elle était ou non tombée dans l'eau de l'océan. En me demandant si elle avait passé un bon moment durant cette sortie. En me demandant si elle avait pensé à moi. Si je lui avais manqué, même si ce n'était que mille fois moins qu' m'avait manquée. J'essayais de l'imaginer au soleil, sur la plage. L'image était incomplète, bien sûr, puisque je n'avais vu First Beach qu'en photo...Je me sentis un peu mal à l'aise en repensant à la raison pour laquelle je n'étais jamais allé à la jolie plage qui ne se trouvait qu'à quelque minute de chez moi, en courant. Bella avait passé la journée à La Push – un endroit où m'était interdit, par traité, d'aller. Un endroit où quelques vieillards se souvenaient toujours des légendes sur les Cullen, s'en souvenaient et y croyaient. Un endroit où notre secret était connu...Je secouai la tête. Je n'avais rien à craindre. Les Quileutes aussi étaient liés à ce traité. Même si Bella tombait sur l'un de ces vieux sages, ils ne pourraient rien dire. Et pourquoi le sujet serait-il abordé ? Pourquoi Bella parlerait de ses soupçons là bas ? Non...les Quileutes étaient probablement la seule chose dont je n'avais pas à me soucier. Le soleil qui se leva me contraria. Je me souvins que je devrais attendre plusieurs jours avant de pouvoir satisfaire ma curiosité. Pourquoi diable avait-il choisi de briller aujourd'hui ? Avec un soupir, je me faufilai hors de chez elle avant que qui que ce soit ne puisse m'y voir. J'avais l'intention de rester caché dans la forêt dense qui bordait sa maison et d'observer depuis là, mais une fois arrivé dans les bois, je fus surpris de trouver une ombre de son odeur à travers le chemin de la forêt. Je suivis la piste rapidement, avec curiosité, m'inquiétant de plus en plus tandis que les traces s'enfonçaient dans les ténèbres. Que faisait Bella aussi loin ? Le chemin s'arrêta net, au milieu de nulle part. La fragrance continua juste quelques pas hors du sentier, dans les fougères, et toucha le tronc d'un arbre déraciné. Elle s'était peut-être assise là...Pourquoi Bella s'assiérait seule – et elle était seule, aucun doute la dessus – au milieu d'une forêt humide et pleine de mousse ?Cela n'avait pas de sens, et, contrairement aux autres choses, je ne pouvais pas vraiment aborder le sujet. Tu sais, Bella, j'étais justement en train de te flairer dans les bois – après avoir quitté ta chambre où je t'avais longuement observée dormir...Oui, voilà parfaitement de quoi briser la glace.Je ne saurais probablement jamais ce à quoi elle pensait et faisait là, et cela fit grincer mes dents de frustration. Le pire, c'était que cela ne ressemblait que trop au scénario que j'avais imaginé avec Emmett – Bella se promenant seule dans les bois, avec son odeur qui attirerait quiconque pourrait la suivre...Je gémis. Non seulement elle était malchanceuse, mais en plus elle flirtait avec le danger. Et bien, pour le moment, elle avait un chevalier servant. Je la surveillerais, je ferais attention à elle, je la maintiendrais hors de danger, aussi longtemps que pourrais le justifier.Je me surpris soudain à espérer que Pete et Charlotte resterait un peu plus longtemps.
 


 
 
le 13-02-2009 11:54

midnight sun-chapitre 6

Chapitre 6 : Groupe sanguinToute la matinée, je la suivis au travers des yeux des autres, à peine conscient de mon propre entourage. Pas les yeux de Mike Newton, parce que je ne pouvais plus supporter ses fantasmes offensants, si ceux de Jessica Stanley, parce que son ressentiment envers Bella m'agaçait tellement que cela devenait dangereux pour cette pauvre fillette. Angela Weber était un bon choix quand ses yeux étaient disponibles : elle était gentille – c'était agréable d'être dans sa tête. Et puis parfois c'était les professeurs qui avaient le meilleur angle de vue. Je fus surpris, en la regardant trébucher durant la matinée – en se prenant le pied dans une fissure d'un couloir, dans des livres, et le plus souvent, dans ses propres pieds – que la plupart des gens considérais Bella comme étant Je pensai à cela. Il était vrai qu'elle avait du mal à garder l'équilibre. Je me souvins comment elle s'était cognée dans un bureau ce premier jour, comment elle avait glissé sur la glace le jour de l'accident, comment elle s'était prit les pieds dans la chambranle hier...Comme c'était bizarre, ils avaient raison. Elle était bel et bien maladroite.Je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle là dedans, mais je ris si fort alors que je parcourais le chemin entre le cours d'Histoire et le cours d'Anglais que plusieurs personne me dévisagèrent. Comment avais-je fais pour ne pas remarquer cela ? Peut-être était-ce à cause du fait que j'avais trouvé quelque chose de gracieux dans son immobilité, dans le maintient de sa tête, dans la courbe de sa nuque...A présent il n'y avait absolument rien de gracieux en elle. M. Varner la regardait s'emmêler les bottes dans la moquette et tomber littéralement sur sa chaise. Je ris à nouveau.Le temps passa avec une incroyable lenteur pendant que j'attendais une chance de la voir de mes propres yeux. Enfin, la cloche sonna. Je partir rapidement à la cantine pour mettre mon plan à exécution. Je fus l'un des premiers sur les lieux. Je choisis une table qui était habituellement vide, pour être sur de me faire remarquer en m'asseyant là. Quand les membres de ma famille entrèrent à leur tour et qu'ils me virent assis seul à une place inhabituelle, ils ne furent pas surpris. Alice avait dû les prévenir. Rosalie me passa devant sans même m'accorder un regard. Mes relations avec Rosalie n'avaient jamais été très bonnes – je l'avais offensée dès l'instant où j'avais ouvert la bouche en sa présence, et depuis cela ne cessait d'empirer – mais il semblait bien ces derniers temps qu'elle était encore plus remontée contre moi que d'habitude. Je soupirai. Il fallait toujours que Rosalie ramène tout à elle-même. Jasper m'accorda un petit sourire en passant. Bonne chance. Pensa-t-il d'un ton dubitatif. Emmett leva les yeux au ciel et secoua sa tête. Il a perdu l'esprit, pauvre gosse.Alice était aux anges, ses dents brillant un peu trop. - Reste en dehors de ça. Rétorquai-je à vois basse. Elle fit la moue, puis retrouva sa béatitude. Je soupirai à nouveau. Me rappela-t-elleJ'opinai. Non, je n'avais pas oublié cela. Pendant que j'attendais la venue de Bella, je la suivis par les yeux du première année qui marchait derrière Jessica sur le chemin de la cantine. Jessica tenait un long discours à propos du bal, mais Bella ne disait rien, elle. Il faut dire que Jessica ne lui donnait pas le temps d'en placer une. Dès l'instant où Bella passa la porte, ses yeux allèrent directement vers la table où mes frères et sœurs étaient. Elle resta un moment à la fixer, puis son visage se décomposa et ses yeux tombèrent au sol. Elle ne m'avait pas vu. Elle avait l'air si...triste. Je ressentis le besoin urgent de me lever et de la rejoindre, d'essayer de la consoler, seulement je ne savais pas de ce qu'elle pourrait trouver réconfortant. Je n'avais pas la moindre idée ce qui avait bien pu lui faire de la peine. Jessica continuai son monologue enflammé sur le bal. Est-ce que Bella était triste parce qu'elle n'allait pas y aller ? Cela semblait peu vraisemblable... Mais on pourrait y remédier, si elle le souhaitait. Elle n'acheta rien d'autre qu'une boisson. Etait-ce normal ? N'avait-elle pas besoin d'un peu plus de nourriture ? Je n'avais jamais vraiment prêté attention au régime alimentaire humain auparavant. Les humains étaient d'une fragilité si exaspérante ! Il y avait un bon million de raison de s'inquiéter à leur sujet...- Edward Cullen te mate une fois de plus, entendis-je Jessica dire. Je voudrais bien savoir pourquoi il s'est isolé, aujourd'hui. Je ressentis un élan de gratitude envers Jessica – même si son ressentiment pour Bella était encore plus fort à présent – en voyant la tête de Bella se redresser brusquement et ses yeux chercher dans la foule jusqu'à rencontrer les miens. Il ne restait plus la moindre trace de peine sur son visage maintenant. Je me permis d'espérer que si elle avait été triste, c'était parce qu'elle avait cru que j'étais partis, et cet espoir me fit sourire. Avec mon index, je lui fis signe de me rejoindre. Elle sembla alors si ahurie que j'eu envie de continuer à la taquiner. Alors je lui lançai un clin d'œil, et elle fut bouche bée. - C'est à qu'il s'adresse ? Demanda Jessica d'un ton insultant. - Il a peut-être besoin d'un coup de main pour son devoir de science nat, dit-elle d'une petite voix incertaine. Il vaut mieux que j'y aille. C'était un autre oui. Elle trébucha deux fois sur le chemin entre la fille d'attente et ma table, alors qu'il n'y avait absolument rien en travers de sa route à part du lino parfaitement plat. Sérieusement, comment avais-je pour ne pas remarquer ça avant ? Peut-être que je m'étais trop focalisé sur son silence mental...Qu'avais-je loupé d'autre ? me chantais-je. Elle s'arrêta derrière la chaise face à moi, hésitante. J'inhalai profondément, par le nez cette fois, plutôt que par la bouche. Ressens la brûlure Pensai-je sèchement. - Et si tu t'asseyais avec moi ? Lui proposai-je. Elle tira la chaise et s'y assit, sans pour autant me lâcher des yeux. Elle semblait peut-être nerveuse, mais son obtempération restait un autre oui.J'attendais qu'elle parle. Cela prit un moment, puis, finalement, elle dit :- Quel revirement. - Disons que...J'hésitai. - J'ai décidé, puisque je suis voué aux Enfers, de me damner avec application. Mais par tous les diables qu'est-ce qui m'avait prit de lui dire ça ? C'était honnête, pas de doute là-dessus. Peut-être qu'en lisant entre les lignes elle comprendrait la signification de mes paroles. Peut-être qu'elle réaliserait qu'elle ferait mieux de se lever et de promptement mettre autant de distance que possible entre nous...Elle ne se leva pas. Elle me regardait, interrogative, comme si je n'avais pas fini ma phrase.- Tu sais, dit-elle puisque je conservais le silence, je n'ai pas la moindre idée de ce que tu entends par là. Et j'en fus soulagé. Je souris- Ca ne m'étonne pas. Impossible d'ignorer les pensées qui me criaient dessus dans son dos – cela tombait bien, je désirais changer de sujet de conversation, moi aussi. - Je crois que tes amis m'en veulent de t'avoir enlevée. - Ils s'en remettront, répondit-elle, apparemment indifférente à la réaction que pourrait avoir ses camarades. - Sauf si je ne te relâche pas. Je ne savais plus trop si j'essayais d'être le plus honnête possible avec elle où si j'avais juste envie de la continuer à la taquiner. Sa proximité me rendait tout simplement incapable de mettre de l'ordre dans mes propres pensés. Bella déglutit bruyamment. Son expression me fit rire. - Ca a l'air de t'inquiéter. Ca ne normalement pas être drôle...elle avait toutes les raisons du monde d'être inquiète. - Non. C'était une menteuse pitoyable, elle n'avait pas été capable de retenir les trémolos dans sa voix. - Ca m'étonne, ajouta-t-elle, pourquoi cette volte-face ? - Je te l'ai dit. Lui rappelai-je. Je suis las de m'acharner à garder mes distances avec toi. J'abandonne. Je gardais mon sourire en place, non sans efforts. Ca ne fonctionnait pas – essayer d'être à la fois honnête et désinvolte. - Tu abandonnes ? Répéta-t-elle, déconcerté. - Oui. Je renonce à être sage. (et, apparemment, je renonçai dans le même temps à ma désinvolture) Désormais, je ferais ce que je veux, et tant pis pour les conséquences. Cela avait le mérite d'être honnête. Ca l'avertissait tout en lui montrant toute l'étendue de mon égoïsme. - Encore une fois, je ne te comprends pas. Et j'étais assez égoïste pour en être heureux. - Je parle trop, en ta compagnie. C'est l'un des problèmes que tu me poses, d'ailleurs. Un problème plutôt insignifiant, si on le compare au reste. - Ne te tracasse pas, me rassura-t-elle, tous m'échappe. Bien. Dans ce cas elle pouvait rester. - J'y compte bien. - Alors, en bon anglais, ça signifie que nous sommes de nouveau amis ?Je méditai là dessus une seconde. - Amis...Il y avait quelque chose dans le terme utilisé qui me déplaisait. Ce n'était pas assez. - Ou ennemis, marmotta-t-elle, semblant embarrassée. Pensait-elle que je ne l'appréciais pas ? Je souris.- Eh bien, on peut toujours essayer. Mais je te préviens d'ores et déjà que je ne suis pas l'ami qu'il te faut. J'attendis sa réponse, déchiré en deux – souhaitant d'un côté qu'elle comprenne enfin ce que je m'échinais à lui dire, et sentant d'un autre côté que je pourrais en mourir. C'était d'un mélodramatique. Me voilà qui redevenais humain. Son cœur d'affola. - Tu te répète. Dit-elle.- Oui, parce que tu ne m'écoutes pas. Répondis-je avec beaucoup trop de ferveur. Je continue d'espérer que tu me croiras. Si tu es un tant soit peu intelligente, tu m'éviteras. Oui mais, serais-je capable de lui permettre de m'éviter, si elle essayait ?Ses yeux se durcirent. - Il me semble que tu m'as déjà signifié ce que tu pensais de mon intellect. Je n'étais pas exactement sur de ce qu'elle entendait par là, mais je lui adressai un sourire d'excuse, craignant de l'avoir un jour offensé par accident. - Alors, dit-elle posément, tant que je suis...idiote, on essaie d'être amis- Ca me paraît correct. Elle baissa ses yeux et fixa intensément la bouteille qu'elle tenait dans ses mains. Ma vieille curiosité revint me tourmenter. - A quoi penses-tu ? Demandais-jeQuel soulagement c'était de pouvoir enfin dire ces mots à hautes voix. Elle croisa mon regard, et sa respiration s'accéléra tandis que ses joues se colorèrent d'un rose pâle. J'inspirai, goûtant cela dans l'air environnant. - Je m'efforçais de deviner qui tu es. Je figeai mes traits pour parvenir à maintenir mon sourire en place, alors que la panique tordait tout mon corps. Evidemment qu'elle demandait ce que j'étais. Elle n'était pas stupide. Je ne pouvais quand même pas espérer qu'elle oublie quelque chose de si évident. - Ca donne des résultats ? Demandai-je avec le peu de légèreté qui me restait. - Pas vraiment. Je fus si soudainement soulagé que je ne pu retenir un petit rire. - Tu as des théories ? Elles ne pouvaient pas être pires que la réalité, quoi qu'elle me sorte. Ses joues tournèrent du rose pâle au rouge vif, mais elle garda le silence. Je pouvais sentir la chaleur de son fard dans l'air. Je tentai d'utiliser avec elle mon ton le plus avenant. Il fonctionnait à merveille avec la plupart des humains. - Tu ne veux rien dire ? - Trop embarrassant. Refusa-t-elle en secouant sa tête. Ah. Ne pas savoir était pire que tout. En quoi ses spéculations pouvaient l'embarrasser, elle ? Je ne pouvais pas supporter de rester sur le carreau. - C'est très frustrant, tu sais. Ma plainte la piqua au vif. Ses yeux lancèrent des éclairs et elle déversa un flot de parole avec une rapidité inhabituelle. - Non. J'ignore complètement ce qu'il peut y avoir de frustrant dans le fait qu'une personne refuse d'avouer ce à quoi elle pense, alors qu'une personne passe son temps à lancer des remarques sibyllines spécifiquement destinées à flanquer des insomnies à la première en la forçant à chercher leur sens caché...voyons ! en quoi pourrait-il être frustrant ?Face à elle, je fronçai les sourcils, attristé de réaliser qu'elle avait raison. Je n'étais pas juste. - Autre exemple, continua-t-elle, admettons que cette même personne ait commis tout un tas d'actes étranges, comme sauver la vie de la première dans des circonstances improbables un jour pour la traiter en paria le lendemain sans prendre jamais la peine de l'expliquer, bien qu'elle l'ait promis, ça non plus ne serait pas du tout frustrant. C'était le plus long discours que je ne l'avais jamais entendu prononcer, et cela me permit de compléter ma liste. - Tu as vraiment sale caractère, hein ? - Je n'apprécie guère qu'il y ait deux poids deux mesures. Son irritation était totalement justifiée, évidemment. Je dévisageai Bella, me demandant comme je pourrais faire quoi que ce soit de bien vis-à-vis d'elle, jusqu'à ce que je fusse distrait par des éclats de voix venant de la tête de Mike Newton. Il était si agacé qu'il me fit rire. - Quoi ? Lança-t-elle. - Ton petit copain a l'air de penser que je suis désagréable avec toi. Il se demande s'il doit venir séparer les duellistes. J'adorerais le voir essayer. Je m'esclaffai de plus belle. - Bien que j'ignore de qui tu parles, Dit-elle de d'une voix glaciale, je suis certaine que tu te trompes. La façon dont elle le reniait avec sa phrase aux accents dédaigneux me plu énormément. - Oh que non ! Je te l'ai déjà dit, la plupart des gens sont faciles à déchiffrer. - Sauf moi. - En effet. Pourquoi devait-elle être sans arrêt une exception à tout ? N'aurait-il pas été un peu plus loyal – considéré la masse de choses auxquelles je devais faire face – si j'avais pu entendre au moins quelque chose venant de son esprit ? Etait-ce trop demander ? - Je voudrais bien savoir pourquoi. Ajoutai-je. Je regardai fixement ses yeux, essayant à nouveau...Elle détourna le regard. Elle ouvrit sa bouteille et avala une gorgée de soda, ses yeux sur la table. - Tu ne manges pas ? Demandai-je- Non, dit-elle, puis elle montra du regard notre table vide et ajouta : Et toi ? - Je n'ai pas faim. Répondis-je. Ca c'était sûr. Elle regarda la table, lèvres pincées. J'attendis. - Tu me rendrais un service ? Demanda-t-elle, levant soudain les yeux vers moi. Qu'attendait-elle de moi ? Allait-elle me demander de lui dire la vérité, une vérité que je n'étais pas autorisé à divulguer, une vérité que je ne voulais jamais, oh grand jamais, qu'elle sache un jour ? - Ca dépend. - Ce n'est pas grand-chose. Me promit-elleJ'attendis, ma curiosité de retour. - C'est seulement que...dit-elle lentement, les yeux vissés à sa bouteille, son petit doigts traçant les contours du goulot, pourrais-tu m'avertir à l'avance de la prochaine fois que tu décideras de m'ignorer pour mon bien ? Histoire que je me prépare.Elle voulait que je la prévienne ? Alors être ignorée de moi devait lui être désagréable...je souris. - C'est une requête qui me paraît fondée. - Merci. Dit-elle en relevant la tête. Le soulagement se lisait clairement sur son visage et je me sentis si léger que j'eu envie de rire. - A mon tour d'obtenir une faveur. Demandai-je avec espoir. - Juste une, alors. Permit-elle. - Confie-moi une de tes théoriesElle piqua un fard. - Pas ça. - Trop tard ! Tiens parole. - C'est toi qui as tendance à trahir la tienne. Me rappela-t-elle. Elle marquait un point là. - Allez, rien qu'une. Je te promets de ne pas me moquer. - Je suis persuadée du contraire. Elle semblait bien sur de ce qu'elle disait, alors que pour ma part je ne pouvais rien imaginer de drôle à ce sujet. J'essayai à nouveau la persuasion. Je plongeai dans son regard – ses yeux étaient si profond que ce fut un jeu d'enfant – et soupirai :- Je t'en prie. Elle battit des paupières, et son visage perdit toute expression, pâlissant à vu d'œil. Et bien, ce n'était pas exactement la réaction escomptée. - Euh...pardon ? Bredouilla-t-elle. Elle semblait prise de vertiges. Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez elle ?Mais je n'avais pas dit mon dernier mot. - S'il te plait, une de tes théories. Plaidai-je, usant de ma voix la plus douce et enfermant ses yeux dans les miens. A ma plus grande surprise – et satisfaction, ça marcha enfin. - Eh bien, disons...mordu par une araignée radioactive ?Des bandes dessinées ? Maintenant je voyais parfaitement pourquoi elle pensait que j'allais rire. - Pas très original. La grondai-je, essayant de cacher mon soulagement. - Désolé, je n'ai que ça en réserve. Dit-elle, offensée. Ce qui me soulagea encore plus. Je pouvais recommencer à la taquiner. - En tout cas, tu es à des kilomètres de la vérité. - Pas d'araignée ?- Non. - Ni de radioactivité ? - Non plus. - Flûte ! soupira-t-elle. - Et je suis insensible à la kryptonite. M'empressai-je d'ajouter avant que l'on s'étende sur le thème des en tout genre. L'idée qu'elle puisse me voir comme un super-héro me fit rire malgré moi.- Tu n'es pas censé rire. Je pressai mes lèvres l'une contre l'autre. - Je finirai par deviner. Promit-elle. Et quand ce moment arrivera, elle s'en ira loin de moi. - Je préférerais que tu n'essaie pas. Dis-je, toute trace de plaisanterie désormais évacuée. - Pourquoi ? Je lui devais d'être honnête. Je lui souris et tâchai toutefois de rendre mes paroles aussi peu menaçantes que possible. - Et si je n'étais pas un super héro, mais juste un méchant ? Ses yeux s'agrandirent de quelques millimètres et ses lèvres s'entrouvrirent- J'y suis ! S'exclama-t-elle Ca y'est, elle m'avait enfin compris. - Vraiment ? Demandai-je, essayant tant bien que mal de ne pas laisser mon agonie transparaître. - Tu es dangereux...devina-t-elle. Sa respiration s'accéléra brutalement et son cœur s'affola. Je ne pouvais répondre. Etait-ce là mes derniers instants en sa compagnie ? Allait-elle s'enfuir en courant, maintenant ? Si oui, pourrais-je lui déclarer ma flamme avant qu'elle ne me quitte, ou est-ce que cela ne ferait qu'empirer les choses ?- Mais pas méchant. Chuchota-t-elle en secouant la tête, et je ne vis aucune trace de peur dans ses yeux. Non, je ne crois pas que tu sois méchant. - Tu te trompes. Dis-je en un souffle. Evidemment que j'étais méchant. N'étais-je pas heureux, maintenant que je savais qu'elle m'estimait plus que je ne le méritais ? Si j'étais vraiment quelqu'un de bien, j'aurais trouvé un moyen de garder mes distances avec elle. Je tendis la main, sous prétexte de m'emparer du bouchon de sa bouteille de soda. Elle n'eu pas le moindre mouvement de recul devant la soudaine proximité de ma main. Elle n'avait vraiment pas peur de moi. Pas encore. Je fis tourner le bouchon comme une toupie, le regardant au lieu de la regarder, elle. Mes pensées étaient confuses. Je ne pouvais me résoudre à prononcer ces mots à haute voix. Elle bondit de sa chaise. - On va être en retard. Elle dit cela alors que je commençais à craindre qu'elle ait réussi à percevoir mon avertissement tu. - Je ne vais pas en science nat aujourd'hui. - Pourquoi ?Parce que je ne veux pas te tuer. - Un peu d'école buissonnière de temps en temps est bon pour la santé. Ou, plus exactement, que les vampires s'abstiennent d'assister aux cours où le sang allait couler était bon pour la santé des humains. M. Banner avait prévu le TP sur les groupes sanguins aujourd'hui. Alice avait déjà séché son cour ce matin. - Eh bien, moi, j'y vais. Déclara-t-elle. Cela ne me surprit pas le moins du monde. C'était quelqu'un de responsable – elle faisait toujours ce qu'il fallait. Mon opposé. - A plus tard, alors. Dis-je, essayant de retrouver ma désinvolture, baissant les yeux pour regarder le bouchon qui tournoyait. Elle hésita, et je me pris à espérer qu'elle allait finalement décider de rester avec moi. Mais la cloche sonna et elle se précipita vers la sortie. J'attendis qu'elle fut sortie, puis je mis le bouchon dans ma poche – en souvenir de cette discussion capital – et sorti sous la pluie rejoindre ma voiture. Je mis dans le lecteur le CD le plus relaxant que j'avais – le même que j'avais écouté ce premier jour – mais je n'écoutai pas les accords de Debussy bien longtemps. Dans ma tête se jouaient d'autres notes, un fragment d'un air qui me plaisait et m'intriguait. Je baissai le son de la stéréo et écoutai la musique dans ma tête, jouant avec le fragment jusqu'à le faire évoluer en une harmonie plus complète. Instinctivement, mes doigts bougèrent en rythme comme s'ils parcouraient les touches d'un piano. Cette nouvelle composition était presque finie quand une vague d'angoisse mentale attira mon attention. Je regardai en direction de ces cris de détresse. Paniquait Mike. A cent mètre de là, Mike Newton trainait le corps mou de Bella dans l'allée. Elle s'effondra sur le béton humide, les yeux clos, son teint d'une pâleur de craie, telle un cadavre. Je failli arracher la portière de la voiture.- Bella ! Hurlai-je. Je ne vis aucun changement d'expression sur son visage sans vie. Tout mon corps se gela. Je fus averti de la surprise de Mike lorsque je passai au crible ses pensées. Il ne pensait qu'à sa haine pour moi, ce qui ne me permit pas de savoir ce qui avait mit Bella dans cet état. S'il s'avérait qu'il ait fait quoi que ce soit pour la blesser, je l'anéantirais. - Que se passe-t-il ? Elle est blessée ? l'interrogeai-je, essayant de concentrer ses pensées. Devoir marcher à une vitesse humaine à un moment pareil – c'était à vous rendre fou. Je n'aurais pas dû signaler ma venue. Je pu bientôt entendre son pouls et même sa respiration. Tandis que je la regardais, je la vis serrer un peu plus fort ses paupières. Cela me calma un peu. Je vis un sursaut de mémoire dans la tête de Mike, un éclaboussement d'images venant de la salle de sciences nat. La tête de Bella appuyée sur notre table, sa peau déjà pâle virant au vert. Des écoulements de liquide rouge sur des cartes blanches...Le TP sur les groupes sanguins. Je m'arrêtai là où j'étais, retenant ma respiration. Son odeur était une chose, une hémorragie de son sang à elle en était une autre, bien différente. - Je crois qu'elle a perdu connaissance. Dis Mike, à la fois plein de ressentiment à mon égard et anxieux. Je ne sais pas pourquoi, elle n'a même pas eu le temps de se piquer le doigt. Je fus comme lavé par le soulagement, et m'autorisai à respirer à nouveau, pour goûter l'air. Ah, je pouvais sentir la petite goutte de sang sur le doigt de Mike Newton. Jadis, cela m'aurait tenté. Je m'agenouillai près d'elle, Mike rodant autour de moi, furieux de mon intervention. - Bella, tu m'entends ? - Non, gémit-elle. Fiche le camp. Le soulagement était si exquis que j'en ris. Elle allait bien. - Je l'emmenais à l'infirmerie, dit Mike, mais elle n'a pas réussi à aller plus loin. - Je m'en occupe. Toi, retourne en classe. Le congédiai-je. - Non ! Protesta-t-il en serrant les dents, on me l'a confiée. Je n'allais certainement pas souffrir un débat avec le pauvre petit malheureux de service. Frissonnant de plaisir et de terreur, tout aussi ravi qu'affligé par cette épreuve qui m'obligeait à la toucher, je soulevai Bella tendrement et la pris dans me bras, veillant à ne toucher que ses vêtements, gardant autant de distance que possible entre nos deux corps, tout en marchant à grandes enjambées, pressé de la mettre en lieu sûrs, en d'autres termes le plus loi de moi possible. Ses yeux s'ouvrirent en grand, stupéfaits. - Lâche-moi ! Ordonna-t-elle d'une voix faible Je jugeai à son expression qu'elle était embarrassée. Elle n'aimait pas montrer sa faiblesse aux autres. J'entendis à peine Mike protester, derrière nous. - Tu as une mine affreuse. Lui dis-je avec un grand sourire. A part une petite nausée et un vertige, elle allait bien. - Repose-moi par terre. Dit-elle, ses lèvres blanchâtres. - Alors, comme ça, tu t'évanouis à la vue du sang ?Y'avait-il au monde chose plus ironique ? Elle ferma les yeux et pinça les lèvres. - Et il ne s'agit même pas du tien, ajoutai-je, toujours aussi euphorique. Nous étions devant l'acceuil. La porte était entrouverte et je donnais un coup de pied dedans pour l'écarter de mon chemin. Mme Cope bondit de sa chaise. - Oh mon dieu ! S'écria-t-elle en voyant la fille quasiment inconsciente dans mes bras. - Elle est tombée dans les pommes pendant le cours de biologie. Expliquai-je, avant que son imagination n'aille trop loin. Mme Cope se dépêcha d'aller ouvrir la porte de l'infirmerie. Les yeux de Bella étaient à nouveau ouverts, fixant la secrétaire. J'entendis les pensées stupéfaites de l'infirmière – une femme d'un certain âge – lorsque qu'elle me vit allonger précautionneusement la jeune fille sur le lit miteux. Dès que j'eu déposé Bella, je m'éloignai d'elle autant que la salle le permettait. Mon corps était en proie à une telle vague de désir et d'excitation que c'en était dangereux, mes muscles étaient tendus et le venin inondait ma bouche. Elle était chaude...son parfum était si enivrant...- Rien qu'une petite perte de connaissance, rassurai-je Mme Hammond. On pratiquait un test sanguin en science nat. - Ca ne rate jamais, acquiesça-elle. J'étouffai un rire. Comptez sur Bella pour être « celle qui ». - Reste allongée un moment, petite, ça va passer. - Je sais. Soupira Bella. - Ca t'arrive souvent ? Demanda l'infirmière. - Parfois. Admit-elle. Je tentai de maquiller mon rire en toussotement. Cela attira l'attention de l'infirmière. - Tu peux retourner en cours, dit-elle. Je la regardai droit dans les yeux et lui mentit avec la plus ferme assurance qu'il soit. - Je suis censé rester avec elle. Mme Hammond opina. Ca avait parfaitement marché. Pourquoi fallait-il que Bella pose autant de problème ? - Je vais te chercher un peu de glace pour ton front, petite. Ma présence rendait la veille dame légèrement mal à l'aise. Elle n'osa pas me regarder dans les yeux – réaction classique pour les humains normaux – et quitta la pièce. - Tu avais raison, marmonna Bella, fermant les yeux. Que voulait-elle dire ? Je sautai directement sur la pire conclusion : elle acceptait mes mises en gardes.- C'est souvent le cas. Dis-je, essayant de la charrier cependant que ma voix semblait sourde. A propos de quoi, cette fois ? - Sécher est bon pour la santé. Ah, encore un soulagement. Elle garda le silence. Elle se contentait d'inspirer et d'expirer lentement. Ses lèvres commencèrent à retrouver une teinte rose. Sa bouche était légèrement asymétrique, sa lèvre inférieure un petit peu trop pleine comparée à sa lèvre supérieure. Observer ainsi sa bouche me fit une impression étrange. J'avais envie de m'en approcher, même si ce n'était pas une très bonne idée. - Tu m'as flaqué une sacrée frousse, dis-je pour relancer la conversation – et entendre sa voix à nouveau. J'ai cru que Mike Newton s'apprêtait à aller enterrer ta dépouille dans la forêt. - Ha, ha. - Franchement, j'ai vu des cadavres qui avaient meilleure mine. (Véridique) J'ai craint un instant de devoir venger ton assassinat. Ce que j'aurais fait, aucun doute là-dessus. - Pauvre Mike, soupira-t-elle. Je parie qu'il est furax. Une pulsion de fureur me traversa, mais je me contrôlai. Son apparente implication à son égard n'était sûrement que de la pitié. Elle était gentille. Ca n'allait pas au-delà. - Il me déteste. Dis-je, égayé par cette simple idée. - Tu n'en sais rien. - J'en suis sûr, je l'ai lu sur son visage. Son expression faciale aurait, en effet, pu m'amener aux même conclusions. L'expérience que j'avais acquise en m'entrainant à interpréter les expressions de Bella m'avait sûrement donné le talent de lire sur les visages. - Comment se fait-il que tu nous aies aperçus ? Je croyais que tu avais quitté le lycée...Elle avait meilleure mine – plus aucune trace de vert sous sa peau translucide. - J'écoutai un CD dans ma voiture. Ses traits s'affaissèrent, comme si ma réponse pour le moins banale l'avait surprise. Elle ouvrit les yeux quand Mme Hammond revint avec la compresse froide- Tiens, dit l'infirmière en étalant la compresse sur son front. Tu as repris des couleurs. - Je crois que ça va. Dit Bella en s'asseyant et en écartant la compresse. Evidemment. Elle n'aimait pas qu'on s'occupe d'elle. Les mains ridées de Mme Hammond s'avancèrent vers elle, comme si elle allait la forcer à se rallonger, mais à ce moment là Mme Cope ouvrit la porte de l'infirmerie et passa la tête par l'entrebâillement. Avec son arrivée vint l'odeur du sang frais, à petite dose cependant.Invisible, derrière la secrétaire, Mike Newton était toujours aussi en colère, souhaitant que le garçon qu'il trainait lourdement fût Bella. - Nous en avons un deuxième, annonça Mme Cope. Bella bondit sur ses pieds, impatience de ne plus avoir les feux braqués sur elle. - Tenez, dit-elle en rendant sa compresse à Mme Hammond, je n'en ai pas besoin. Mike grogna en soutenant tant bien que mal Lee Stevens pour entrer dans l'infirmerie. Du sans coulait encore de la main que Lee portait à son visage, dégoulinant sur son poignet. - Flûte. Il fallait que je m'en aille rapidement – tout comme Bella, semblait-t-il.- Va dans le bureau, Bella. Décontenancée, elle me regarda avec sa fameuse expression abasourdie. - Fais-moi confiance et file. Elle tourna les talons et attrapa la porte avant qu'elle ne se referme complètement, se précipitant hors de l'infirmerie. J'étais à quelques millimètres d'elle. Sa chevelure fluide caressait ma main...Elle se retourna pour me regarder, ses yeux marquant toujours sa confusion. - Tu m'as obéis, pour une fois. M'étonnai-je. - J'ai détecté l'odeur du sang. Expliqua-t-elle en fronçant le nez. Je la regardai fixement, surpris. - Pour la plupart des gens, le sang n'a pas d'odeur. - Pour moi si. Un mélange de rouille...et de sel. Qui me rend malade. Mes traits se figèrent. Etait-elle vraiment humaine ? Elle ressemblait à un être humain. Elle était aussi douce qu'eux. Elle sentait comme eux – bien meilleur qu'eux en fait. Elle agissait comme eux ...à quelques exceptions près. Mais elle ne pensait pas comme un être humain, ne réagissait pas comme eux. Que pouvait-elle être d'autre ? - Quoi ? - Rien. Mike Newton nous interrompit en pénétrant dans la pièce avec sa charge de pensées violente et de ressentiments. - Tu as l'air d'aller beaucoup mieux. Lui dit-il d'un ton accusateur qui frôlait la grossièreté. Ma main frémit, désirant lui apprendre les bonnes manières. Il allait falloir que je me surveille, sinon j'allais finir par vraiment tuer cette espèce d'insupportable morveux. - Contente-toi de garder tes mains dans tes poches. Dit-elle. Pendant un instant de délire, je cru qu'elle s'adressait à moi. - Le test est fini, dit-il d'un ton maussade. Tu reviens en cours ?- Tu plaisantes ? Je me retrouverais ici aussi sec.Parfait. Moi qui croyais au départ que j'allais manquer une heure complète en sa compagnie, et maintenant j'avais droit à du temps supplémentaire. Je sentis l'avidité monter en moi, comptant chaque minute. - Mouais...Au fait, tu es partante, pour ce weekend ? La balade à la mer ? Ah, ils avaient des projets ensemble. La colère me figea là où j'étais. C'était une sortie de groupe. J'en avais entendu parler – dans la tête de certains élèves. Il n'empêche que j'étais furieux. Je m'adossais au comptoir, essayant de me calmer. - Bien sûr, lui promit-elle, c'était entendu, non ? Alors comme ça elle lui avait dit oui, à lui aussi. La jalousie me brûlait, plus douloureuse que la soif. Non, ce n'était qu'une sortie de groupe, essayai-je de me convaincre. Elle passait la journée avec ses amis, point barre. - Rendez-vous au magasin de mon père, alors. A dix heures. - J'y serai- On se voit en gym- C'est ça. Il retourna en cours, ses pensées fulminant contre moi. Mike ne manquait pas totalement de discernement. - Ah, la gym ! Répéta Bella. Un gémissement. Je la regardai, et vis que quelque chose la chagrinait. Je n'étais pas sûr de savoir quoi, mais il était évident qu'elle ne voulait pas retrouver Mike dans son prochain cours, et cela m'allais parfaitement. Je vins à ses côtés et me penchais si près de son visage que je pouvais sentir la chaleur que sa peau irradiait sur mes lèvres. Je n'osai pas respirer. - Je peux arranger ça. Murmurai-je à son oreille. Va t'assoir et tâche d'avoir l'air malade. Elle s'exécuta, s'asseyant sur une chaise pliante et appuya son dos sur le mur tandis que, derrière moi, Mme Cope revint s'assoir à son comptoir. Avec ses yeux fermés, Bella semblait bel et bien évanouie. Toutes ses couleurs ne lui étaient pas encore revenues. Je me tournais vers la secrétaire. Une chance que Bella nous écoute, pensais-je ironiquement. Ainsi elle saurait comment un humain était réagir face à moi. - Mme Cope ? L'appelai-je, usant de ma voix la plus persuasive. Ses yeux papillonnèrent et son cœur s'affola. Trop jeune, contrôle toi !- Oui ? Intéressant. Si le pouls de Shelly Cope s'accélérait, c'était parce qu'elle me trouvait physiquement attirant, pas parce qu'elle avait peur de moi. Je m'étais depuis longtemps habitué à cette réaction des humaines que je rencontrais...mais je n'avais jusqu'à présent jamais envisagé cette explication pour ce qui était du pouls de Bella. Cela me plaisait. Beaucoup trop, à vrai dire. Je souris, et la respiration de Mme Cope devint plus bruyante. -Bella a cours de gym, après, et je ne pense pas qu'elle soit assez bien. Elle fait, je me demande si je ne devrais pas la ramener chez elle. Vous croyez que vous pourriez lui épargner cette épreuve ?Je la regardais droit dans ses yeux, hilare face au bug qui ralentissait son processus de pensée – et dont j'étais sans aucun doute à l'origine. Etait-il possible que Bella... ?Mme Cope dû déglutir bruyamment avant de pouvoir répondre. - Et toi, Edward, tu as aussi besoin d'un mot d'excuse ? - Non, j'ai Mme Goff, elle comprendra. Je ne lui accordais plus la même attention à présent, tant je m'abîmais dans cette nouvelle possibilité qu'il me fallait explorer. Hmm. J'aimerais croire que Bella puisse me trouver attirant, comme c'était le cas des autres humaines, mais y avait-il une seule occasion où Bella réagissait comme les autres ? Je ne devais pas me faire d'illusions. - Bon, c'est d'accord. Tu te sens mieux, Bella ? L'intéressée opina faiblement – sur-jouant un peu. - Tu es en état de marcher où il faut que je te porte ? Demandai-je, amusé par son mauvais jeu d'actrice. Elle allait dire qu'elle allait se débrouiller. Elle ne voulait pas sembler faible. - Je me débrouilleraiEncore gagné. Je devenais bon à ce petit jeu. Elle se leva, hésita pendant une seconde, comme pour tester son équilibre. Je lui tins la porte, et nous sortîmes sous la pluie. Alors que je la regardais, elle leva le visage vers la pluie, les yeux clos, un léger sourire aux lèvres. Quelque chose dans son attitude clochait, et je sus vite pourquoi cette posture ne m'était pas familière. Les filles humaines normale ne font jamais ça, parce qu'elles mettent du maquillage, même ici, dans cette ville dégoulinante d'humidité. Bella ne se maquillait jamais, et elle avait bien raison. L'industrie des cosmétiques recevaient des milliards de dollars de la part de femmes qui tentent par tous les moyens d'avoir une peau comme la sienne. - Ca vaudrait presque le coup d'être malade, ne serait-ce que pour manquer la gym, me dit-elle en me souriant. Merci. Je balayai le campus du regard, cherchant un moyen la garder un peu plus longtemps près de moi. - De rien. Répondis-je. - Tu viendras ? Samedi ? Demanda-t-elle, pleine d'espoir. Ah, comme son espoir était apaisant. Elle me voulait auprès d'elle, moi, pas Mike Newton. Et je désirais dire oui. Mais il y avait tellement de choses à prendre en considération. Premièrement, ce Samedi, le temps serait dégagé, il y aurait du soleil...- Où allez-vous, exactement ? Demandai-je en essayant de prendre une voix distante, comme si cela m'importait peu. Mike avait parlé de plage. Mes chances de me cacher du soleil étaient minces. - A La Push. First Beach pour être exacte. Et bien, c'était impossible. De toute façon, Emmett m'en aurait voulu si j'avais décidé d'annuler nos plans. Je lui jetai un regard en biais, souriant d'un air ironique - Je ne crois pas avoir été invité. - Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Soupira-t-elle, déjà résignée. - Soyons sympa avec ce pauvre Mike, toi et moi. Ne le provoquons pas plus que nécessaire. Nous ne voudrions pas qu'il morde. Je m'imaginais mordre le pauvre Mike moi-même, image qui me provoqua un intense plaisir. - Maudit Mike. Dit-elle, dédaigneuse cette fois encore. Je souris de toutes mes dents.Puis, elle commença à s'éloigner de moi. Sans réfléchir, je la rattrapai par le dos de son coupe-vent. Elle sursauta et s'arrêta. - Où crois-tu aller, comme ça ?J'étais presque en colère de la voir me quitter ainsi. Je n'avais pas encore eu mon compte. Elle ne pouvait pas partir, pas encore. - Ben...à la maison. Dit-elle, comme si c'était évident. - J'ai promis de te ramener saine et sauve chez toi. Tu t'imagines que je vais te laisser conduire dans cet état. Je savais pertinemment qu'elle n'allait pas apprécier ça – que je me sente personnellement concerné par sa faiblesse. Mais il fallait que je m'entraîne pour le voyage à Seattle, de toute manière. Voir si je pouvais supporter d'être seul avec elle dans un espace clos. - Quel état ? s'indigna-t-elle. Et ma voiture ? - Alice te la déposera après les cours. Je la dirigeai vers ma voiture précautionneusement, comme je savais que le simple fait de faire un pas devant l'autre lui posait problème. - Lâche-moi ! Cria-t-elle en trébuchant sur le trottoir, tombant presque.Je voulu la rattraper, mais elle s'était déjà redressée. Je ne devrais pas être sans arrêt en quête de prétexte pour la toucher. Cela me fit repenser à l'attitude qu'avait eue Mme Cope à mon égard, mais je reportai cela à plus tard. J'avais autre chose en tête pour le moment. Je la lâchai près de ma voiture, et elle s'affala contre la portière. J'aurais dû être encore plus prudent, faire plus attention à son manque d'équilibre...- Quelle délicatesse !- C'est ouvert. Je m'installai au volant et démarrai la voiture. Elle se tenait droite comme un I, toujours à l'extérieur, alors que la pluie redoublait d'intensité et que je savais qu'elle n'aimait ni le froid, ni l'humidité. L'eau trempa ses cheveux épais, les assombrissant jusqu'à ce qu'ils semblent être noirs. - Je suis parfaitement capable de rentrer chez moi toute seule !Bien entendu. Le seul problème était quen'étais pas capable de la laisser partir. Je baissai la fenêtre et me penchai vers elle. - Monte, Bella. Ses yeux se rétrécirent, et je devinai qu'elle était en train de se demander si elle devait s'enfuir ou pas. - Je te jure que je te trainerais là-bas par la tignasse s'il le faut. Lui promis-je. L'expression chagrine qu'elle aborda lorsqu'elle se rendit compte que je pensais chaque mot que j'avais dit me donna envie de rire. Le menton en l'air, elle ouvrit la portière et s'installa. Ses cheveux dégoulinèrent sur le cuir et ses bottes couinèrent. - Tout cela est inutile. Dit-elle d'un ton glacial. En vérité, j'étais sûr qu'elle était extrêmement embarrassée. Je montai le chauffage pour la mettre à l'aise et mis la musique en sourdine. Je me dirigeai vers la sortie, l'épiant tout de même du coin de l'œil. Sa lèvre inférieure dépassait d'un air opiniâtre. Je continuai à contempler sa bouche, essayant d'analyser l'effet que cela me faisait...repensant à la réaction de la secrétaire...Soudain, elle regarda la stéréo et sourit, ses yeux écarquillés par l'étonnement. - ? Reconnu-t-elle. Une fan de classiques ? - Tu connais Debussy ? - Pas bien, dit-elle. Ma mère est une fan de classique. Je ne reconnais que mes morceaux préférés. - C'est également l'un de mes favoris. Je m'abîmai dans la contemplation de la pluie, méditant. Alors ainsi j'avais au moins un point commun avec cette fille. J'avais commencé à penser que tout nous opposait. Elle sembla plus détendue maintenant, regardant également la pluie tomber, les yeux perdus dans le vide. Je mis à profit ce moment d'inattention pour essayer de respirer à nouveau. J'inspirai prudemment par le nezPuissantJe m'agrippai au volant. La pluie la faisait sentir encore meilleur. Je n'aurais jamais cru cela possible. Stupidement, je m'imaginais soudain le goût que cela pourrait avoir. J'essayai de ravaler ma soif, d'ignorer la brûlure dans ma gorge, de penser à quelque chose d'autre. - De quoi ta mère a l'air ? Demandai-je, en quête de distraction. - Elle me ressemble beaucoup, en plus jolie. Dit-elle avec un sourire.J'en doutais. - Je tiens pas mal de Charlie. Continua-t-elle. Elle est plus extravertie que moi, plus courageuse. J'en doutais également. - Irresponsable, un peu excentrique. Sa cuisine est imprévisible. Je l'adore. Il y avait de la mélancolie dans sa voix à présent ; son front se plissa. Cette fois encore, on aurait cru entendre un parent plutôt qu'un enfant. Je m'arrêtai devant chez elle, me rappelant un peu tard que je n'étais pas supposé savoir où elle habitait. Mais bon, avec un père plutôt connu dans les environ, ça n'allait sûrement pas la choquer...- Quel âge as-tu, Bella ? Elle devait être plus âgée que ses pairs. Peut-être avait-elle commencé l'école plus tard que les autres, où qu'elle avait redoublé...ce serait surprenant, cependant. - Dix-sept ans. - Tu fais plus. Elle rit. - Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?- Ma mère passe son temps à répéter que j'avais trente-cinq ans à la naissance et je suis un peu plus dans la force de l'âge chaque année, dit-elle en riant avant de pousser un soupir. Il faut bien que quelqu'un soit adulte. Cela clarifiait pas mal de chose. Je pouvais voir maintenant...comment l'irresponsabilité de la mère expliquait l'extraordinaire maturité de Bella. Elle avait du mûrir très vite, pour devenir l'adulte de la maison. C'était pourquoi elle n'aimait pas qu'on s'occupe d'elle – elle avait l'impression que c'était son travail. - Toi non plus, tu n'as pas beaucoup l'allure d'un lycéen. Dit-elle, me sortant de ma rêverie. Je grimaçai. A chaque fois que je perçais un de ses secrets, elle perçait l'un des miens. Je changeai de sujet. - Pourquoi ta mère a-t-elle épousé Phil ?Elle hésita une minute avant de répondre. - Elle...elle n'est pas très mûre, pour son âge. Je crois que Phil lui donne l'impression d'être plus jeune. Et puis, elle est folle de lui. Elle secoua sa tête avec indulgence- Tu approuves ? Demandai-je. - Quelle importance ? Je veux qu'elle soit heureuse...et il est ce dont elle a envie. L'altruisme de ce commentaire aurait dû me choquer, sauf qu'il correspondait parfaitement à tout ce que j'avais appris de sa personnalité. - C'est très généreux...Je me demande...- Oui ? - Pousserait-elle la courtoisie à te rendre la pareille ? Quel que soit le garçon que tu choisisses ?C'était une question stupide, et en plus j'avais été infichu de garder ma voix désinvolte en posant cette question. Qu'il était idiot ne serai-ce que de penser que quelqu'un pourrait me trouver m'accepter comme gendre. D'ailleurs, avant toute chose, il était stupide de penser que Bella puisse me choisir. - Je...je crois. Balbutia-t-elle, en réaction au regard intense que je lui avais lancé. Peur...ou attirance ?- Mais c'est elle la mère, après tout. Dit-elle. C'est un peu différent. - Alors, pas un type trop effrayant, j'imagine. - Qu'entends-tu par là ? Plaisanta-t-elle. Des piercings sur toute la figure et une collection de tatouages ? - C'est une des définitions possibles du mot. Une définition plutôt réductrice, pour ma part. - Quelle est la tienne ? Elle posait toujours les mauvaises questions. Ou exactement les bonnes, peut-être. Celles auxquels je ne voulais pas répondre, en tout cas. - Penses-tu que pourrais passer pour effrayant ? Lui demandai-je, essayant tout de même de sourire un peu. Elle médita un moment avant de dire d'une voix calme et sérieuse :- Euh...oui. Si tu le voulais. - As-tu peur de moi, là, maintenant ? J'étais aussi sérieux qu'elle à présent. Elle répondit trop vite. - Non. Je souris plus facilement. Je ne pensais pas qu'elle était entièrement honnête, mais je ne percevais pas là un réel mensonge. Elle n'avait pas assez peur de moi pour vouloir partir, au moins. Je me demandais soudain comment elle se sentirait si je lui disais qu'elle tenait une conversation avec un vampire. J'eu mentalement un mouvement de recul lorsque j'imaginai sa réaction. - Et toi ? Vas-tu me parler de ta famille ? Elle doit être bien plus intéressante que la mienne. Plus effrayante serait le mot juste. - Que veux-tu savoir ? Demandai-je d'un air interdit. - Les Cullen t'ont adopté ? - Oui. Elle hésita, puis dit d'une petite voix. - Qu'est-il arrivé à tes parents ? Ce n'était pas très difficile, je n'avais même pas besoin de lui mentir. - Ils sont morts il y a des années. - Désolée. Murmura-t-elle, craignant de m'avoir blessé. s'inquiétait pour .- Je ne m'en souviens pas bien. Lui assurai-je. Carlisle et Esmée les ont remplacés depuis si longtemps. - Et tu les aimes, en déduit-elle. - Oui, répondis-je en souriant. Je doute qu'il y ait meilleures personnes au monde. - Tu as beaucoup de chance. - J'en suis conscient. Oui, pour ce qui était de mes parents, ma chance ne pouvait être niée. - Et ton frère et ta sœur ? Si je la laissais demander plus de détails, j'allais devoir lui mentir. Je regardai l'horloge, constatant à contrecœur que mon temps avec elle était totalement écoulé. - Mon frère et ma sœur, sans parler de Jasper et Rosalie, vont être furieux si je les fais languir sous l'averse. - Désolée. Il faut que tu y ailles. Pourtant, elle ne bougea pas. Elle non plus ne voulait pas que notre entretien se finisse déjà. Cela le plaisait vraiment, vraiment beaucoup trop.- De ton côté, tu préfères sûrement récupérer ta camionnette avant que le Chef Swan rentre, histoire de ne pas avoir à mentionner le petit incident de tout à l'heure. J'eu un grand sourire en me remémorant son expression embarrassée tandis que je la tenais dans mes bras. - Je suis sûre qu'il est déjà au courant. Il n'y a pas de place pour les secrets, à Forks. Elle avait dit le nom de la ville avec un dégoût prononcé. Je ris. Pas de secrets, en effet. - Amuse-toi bien à la merJe regardais l'averse, sachant qu'elle ne serait que de courte durée, mais espérant de toutes mes forces qu'elle reste. - Joli temps pour bronzer. Ajoutai-je. Bon, au moins Samedi il fera beau. Ca lui fera plaisir. - Je te vois, demain ? L'inquiétude dans sa voix me fit du bien. - Non. Emmett et moi avons décidé de nous octroyer un weekend précoce. J'étais en colère contre moi-même d'avoir eu cette idée. Je pouvais toujours changer mon emploi du temps...mais il n'y avait rien de tel que de chasser à outrance là bas, et ma famille se faisaient déjà assez de soucis comme ça à cause de mon attitude envers Bella, inutile de leur révéler combien j'étais devenu obnubilé par elle. - Qu'est-ce que vous avez prévu ? Demanda-t-elle, déçue par ma révélation. Bien. - Une randonnée du côté de Goat Rocks, au sud du mont Rainier. Emmett avait attendu avec impatience la saison des ours. - Ah bon. Profites-en bien. Dit-elle à contrecœur. Une fois n'est pas coutume, son manque d'enthousiasme me fit extrêmement plaisir. Tandis que je la regardai, je commençai à me sentir au bord de l'agonie à la simple idée de devoir lui dire au revoir, même si j'allais la revoir dans quelques jours. Seulement, elle était si douce, si vulnérable. Il semblait imprudent de la quitter des yeux, alors qu'il pouvait lui arriver n'importe quoi, même si paradoxalement, je savais que ce qui pouvais lui arriver de pire résulterait de ma proximité. - Accepterais-tu de me rendre un service, ce weekend ? Lui demandai-je très sérieusement. Elle acquiesça, ses yeux agrandis et étonnés par l'intensité de ma voix. Reste clair. - Ne le prends pas mal, mais j'ai l'impression que tu es de ces gens qui attirent les accidents comme un aimant. Alors...tâche de ne pas tomber dans l'eau ni de te faire écraser par quoi que ce soit, d'accord ? Je lui souris tristement, espérant de tout mon cœur qu'elle ne pouvait pas voir la tristesse dans mes yeux. Combien j'espérais qu'elle ne serait pas trop joyeuse en mon absence, quoi qu'il puisse lui arriver.Elle fut offensée par ma plaisanterie. Elle me toisa. - On verra ! Répliqua-t-elle, bondissant hors de ma voiture et claquant la portière aussi fort qu'elle le pouvait. Exactement comme un petit chat furieux persuadé d'être un tigre. J'enroulai mes doigts autour de la clé que je venais de piocher dans la poche de sa veste, et souris alors que je faisais demi-tour.
 


 
 
le 13-02-2009 11:47

Midnight sun-chapitre 5

Chapitre 5 : InvitationsLe lycée.Plus question d'appeler cela le purgatoire, à présent c'était carrément l'enfer. Feu et tourments...oui, j'avais droit aux deux. Je faisais exactement tout ce que j'étais supposé faire. J'avais mis tous les points sur tous les « i ». Plus personne ne pouvait s'aventurer à dire que je manquais à mon devoir désormais. Pour faire plaisir à Esmée et pour protéger les autres, je restai à Forks. Je replongeai dans ma vieille routine. Je ne chassais pas plus que les autres. Chaque jours, je patientais sagement au lycée et faisais semblant d'être humain. Chaque jour, j'étais à l'affut de la moindre nouveauté à propos des Cullen dans les esprits des élèves – et il n'y avait jamais rien de nouveau. La fille n'avait fait part de ses soupçons à personne. Elle se contentait de répéter inlassablement la même histoire – j'étais juste à côté d'elle et je l'ai poussé de la trajectoire du van - jusqu'à lasser ses plus acharné qui finir par tout simplement arrêter de la harceler. Il n'y avait aucun danger. Mon impulsion n'avait fait de mal à personne. Uniquement à moi-même. J'étais déterminé à changer le futur. Ce n'était pas une tâche facile à réaliser tout seul, certes, mais je n'avais pas le choix. Alice soutenait que je ne serais pas assez fort pour m'éloigner d'elle. J'allais lui prouver le contraire. Je pensais que le premier jour serait le plus dur à passer. A la fin de celui-ci, j'en étais certain. Je me trompais, cependant. J'étais réticent, sachant que j'allais la blesser. Je me consolai en me disant que la peine qu'elle ressentirait ne serait qu'une chiquenaude – rien d'autre que la légère sensation d'être rejetée – en comparaison de la mienne. Bella était humaine, et elle savait que j'étais quelque chose d'autre, quelque chose de maléfique, quelque chose d'effrayant. Elle allait sûrement se sentir plus soulagée qu'autre chose en me voyant me détourner d'elle et prétendre qu'elle n'existait pas. - Bonjour, Edward. Me salua-t-elle, ce premier jour en cour de biologie. Sa voix avait été amicale, agréable, bref à cent quatre-vingts degrés du ton de notre dernière conversation. Pourquoi ? Pourquoi ce brusque changement ? Avait-elle oublié ? Avait-elle mis l'épisode complet sur le compte de son imagination ? Se pouvait-elle réellement qu'elle m'ait pardonné pour ne pas avoir tenu ma promesse ? Ces questions m'avaient brulée comme la soif qui m'attaquait à chaque fois que je respirais. Un seul instant, la regarder dans les yeux. Juste histoire de voir si je pouvais y trouver quelques réponses...Non. Je ne pouvais même pas me permettre cela. Pas si je voulais changer le futur. J'avais tourné le menton d'un millimètre dans sa direction sans quitter le tableau des yeux. J'avais légèrement opiné, avant de reprendre ma position initiale. Elle ne m'adressa plus jamais la parole. Le soir, aussitôt que les cours s'étaient terminés, une fois que j'avais joué mon rôle, je couru jusqu'à Seattle comme je l'avais fais la veille. La douleur semblait un peu plus supportable quand je volais à travers les montagnes, que tout autour de moi se fondait en une tâche verte et floue. Cette course devint mon habitude quotidienne. Etais-je amoureux d'elle ? Je ne pensais pas. Pas encore. Les visions passagères d'Alice étaient toutes focalisées sur moi, cependant, et je pouvais voir combien il me serait aisé de tomber amoureux de Bella. Exactement comme tomber : sans effort. M'interdire de l'aime était l'opposé d'une chute – c'était comme me hisser jusqu'au sommet d'une falaise, prise après prise, la tâche aussi harassante que si je n'avais eu qu'une force humaine. Plus d'un mois passa, chaque jour plus dur que le précédent. Cela n'avais d'ailleurs pas le moindre sens pour moi – je m'attendais à voir mes efforts pour m'éloigner d'elle diminuer, je m'attendais à ce que ça devienne plus facile au bout d'un moment. C'était sûrement ce qu'Alice sous-entendait en prédisant que je serais incapable de me tenir éloigné d'elle. Elle avait vu l'escalade de ma douleur. Mais je pouvais supporter la douleur. Je n'allais pas détruire le futur de Bella. Si mon destin était de l'aimer, alors l'éviter n'était-il pas le moins que je puisse faire ? Cependant, l'éviter se trouvais à la limite de mes possibilités. Je pouvais faire semblant de l'ignorer, et ne jamais la regarder. Je pouvais prétendre qu'elle ne m'intéressait pas. Mais ça se limitait à ça : des faux-semblants, pas de réalité. J'étais toujours pendu à ses soupirs, au moindre mot qui s'échappait de ses lèvres. Je classai mes tourments en quatre catégories. Les deux premières m'étaient familières. Son parfum et son silence. Ou, plutôt – pour mettre le blâme là où il devait être, c'est-à-dire sur moi – ma soif et ma curiosité. La soif était de loin le plus primaire de mes tourments. J'étais à présents totalement habitué à ne pas respirer du tout en biologie. Bien évidemment, il y avait toujours des exceptions – quand j'avais à répondre à une question par exemple, et que j'étais à cour d'air pour parler. A chaque fois que je goutais l'air autour de la fille, c'était exactement comme au premier jour – le feu et le besoin aussi brutal que désespéré de me libérer. Il était difficile de rester capable de réfléchir ou de restreindre mes mouvements dans ce cas. Et, tout comme au premier jour, le monstre en moi voulais rugir, si proche de la surface...La curiosité était le plus constant de ses tourments. La question ne quittait jamais mon esprit : maintenant ?Quand je l'entendais pousser un léger soupir. Quand elle enroulait distraitement une mèche de ses cheveux autour de son doigt. Quand elle posait ses livres sur la paillasse avec un peu plus de force que d'habitude. Quand elle se ruait en cours, en retard. Quand elle tapait nerveusement du pied par terre. Chaque petit mouvement perçut par ma vision périphérique étaient des énigmes destinées à me rendre fou. Quand elle parlait aux autres élèves, j'analysais chacun de ses mots et le ton qu'elle utilisait. Disait-elle ce qu'elle pensait ou ce qu'elle pensait devoir dire ? Il me semblait bien souvent qu'elle essayait de dire ce que son interlocuteur voulait entendre, et cela me rappelait l'illusion quotidienne à laquelle ma famille et moi nous nous prêtions – nous étions d'ailleurs bien meilleurs qu'elle à ce petit jeu. A moins que je ne me trompe, peut-être que je m'imaginais juste des choses. Après tout, pourquoi jouerait-elle un rôle ? Elle était l'un des leurs – une adolescente humaine. Mike Newton était le plus surprenant de mes tourments. Qui aurait pu suspecter qu'un mortel aussi banal qu'ennuyeux puisse se révéler aussi agaçant ? Pour être loyal, il m'aurait fallu montrer un peu de gratitude envers ce garçon : plus que quiconque, il faisait parler la fille. J'en apprenais tant sur elle par le biais de leurs conversations – je composais toujours ma liste – mais au contraire, l'assistance de Mike ne faisait qu'aggraver mon cas. Je ne voulais pas que Mike soit celui qui lui tire ses secrets. Je voulais que ce soit moi. Ca aidait un peu qu'il ne remarque jamais ses petites révélations, ses légers faux-pas. Il ne savait rien d'elle. Il s'était crée de toutes pièces une Bella qui n'existait pas – une fille aussi banale que lui. Il n'avait pas vu l'altruisme et la bravoure qui la différenciait des autres humains, il ne percevait pas l'incroyable maturité de ses paroles. Il ne voyait pas que lorsqu'elle parlait de sa mère, on dirait un parent parlant de son enfant plutôt que l'inverse – aimante, indulgente, un peu amusée, et férocement protectrice. Il n'entendait pas la patience dans sa voix quand elle faisait semblant de s'intéresser à ses histoires ennuyantes, et n'avait pas la moindre idée de la gentillesse derrière cette patience. Toutes ces conversations avec Mike me permirent d'ajouter l'élément le plus important de ma liste de ses qualités, le plus révélateur de tous, aussi simple qu'il était rare. Bella était doté d'une grande bonté. Tous les autres éléments rejoignaient parfaitement ce dernier – gentille, modeste, altruiste, adorable, aimante et courageuse. Sa bonté traversait toutes les facettes de sa personnalité. Ces découvertes encourageantes ne heurtèrent pas l'esprit du garçon, pourtant. Cette vision possessive qu'il avait de Bella – comme si elle était un objet qu'on acquiert – me provoquait presque autant que les fantasmes obscènes qu'il avait à son sujet. Il gagnait en assurance, également, le temps passant, persuadé que Bella le préférait lui à tous ceux qu'il considérait comme ses rivaux – Tyler Crowley, Eric Yorkie, et même, à la rigueur, moi-même. Il avait prit l'habitude de s'assoir sur son côté de notre table avant que le cours ne débute, discutant avec elle, encouragé par ses sourires. Rien que des sourires polis, me persuadais-je. De la même manière, je m'amusais souvent à m'imaginer l'envoyer voler à l'autre bout de la pièce pour qu'il aille s'écraser sur le mur...ça n'allait pas probablement pas le blesser mortellement...Mike ne pensait pas souvent à moi comme à un rival. Après l'accident, il s'était inquiété que Bella et moi, on ne tisse des liens suite à notre expérience partagée, mais manifestement l'incident avait plutôt eu l'effet opposé. Il avait de toute manière toujours eu peur que j'accapare l'attention de Bella. Mais à présent que je l'ignorais tout autant que les autre, son assurance ne cessait de grandir. A quoi pensait-elle à présent ? Comment accueillait-elle son attention ? Enfin, le dernier de mes tourments, le plus douloureux : l'indifférence de Bella. Elle m'ignorait autant que je l'ignorais. Elle n'essaya plus jamais de me reparler. Pour autant que j'en sache, elle ne pensait jamais à moi. Cela aurait pu me rendre fou – ça aurait même pu détruire mes résolutions pour ce qui était de changer le futur – sauf que parfois, elle me regardait comme elle le faisait avant. Je ne le voyais pas moi-même, car je ne pouvais tout simplement pas me permettre de la regarder, mais Alice nous prévenait toujours à chaque fois qu'elle était sur le point de lever les yeux vers nous ; les autres restaient prudents vis-à-vis de la connaissance problématique de la jeune fille. Cela soulageait un peu ma douleur, qu'elle me regarde de loin, de temps en temps. Bien sûr, elle devait sans doute se contenter de se demander quelle espèce de monstre je pouvais être. - Bella va admirer Edward dans une minute. Ayez l'air normal. Chantonna Alice un Mardi de Mars.Les autres prirent grand soin de gigoter et de balancer leur poids d'une jambe à l'autre comme les humains : l'immobilité absolue était une marque distinctive de notre race. Je commençai à compter le nombre de fois qu'elle regardait dans ma direction. Cela me faisait plaisir, même si ça n'aurait pas dû, que la fréquence ne déclinait pas avec le temps. Je ne savais pas ce que cela signifiait, mais ça me faisait me sentir mieux. Alice soupira. J'aimerais tellement... - Reste en dehors de ça, Alice. Soufflai-je. Ca n'arrivera pas. Elle fit la moue. Alice avait hâte de fonder cette amitié qu'elle s'était vue avoir avec Bella. D'une étrange manière, cette fille qu'elle ne connaissait pas lui manquait. Je l'admets, tu es plus fort que ce que je croyais. Tu as rendu le futur aussi flou et insensé qu'autrefois. J'espère que tu es content. - Au contraire Alice, tout cela a parfaitement un sens pour moi. Elle gronda doucement. J'essayai de la faire taire, trop nerveux pour pouvoir supporter une conversation. Je n'étais pas de très bonne humeur – j'étais plus tendu que je ne le laissais paraître. Seul Jasper, avec sa capacité à sentir et à influencer les états d'âmes des autres, était au courant de ma tension et sentait le stress émaner de moi. Il ne comprenait pas les raisons de ces sensations, cependant, et – comme j'étais sans arrêt d'une humeur noire ces derniers jours – il n'y prêtait pas attention. Aujourd'hui allait être un jour difficile. Plus dur à passer que le précédent, comme le voulais la tradition. Mike Newton, cet odieux jeune garçon que je ne pouvais me permettre de considérer comme un rival, allait demander à Bella de sortir avec lui. Le bal de printemps pointait son nez à l'horizon, et c'était aux filles de choisir leur partenaire, et il avait espéré de toutes ses forces que Bella le choisisse, lui. Qu'elle ne l'ait pas encore fait avait ébranlé sa confiance en lui. A présent il était dans une situation délicate – et je savais que je ne devrais pas normalement être aussi amusé par sa gêne – car Jessica Stanley venait tout juste de lui demander d'être son cavalier. Il ne voulait pas dire « oui », espérant toujours que Bella le choisisse (lui permettant ainsi de prouver sa victoire à ses rivaux), mais il ne voulait pas non plus dire « non » et finir sans partenaires. Jessica, blessée par son hésitation et supposant la raison de celle-ci, fulminait contre Bella. Cette fois encore, j'eu le désir impulsif de me placer entre les pensée destructrices de Jessica et Bella. A présent je commençais à mieux comprendre ce désir, mais cela rendait encore plus frustrant le fait de ne pas pouvoir le satisfaire. Qui l'eu cru ! Me voilà obnubilé, sinon carrément obsédé par de petits feuilletons de lycéens, ces mêmes feuilletons que je méprisais autrefois. Mike rassembla tout son courage et avança vers Bella en biologie. J'écoutais sa lutte intérieure tandis que j'attendais sa venue, assis à côté d'elle. Ce garçon était faible. Il avait attendu ce bal exprès, car il avait peur que son béguin ne soit connu de tous avant qu'elle n'ait elle-même montré une préférence à son égard. Il ne voulait pas se sentir vulnérable à un possible rejet, et préférait que ce soit elle qui fasse le premier pas. Lâche. Il s'assit sur notre table, se mettant à l'aise, comme s'il était chez lui, et j'imaginai le son que cela pourrait produire si son corps percutait le mur d'en face assez violement pour que tous ses os se brisent sous le choc. - Tu sais, dit-il à la fille, ses yeux vissés au sol, Jessica m'a invité au bal. - Super ! Répondit immédiatement avec enthousiasme. Vous allez vous éclater. C'était difficile de ne pas sourire devant la façon dont le ton de sa voix s'encra dans l'esprit de Mike. Il avait espéré qu'elle serait déçue. Il se dépatouilla pour trouver une réponse adéquate. - C'est que...Il hésitait, à deux doigts de se dégonfler. Puis il se ressaisit et ajouta- Je lui ai répondu que j'avais besoin d'y réfléchir. - Quelle idée ! Plastronna-t-elle. Son ton était désapprobateur, mais s'y pointait également une touche de soulagement. Qu'est-ce que cela signifiait ? Une furie aussi intense qu'imprévue transforma mes mains en poings. Mike n'avait pas perçut la touche de soulagement. Son visage était rouge, le sang affluait – vu la violence qui venait de monter en moi, cela ressemblait fort à une invitation – et il regarda le sol à nouveau pour parler. - Je me demandai si...euh, si tu comptais m'inviter, toi. Bella hésita. A ce moment précis, ce moment d'hésitation, je pu voir le future plus clairement qu'Alice ne l'avait jamais fait. La fille allait dire oui à la question tacite de Mike, ou peut-être que non, mais de toute manière, un jour, bientôt, elle allait dire oui à quelqu'un. Elle était adorable et intrigante, et ça les hommes allaient le remarquer – ils le remarquaient déjà. Qu'elle jette son dévolu sur quelqu'un parmi cette foule terne, ou qu'elle attende d'être libérée de Forks, un jour viendra ou elle dirait oui.Je vis sa vie comme je l'avais fais autrefois – université, carrière...amour, mariage. Je la vis au bras de son père, à nouveau, vêtue de soie blanche et de tulle, son visage rouge de bonheur tandis qu'elle se déplaçait lentement au rythme de la marche de Wagner. La douleur fut plus forte que tout ce que j'avais pu endurer par le passé. Un humain aurait été au bord de l'agonie devant une telle souffrance – un humain ne s'en relèverait pas. Et ce n'était pas uniquement de la douleur, mais aussi, carrément de la . Ma furie avait désespérément besoin d'un exutoire physique. Même si ce garçon ingrat et insignifiant avait peu de chance d'être celui à qui Bella dirait oui, je mourais d'envie d'écraser son crâne entre mes paumes, de le faire payer, lui, à la place de cette personne. Je ne comprenais pas cette émotion – c'était un étrange mélange de douleur, de rage, de désir et de désespoir. Je n'avais jamais ressentit cela auparavant, et je ne pouvais pas mettre un nom dessus. - Mike, je crois que tu devrais accepter. Dis Bella d'une voix douce. Les espoirs de Mike se cassèrent royalement la figure. En d'autres circonstance, cela m'aurait beaucoup amusé, mais j'étais perdu dans le contrecoup de cette douleur – et dans le remords pour l'effet que cette douleur et cette rage avait eu sur moi. Alice avait raison. Je n'étais fort. En cet instant précis, Alice devait sûrement être en train d'observer le futur changer à nouveau de cap pour se retrouver à nouveau dépendant du choix déchirant entre ces deux destinées. Etait-elle satisfaite ?- Tu as déjà choisi quelqu'un ? Demanda soudain Mike. Il me toisa, méfiant envers moi pour la première fois depuis des semaines. Je réalisai trop tard que je m'étais fourvoyé : ma tête était à présent légèrement tournée vers Bella. L'envie sauvage qui envahit ses pensées – une envie envers quiconque serait préféré de Bella – m'aida soudain à mettre un nom sur mon étrange émotion. J'étais jaloux. - Non. Répondit la fille, une trace d'humour dans sa voix. J'ai bien l'intention de sécher le bal. Parmi mes remords et ma colère, je ressentis du soulagement à ses mots. Soudainement, je m'étais mis à dresser la liste de rivaux.- Pourquoi ? Demanda Mike. Son ton avait été presque grossier. Qu'il lui parle de cette manière m'offensait. Je retins un grognement. - Je vais à Seattle, ce samedi là. Répondit-elle. Ma curiosité ne fut pas aussi vicieuse que d'habitude, cette fois, car je savais que j'étais en mesure de la satisfaire. Je saurais le pourquoi du comment de cette nouvelle révélation en temps et en heures. Mike prit un ton dragueur qui me déplut fortement. - Tu ne peux pas choisir un autre weekend ? - Non, désolée. Dis brusquement Bella. En tout cas, tu ne devrais pas faire attendre Jessica plus longtemps. C'est impoli. Sa sollicitude pour Jessica éteignit d'un soudain les flammes de ma jalousie. Cette excursion à Seattle était clairement une excuse pour dire non – avait-elle refusé par pure loyauté envers son amie ? Elle était bien assez altruiste pour ça. Désirait-elle en réalité dire oui ? Ou peut-être était-ce totalement différent : était-elle intéressée par quelqu'un d'autre ? - Ouais, marmonna Mike, tu as raison. Il était tellement démoralisé que j'avais presque pitié de lui. Presque. Il détacha son regard de la jeune fille, interrompant mon angle de vue de son visage par ses pensées. Je n'allais pas tolérer ça. Je me tournai pour voir son visage de mes propres yeux, pour la première fois depuis plus d'un mois. C'était incroyablement soulageant de me permettre cela, comme une bouffée d'air après une longue apnée. Ses yeux étaient clos, et ses mains se pressaient de chaque côté de son visage. Ses épaules étaient légèrement courbées en avant, en position défensive. Elle secoua un peu sa tête, comme si elle essayait de chasser une pensée de son esprit. Frustrant. Fascinant. La voix de M. Banner la tira de ses rêveries, et ses yeux s'ouvrirent lentement, avant de se poser presque immédiatement sur moi, sentant peut-être mon regard. Elle soutint mon regard avec la même expression abasourdie qui m'avait hantée pendant si longtemps. En cet instant, il ne restait plus aucune trace de remord, de culpabilité ou de rage en moi. Je savais que tout cela allait revenir, et revenir bientôt, mais pour le moment je subissais une étrange escalade de nervosité. Un sentiment de victoire, plutôt que de défaite. Elle ne détourna pas les yeux, même si je la fixais avec une intensité inappropriée, essayant vainement de tirer quelque information de son regard de chocolat fondu, un regard plein de question, plutôt de que réponses. Je pus voir mon propre reflet dans ses yeux, et je vis que les miens étaient noircis par la soif. Cela faisait presque deux semaines que je n'avais pas chassé ; je n'avais pas choisi le bon jour pour laisser ma volonté d'écrouler. Mais cette noirceur ne semblait pas l'effrayer. Elle ne détournait toujours pas le regard, et un rose au pouvoir de séduction purement dévastateur vint colorer sa peau. J'avais presque posé ma question à haute voix, mais à ce moment là, M. Banner m'avait appelé. Je dénichai la bonne réponse dans sa tête pendant de que tournai la tête dans sa direction. J'inspirai brièvement - Le Cycle de Krebs. La soif m'écorcha la gorge, banda mes muscles et remplis ma bouche de venin, et je fermais les yeux, essayant de me concentrer malgré le désir que son sang m'inspirait rageusement. Le monstre était plus fort qu'avant. Le monstre se réjouissait. Il embrassait pleinement se futur coupé en deux que je lui avais offert sur un plateau, ce « fifty-fifty » auquel il inspirait si vicieusement. Le troisième, ce future incertain que j'avais tenté de construire par la force de ma seule volonté venait de s'effondrer – détruite par une banale jalousie de surcroit – et à présent, le monstre n'avais jamais été aussi près du but. Le remord et la culpabilité me brulèrent en même temps que la soif, et, s'ils en avaient été capables, mes yeux se seraient remplis de larmes. Qu'avais-je fait ?Sachant que le combat était dors et déjà perdu, il ne semblait plus subsister la moindre raison qui puisse m'empêcher de faire ce que je désirais : je me tournai et la regardai à nouveau. Elle s'était cachée derrière un épais rideau de ses cheveux sombres, mais je pouvais tout de même distinguer entre les mèches que ses joues étaient cramoisie à présent. Le monstre aimait ça. Elle ne croisa pas mon regard à nouveau, mais elle tritura nerveusement l'un de ses cheveux entre ses doigts. Ses doigts fins, son poignet délicat, ils étaient si fragiles, comme si je pouvais les casser d'un simple souffle. Non, non, non. Je ne pouvais pas faire ça. Elle était trop fragile, trop bonne, trop précieuse pour mériter ce sort. Je ne pouvais pas permettre à ma vie d'entrer en collision avec la sienne, et de la détruire. Mais je ne pouvais pas non plus rester éloigné d'elle. Alice avaient raison depuis le début. Le monstre en moi feula de frustration tandis que j'hésitais, considérant d'abord une solution, puis l'autre. Mon heure en sa compagnie passa bien trop vite, alors que je vacillais toujours d'un choix à l'autre. La cloche sonna, et elle commença à rassembler ses affaires sans me regarder. Cela me déçu, mais je ne pouvais rien attendre d'autre de sa part. Mon attitude envers elle depuis l'accident était tout bonnement inexcusable. - Bella. L'appelai-je, incapable de me retenir. Ma volonté tombait déjà en lambeaux. Elle hésita avant de me regarder ; lorsqu'elle se retourna, elle était sur ses gardes, méfiante. Je me rappelai qu'elle avait toutes les raisons du monde de ne pas me faire confiance. Que c'était la meilleures des attitudes qu'elle puisse avoir. Elle attendait que j'ajoute quelque chose, mais je me contentais de la regarder, de lire dans son visage. J'inspirais régulièrement et à petites bouffées, combattant ma soif. - Quoi ? Dit-elle finalement. Tu me parles de nouveau ?Il y avait une pointe de ressentiment dans sa voix qui était, à l'instar de sa colère, attendrissante. Ca me donnait envie de sourire. Je n'étais pas sur de savoir quelle réponse lui donner. Lui reparlai-je, au sens où elle l'entendait ? Non. Pas si je pouvais faire autrement. Et j'allais tout faire pour ça. - Non, pas vraiment. Lui dis-je. Elle ferma les yeux, ce qui me frustra. Elle coupait mon meilleurs accès à ses sentiments. Elle prit une longue, profonde inspiration sans rouvrit les yeux. Ses mâchoires étaient serrées. Ses yeux toujours clos, elle parla. Voilà qui n'était certainement pas un moyen de conversation très répandu chez les humains. Pourquoi s'y prenait-elle de cette manière ? - Alors, qu'est-ce que tu veux, Edward ? Le son de mon nom sur ses lèvres déclencha une réaction étrange dans mon corps. Si mon cœur battait encore, il se serait affolé. Mais comment lui répondre ? Par la vérité, décidai-je. J'allais me montrer aussi fiable que possible avec elle désormais. Je ne voulais pas qu'elle se méfie de moi, même si espérer sa confiance était tout simplement impossible. - Je te prie de m'excuser. Lui dis-je. C'était surement la chose la plus vraie qu'elle n'entendrait jamais de ma part. Malheureusement, je pouvais uniquement m'excuser sur mes crimes les moins graves. - Je ne suis pas très courtois, je sais. Mais c'est mieux comme ça, crois moi. Ca serait encore mieux si je pouvais continuer de me montrer discourtois. Le pouvais-je ? Ses yeux s'ouvrirent, toujours aussi prudents. - Je ne te comprends pas. J'essayais de la mettre en garde autant que possible. - Il vaut mieux que nous ne soyons pas amis. (ça elle pouvait le comprendre, c'était une fille intelligente) Fais-moi confiance. Son expression se durcit, et je me souvins un peu tard que je lui avais déjà demandé sa confiance – juste avant de la trahir. Je tressaillis quand ses dents grincèrent – elle s'en souvenais parfaitement, elle aussi. - Dommage que tu ne t'en sois pas aperçu plus tôt. Dit-elle avec colère. Tu te serais épargné tous ces regrets. Sous le choc, je la fixai. Que savait-elle de mes regrets ? - Des regrets ? De quoi ? - De ne pas avoir laissé cet imbécile de fourgon me réduire en bouillie ! Asséna-t-elle. Je me figeai, abasourdi. Comment pouvait-elle penser cela ? Lui sauver la vie était la seule chose acceptable que j'avais faite depuis que je l'avais rencontrée. La seule chose dont je n'avais pas honte. La seule et unique chose qui me rendait fier d'exister ! Depuis la seconde où j'avais humé son odeur pour la première fois, je m'étais littéralement battu pour la garder en vie. Comment pouvait-elle penser cela de moi ? Comment osait-elle remettre en question mon unique bonne action dans tout ce foutoir ? - Tu penses vraiment que je regrette de t'avoir sauvée ? - Je ne ! Rétorqua-t-elle. Son interprétation de mes intentions me laissait pantois- Tu ne sais rien du tout. Combien le fonctionnement de son esprit était incompréhensible ! Elle ne devait pas raisonner comme les autres humains. Cela pourrait expliquer son silence énigmatique. Elle était entièrement autre. Elle tourna brusquement la tête, ses dents grinçant à nouveau. Ses joues étaient rouges, de colère cette fois. Elle emplira violement ses livres et les tira d'un coup sec vers elle avant de partir en direction de la porte sans m'accorder un regard. Tout aussi irrité que je fusse, je ne pus m'empêcher de trouver sa colère un tantinet divertissante. Elle marchait d'un pas chancelant, sans regarder où elle allait, et se prit le pied dans la chambranle. Elle trébucha, et toutes ses affaires s'étalèrent sur le sol. Au lieu de se pencher immédiatement pour les ramasser, elle resta droite comme un I, sans même regarder par terre, comme si elle n'était pas certaine que ses livres en valaient la peine. Je me démenai pour ne pas rire. Personne ne me regardait : je volai à ses côté et tenais ses livres empilé dans l'ordre avant qu'elle n'eu le temps de regarder par terre. Elle se baissa à moitié, m'aperçut, et se figea. Je lui rendis ses livres, m'assurant qu'aucune parcelle de ma peau glaciale n'entre en contact avec la sienne. - Merci. Dit-elle d'une voix froide, sévère Ce ton fit revenir mon irritation. - De rien. Elle se redressa et partit à grands pas vers son prochain cours. Je la suivi des yeux jusqu'à ce que je ne pus plus voir son visage en colère. Je passai le cours d'Espagnol dans les nuages. Mme Goff ne me reprocha jamais mon inattention – consciente du fait que mon Espagnol était bien supérieur au sien – et me laissa tout loisir de rêverDonc, je ne pouvais ignorer la fille. C'était évident. Mais cela voulait-il forcément dire que je n'avais pas d'autre choix que de la détruire ? Ca ne pouvait pas être le seul avenir possible. Il devait y avoir une autre solution. J'essayai de penser à un moyen de...Je ne prêtai attention à Emmett que vers la fin de l'heure. Il était curieux – Emmett n'était peut-être pas doué pour voir clairement les changements d'humeur chez les autres, lui, mais cela ne l'avait pas empêché de remarquer un changement manifeste chez moi. Il se demandait ce qui avait bien pu ôter mon habituelle humeur massacrante de mon visage. Il chercha à définir ce changement, et décréta finalement que j'avais l'air Plein d'espoir? C'était donc cela que l'on voyait en me regardant ? Je méditai sur l'idée que je me faisais de l'espoir tandis que nous nous dirigions vers la Volvo, me demandant ce que je pouvais bien . Mais je n'eu pas le temps de méditer à ce sujet. Sensible que j'étais à toute pensée se rapportant à la fille, le son du nom de Bella dans la tête de...de mes rivaux, je suppose que je devais l'admettre, attira mon attention. Eric et Tyler, ayant apprit – à leur grande satisfaction – l'échec de Mike, se préparaient à tenter leur chance. Eric était déjà en place, placé près de sa camionnette, là où elle ne pourrait pas le louper. La classe de Tyler était retenue un peu plus longtemps pour recevoir une consigne, et il se dépêchait pour la rattraper avant qu'elle ne s'échappe.Je devais absolument voir ça. - Attend les autres ici, d'accord ? Murmurai-je à Emmett. Il me dévisagea d'un air soupçonneux, puis haussa les épaules et acquiesça. . Pensa-t-il, amusé par mon étrange requête. Je vis Bella arriver du gymnase, et attendis là où elle ne pourrait pas me voir. Alors qu'elle s'approchait de l'embuscade d'Eric, je m'approchai à grands pas, calculant mes pas pour pouvoir arriver à leur niveau pile au bon moment. Je vis son corps se raidir à la vue du garçon qui l'attendait. Elle se figea un moment, puis se détendit et s'approcha. - Salut ! L'entendis-je le saluer d'une voix amicale. Je ressentis alors une soudaine anxiété totalement imprévue. Et si cet adolescent dégingandé et boutonneux lui plaisait ? Eric déglutit bruyamment, faisant rebondir sa pomme d'Adam. - Salut, Bella. Elle ne semblait pas consciente de sa nervosité. - Quoi de neuf ? Demanda-t-elle, déverrouillant sa camionnette sans regarder son air effrayé. - Euh, je me demandais juste...si tu accepterais d'aller au bal avec moi ? Sa voix se brisa. Elle leva enfin les yeux. Etait-elle décontenancée, ou flattée ? Eric ne pouvait pas la regarder dans les yeux, alors je ne pu voir son visage dans son esprit. - Je croyais que c'était aux filles de choisir leur cavalier ? Dit-elle d'une vois troublée. - Euh, ouais. Admit-t-il lamentablement. Ce pitoyable garçon ne m'irrita pas autant que Mike Newton, mais je ne pus pas me résoudre à ressentir la moindre compassion à son angoisse jusqu'à ce que Bella ne lui réponde d'une voix douce. - Je serais à Seattle ce jour là, mais merci quand même. Il avait déjà entendu cela ; pourtant, il était déçu. - Oh, marmonna-t-il, réussissant à peine à lever ses yeux jusqu'au niveau de son nez. Une autre fois peut-être. - C'est ça. Dit-elle. Aussitôt elle se mordit la lèvre inférieure, comme si elle regrettait de lui donner de faux espoirs. Cela me plu beaucoup. Eric baissa les bras et partit – dans la mauvaise direction. Je passai devant elle à ce moment précis, et l'entendis pousser un soupir de soulagement. Je ris. Elle tourna la tête à droite à gauche pour identifier la source du son, mais je me contentai de regarder droit devant moi, essayant de me retenir de sourire d'amusement. Tyler était derrière moi, courant presque pour l'attraper avant qu'elle ne prenne la route pour rentrer chez elle. Il était plus audacieux et plus serein que les deux autres ; la seule raison pour laquelle il n'avait pas approché Bella plus tôt était qu'il avait laissé Mike tenter d'abord sa chance, par respect pour lui. Je voulais qu'il réussisse à parler à Bella pour deux raison. Si – comme je le soupçonnais déjà – son attention n'allais faire que gêner Bella, je voulais avoir le plaisir de regarder sa réaction. Mais, si c'était l'inverse – si l'invitation de Tyler était précisément celle qu'elle espérait – alors je voulais le savoir, également.Je considérais Tyler Crowley comme un rival, tout en sachant que c'était mal. Il me semblait assez transparent et quelconque, mais que savais-je des goûts de Bella ? Peut-être qu'elle aime les garçons transparents...Je tressaillis à cette pensée. Je ne pourrais jamais être un garçon transparent. Qu'il était idiot de me placer moi-même en compétition pour obtenir son affection. Comment pourrait-elle ne serait-ce que de se soucier de quelqu'un qui était, selon toute vraisemblance, un monstre ? Elle était bien trop bonne pour un monstre. J'aurais dû la laisser s'échapper, mais mon inexcusable curiosité eu le dessus. Une fois de plus. En effet, et si Tyler loupait sa chance maintenant, et la contactait plus tard, quand il ne me serait plus possible de connaître le fin mot de l'histoire ? Je fis sortir ma Volvo de la place de parking pour la placer sur l'allée étroite, empêchant Bella de sortir. Emmett et les autres arrivèrent, mais il leur avait décrit mon étrange attitude, et ils marchaient lentement, tout en me regardant, essayant de savoir ce que je faisais. Je regardais la fille dans le rétroviseur. Elle lançait des regards mauvais à l'arrière de ma voiture sans me regarder, comme si elle aurait souhaité être aux volants d'un tank plutôt que d'une Chevrolet rouillée. Tyler se précipita dans sa voiture, et se plaça dans l'embouteillage juste derrière elle, reconnaissant pour mon inexplicable attitude. Il essaya d'attirer son attention, mais elle ne le remarqua pas. Il attendit un moment, puis sortit de sa voiture, et alla taper légèrement sur la fenêtre du côté passager. Elle sursauta, et le regarda avec étonnement. Après une seconde, elle baissa manuellement la vitre, semblant d'ailleurs rencontrer quelques problèmes avec. - Excuse-moi Tyler, dit-elle d'une voix agacée, je suis coincée derrière Cullen. Elle prononça mon nom de famille d'une voix dure – elle était toujours fâché. - Oh, je sais. Dit Tyler, pas perturbé le moins du monde par son humeur, je voulais juste te proposer quelque chose pendant qu'on est bloqué ici. Son sourire était bien trop sur de lui. Je fus content de la voir pâlir devant ses évidentes intentions. - Tu veux bien m'inviter au bal ? Demanda-t-il, persuader d'aller au devant d'une victoire. - Je ne serais pas là Tyler. Répondit-elle, l'irritation perçant toujours dans sa voix. - Ouais, Mike me l'a dit. - Alors pourquoi... ?- J'espérais seulement que c'était une façon sympa de l'éconduire. Dit-il en haussant les épaules. Ses yeux s'écarquillèrent, puis se refroidirent. - Désolée Tyler (elle ne semblait pas désolée du tout), je serais effectivement absente. Il accepta son excuse, son assurance intacte. - Pas grave. Il nous restera toujours le bal de promo. Il retourna dans sa voiture. J'avais eu raison d'attendre. L'expression horrifiée qui s'étalait sur son visage n'avait pas de prix. Ce qui répondit à une question dont je ne devrais pas vouloir à ce point la réponse : permis tous les hommes humains qui la courtisaient, aucun d'eux n'avaient droit à un traitement de faveur. Elle ne ressentait rien pour eux. Il y avait aussi que cette expression était certainement la chose la plus hilarante qu'il m'ait été donné de voir. C'est alors que ma famille arriva, étonné de me voir secoué de rire plutôt qu'en train de fixer avec des envies de meurtre tout ce sur quoi mon regard se posait. Qui a-t-il de si drôle ? Demanda Emmett, curieux. Je secouai ma tête, à nouveau pris d'un fou-rire tandis que Bella faisait rugir son engin à grands bruits. On aurait à nouveau dit qu'elle désirait un tank. - Démarre ! Siffla Rosalie impatiemment. Arrête de faire l'idiot. Si tu en es capable. Ses mots n'eurent aucun effets sur moi – je m'amusais trop. Mais je fis quand même ce qu'elle me dit. Personne ne me parla sur le chemin du retour. Je continuais de pouffer de temps à autre, rependant à la tête qu'avait faite Bella. Alors que l'on sortait de la ville – accélérant maintenant qu'il n'y avait plus de témoins – Alice ruina ma bonne humeur. - Alors, j'ai le droit de parler à Bella maintenant ? Demanda-t-il soudainement, sans m'avertir par une pensée. - Non. Assénai-je. - Ce n'est pas du jeu ! Qu'est-ce que je dois attendre ?- Je n'ai rien décidé, Alice. - C'est inutile, Edward. Dans sa tête, les deux destinées de Bella étaient à nouveau claires comme du cristal.- A quoi ça t'avancerait de la connaître ? Marmonnai-je, soudain morose. Si je vais la tuer ? Alice hésita pendant une seconde. - Tu marques un point, là. Admit-elle. Je pris de dernier virage à cent quarante quatre kilomète heure et pillai pour m'arrêter à un millimètre du mur du garage. - Bon jogging. Dit Rosalie d'un don grinçant alors que je m'extirpais hors de la voiture. Mais je n'allais pas courir cette nuit. J'allais chasser. Les autres s'étaient habitués à aller chasser demain, mais je ne pouvais pas me permettre d'être assoiffé maintenant. J'en fis trop, buvant plus que de raison, m'empiffrant à nouveau – un petit troupeau de cerf et un ours que je fus chanceux de trouver aussi tôt dans l'année. J'étais si plein que c'en était inconfortable. Pourquoi n'était-ce pas assez ? Pourquoi son odeur devait être plus forte que tout le reste ? Je devais chasser pour me préparer au jour suivant, mais, alors que j'étais trop plein pour chasser à nouveau et que le soleil menaçait à chaque heure de percer, je sus que le jour suivant était trop loin. Mes nerfs s'affolèrent lorsque je me rendis compte que j'étais partit rejoindre la fille. Je me disputai avec moi-même tout le long du trajet de retour à Forks, mais ce fut mes moins bons côtés qui l'emportèrent, et je suivis mon plan indéfendable. Le monstre était là, mais bien nourrit. Je savais que je resterais à une distance raisonnable d'elle. Je voulais juste savoir où elle était. Je voulais juste voir son visage. Il était minuit passé, et la maison de Bella était sombre et calme. Sa camionnette était garée à côté de la voiture d fonction de son père sur la place de parking. Il n'y avait pas de pensée éveillée dans les environs. Je regardais la maison pendant un moment depuis la pénombre de la forêt qui longeait la façade est. L'entrée principale devrait probablement être fermée – cela ne poserait aucun problème, excepté qu'il valait mieux que je ne laisse pas de trace de mon passage. Je décidai d'essayer la fenêtre en premier. Presque personne ne se donnait la peine d'y installer des sécurités. Je traversai la route déserte et escaladai la façade en une demi-seconde. Pendu d'une main à l'avant-toit de la fenêtre, je regardais à travers la vitre, et là mon souffle se coupa. C'était sa chambre. Je pouvais la voir dans le petit lit une place, ses couvertures sur le sol et ses draps ondulants autours de ses jambes. Alors que je regardais, elle s'agita et mit un bras sur sa tête. Elle ne ronflait pas, en tout cas pas cette nuit. Avait-elle sentit le danger près d'elle ? La voyant se retourner à nouveau, je me dégoûtais. En cet instant, je ne valais pas mieux qu'un pervers voyeur. Je n'étais rien d'autre. J'étais pire, bien pire. Je détendis mes phalanges, sur le point de me laisser tomber, mais avant cela je m'autorisai un long regard sur son visage. Il n'était pas calme. Le petit creux était à nouveau entre ses sourcils et les coins de ses lèvres étaient tournés vers le bas. Ses lèvres tremblèrent, puis se séparèrent. - Ok, Maman. Murmura-t-elle. Bella parlait dans son sommeil. Ma curiosité bondit, dépassant de loin ma répugnance pour ce que j'étais en train de faire. Cette petite lucarne vers des pensées inconscientes et sans défenses étaient incroyablement tentante. Je testai la fenêtre, elle n'était pas verrouillée, mais elle grinçait, surement qu'elle n'avait pas été ouverte depuis longtemps. Je la fis glisser lentement, terrorisé à chaque petit grincement de la charpente de métal. La prochaine fois, j'amènerai de l'huile...La prochaine fois ? Je secouais ma tête, dégoûté à nouveau. Je me glissai lentement à l'intérieur. Sa chambre était petite – désorganisée mais propre. Il y avait des livres empilés sur le sol à côté de son lit, leur reliure me tournant le dos, et des CD s'étalaient près de son modeste lecteur – le disque du dessus n'était qu'un boité vide. Des piles de papiers entouraient un ordinateur qui mériterait d'avoir sa place dans un musée réservé aux technologies obsolètes. Des chaussures parsemaient le parquet. Je désirais ardemment aller lire les titres de ses livres et de ces disques, mais je m'étais promis de rester à bonnes distances, alors à la place, j'allai m'installer dans un rocking-chair dans un coin de la pièce. L'avais-je vraiment un jour trouvé banale ? Je pensais à ce premier jour, et à mon dégoût pour tous ces garçons immédiatement intrigués par elle. Mais à présent que je me souvenais de la manière dont son visage avait été représenté dans leur esprit, je ne pouvais comprendre pourquoi je ne l'avais pas immédiatement trouvé belle. Ca semblait si évident. A présent que je la regardais – avec ses cheveux sombres ondulants sauvagement autour de son visage pâle, vêtue de son t-shirt élimé et plein de trous et de son vieux pantalon de jogging, ses membres détendu, ses lèvres pleines légèrement entrouvertes – elle me coupais le souffle. Du moins l'aurait-elle fais, pensai-je avec humour, si je respirais. Elle ne parla plus. Peut-être que son rêve était terminé. J'admirais son visage tout en essayant de penser à un moyen de rendre l'avenir supportable.La blesser n'était pas supportable. Cela voulait-il dire que mon seul choix était d'essayer de partir à nouveau ? Les autres ne m'en blâmeraient pas à présent. Mon absence ne mettrait personne en danger. Personne n'aurait de soupçons, personne ne ferait le lien avec l'accident. J''hésitai comme j'avais hésité cet après midi, et rien ne semblait possible. Je ne pouvais pas espérer rivaliser avec les jeunes humains, que ces humains là l'attirent où pas. J'étais un monstre. Comment pourrait-elle me voir autrement ? Si jamais elle venait à savoir la vérité à mon sujet, cela l'effraierait et l'écœurerait. Comme les victimes présumées dans les films d'horreur, elle s'enfuirait en hurlant. Je me souvins de ce premier jour en biologie...oui, elle s'enfuirait ; et elle aurait bien raison. Il était complètement débile d'imaginer que si je l'avais invité à ce bal ridicule, elle aurait annulé ses plans et accepté ma proposition. Je n'étais pas celui à qui elle allait dire oui. C'était quelqu'un d'autre, quelqu'un d'humain et de chaud. Et je ne pourrais même pas me permettre – ce jour là, lorsqu'elle aura dit oui – de le traquer et de le tuer, parce qu'elle le mériterait, qui ce que soit. Elle méritait le bonheur et l'amour plus que quiconque. Je lui devais d'agir pour le mieux à présent. A présent que je ne pouvais plus prétendre être sur le point de l'aimer. Après tout, cela importait peu, si je partais, parce que Bella ne pourrais jamais me voir comme je désirerais qu'elle me vît. Elle ne me verrait jamais comme quelqu'un dont elle pourrait tomber amoureuse. Jamais.Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait encore se briser ? Le mien en semblait capable. - Edward. Dit Bella. Je me figeai, regardant ses yeux clos. M'avait-elle vu, était-elle éveillée ? Elle semblait endormie, mais sa voix avait été si claire...Elle soupira calmement, et bougeant à nouveau, se roulant sur le côté. - Edward...Répéta-t-elle doucement. Elle rêvait de moi.Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait battre à nouveau. Le mien en semblait capable. - Reste. Soupira-t-elle. Ne pars pas. Je t'en prie...ne pars pas. Elle rêvait de moi, et ce n'était même pas un cauchemar. Elle voulait que je reste avec elle, là dans son rêve. Je débattis pour trouver des mots pour nommer les sensations qui se déversèrent en moi, mais aucun mot n'était assez fort pour les contenir. Pendant un long moment, je m'y noyai. Quand je refis surface, je n'étais pas le même homme qu'avant. Ma vie était un minuit éternel et immuable. Pour moi, c'était innévitable, il sera toujours minuit. Alors comment était-il possible que le soleil se lève, là maintenant, au milieu de ce minuit ? A l'instant où je suis devenu vampire, échangeant mon âme et ma mortalité pour l'immortalité la douleur brûlante de la transformation, j'avais été littéralement gelé. Mon corps s'était transformé en quelque chose qui s'apparentait plus à de la pierre qu'à de la chaire, dure et immobile. Ma conscience, aussi, s'était gelée – ma personnalité, mes goûts et mes dégoûts, mes désirs et mes répugnances ; tout c'était figé. C'était la même chose pour chacun de nous. Nous étions tous figés. Des pierres vivantes. Quand un changement survint en nous, c'est une chose rare et permanente. Je l'ai vu chez Carlisle, puis plus tard chez Rosalie. L'amour les changea d'une façon permanente, éternelle. Plus de quatre-vingts ans s'étaient écoulés depuis que Carlisle avait trouvé Esmée, et il continuait à la regarder avec les yeux incrédules du premier amour. Il en sera ainsi pour l'éternité. De même que pour moi. J'allais aimer cette humaine, si fragile et délicate, pour le restant de mon existence sans limite. J'admirais son visage, sentant cet amour pour elle s'encrer dans chaque portion de mon corps de pierre. Elle dormait calmement à présent, un petit sourire aux lèvres. Tout en la regardant, je commençai à comploter. Je l'aimais, alors j'allais essayer d'être assez fort pour la quitter. Je savais que je n'étais pas assez fort pour le moment. J'allais travailler ce point. Mais peut-être étais-je assez fort pour faire changer le futur de cap. Alice avait vu deux avenirs pour Bella, et à présent je comprenais les deux. L'aimer ne m'empêcherais pas de la tuer, si je me laissais faire des erreurs. Je ne pouvais plus sentir le monstre à présent, je ne le trouvais plus, nulle part en moi. Peut-être que l'amour l'avait réduit au silence. A présent, si je la tuais, ce ne serait pas intentionnel, seulement un effroyable accident. J'allais devoir être extrêmement prudent. Je ne devrais jamais, jamais baisser ma garde. J'allais devoir contrôler chacune de mes inspirations, chacun de mes mouvements. J'allais devoir respecter une permanente distance de sécurité. Je n'allais pas faire d'erreur. Je compris enfin le second futur. J'avais été dérouté par cette vision – que pouvait-il bien se passer pour que Bella se retrouve prisonnière de cette demi-vie immortelle ? Mais à présent – dévasté de désir pour cette fille – je pouvais comprendre comment je pourrais, dans un élan d'impardonnable égoïsme, implorer mon père de me faire cette faveur. L'implorer de lui prendre et sa vie et son âme pour que je puisse la garder près de moi pour toujours. Elle méritait mieux. Mais je vis un autre avenir, un fil extrêmement fin et fragile sur lequel je pourrais peut-être marcher, si je savais garder l'équilibre. Pouvais-je faire cela ? Etre avec elle et la garder humaine ?Délibérément, je pris une profonde inspiration, puis une autre, laissant son arôme de déchirer comme un feu sauvage. Sa chambre débordait de son parfum, sa fragrance restait accrochée à chaque objet. Ma tête me tournait mais je combattis le vertige. Je devais m'y habituer, si je voulais essayer d'avoir une quelconque relation avec elle. Je pris une autre bouffée d'air brûlant. Je la regardais dormir jusqu'à ce que le soleil se lève derrière les nuages à l'est, complotant contre moi. ***Je rentrai à la maison juste après le départ des autres pour le lycée. Je me changeai rapidement, ignorant le regard interrogateur d'Esmée. Elle avait vu comme mon visage rayonnait, et cela l'avait rendue tant soulagée qu'inquiète. Ma longue mélancolie lui avait fait de la peine, et elle était heureuse de voir que ma douleur semblait s'en être allée. Je couru jusqu'au lycée, arrivant quelque secondes après mes semblables. Ils ne se retournèrent pas, alors qu'Alice savait au minimum que je me tenais dans le bois qui longeait la chaussée. J'attendis que personne ne regarde, puis sortit du bois comme si de rien n'était pour arriver au milieu des nombreuses voitures garées. J'entendis la camionnette de Bella gronder près du virage, et m'arrêtais derrière une Suburban, d'où je pouvais voir sans être vu. Elle roula en direction du parking, fixant ma Volvo un long moment avant de se garer à l'une des places les plus éloignées de ma voiture, en fronçant les sourcils. Il était étrange de se rappeler qu'elle était probablement toujours fâchée contre moi, et avec de bonne raisons. J'avais envie de me moquer de moi – ou de me gifler. Tout mon complot ainsi que mes plans étaient entièrement caduc si de son côté elle n'éprouvait rien pour moi, n'est-ce pas ? Son rêve avait sûrement dû porter sur quelque chose que complètement banal. Je n'étais qu'un crétin arrogant. De toute façon, il valait mieux pour elle qu'elle ne ressente rien pour moi. Cela ne m'empêcherait pas de la harceler, mais ça l'avertirait en tout cas que je la harcelai. Je lui devais bien ça. J'avançais dans sa direction silencieusement, me demandant quel était le meilleur moyen de l'approcher. Elle ma facilita la tâche. Les clés de sa voiture glissèrent de ses doigts alors qu'elle sortait de sa camionnette, et tombèrent dans une flaque d'eau. Elle se pencha, mais j'arrivai le premier, les attrapant avant qu'elle n'eu a plonger ses doigts délicats dans l'eau froide. Je m'adossai à sa camionnette pendant qu'elle se redressait avant de se raidir. - Pour quelle raison as-tu fait ça ? Brailla-t-elle.Oui, elle était toujours fâchée. - Fait quoi ? Demandai-je en lui tendant ses clés. Elle tendit sa main, et je laissai tomber les clés dans sa paume. Je pris une profonde inspiration, engloutissant son odeur. - Surgi à l'improviste. Précisa-t-elle- Bella, je ne suis quand même pas responsable si tu es particulièrement inattentive. Mes paroles étaient humoristiques, c'était presque une blague. Y'avait-il quelque chose qu'elle ne remarquait pas ? Avait-elle remarqué, par exemple, comme ma voix avait enveloppé son nom, comme une caresse ? Elle me regarda, n'appréciant pas mon humour. Son rythme cardiaque s'emballa – de colère ? De peur ? Après un moment, elle regarda le sol. - Pourquoi ce bouchon, hier soir ? Demanda-t-elle, sans me regarder. Je croyais que tu étais censé te comporter comme si je n'existais pas, pas t'arranger pour m'embêter jusqu'à ce que mort s'ensuive. Très fâchée. J'allais faire un effort pour arranger les choses avec elle. Je me souvins avoir résolu d'être digne de confiance...- Je rendais service à Tyler, histoire de lui donner sa chance. Puis je ris. Je ne pus m'en empêcher, repensant à la tête qu'elle avait faite. - Espèce de...haleta-t-elle, puis elle s'interrompit, apparemment trop furieuse pour finir. La voilà : cette expression, exactement la même. Je me retins un nouveau rire. Elle était déjà assez hors d'elle comme ça. - Et je ne prétends pas que tu n'existes pas. Finis-je. C'était ainsi que je devais m'y prendre : rester sur le ton de la conversation, la taquiner. Elle ne comprendrait pas si je lui montrais mes véritables sentiments. Ca l'effraierait. Je devais maîtriser mes sentiments, garder les choses au clair. - C'est donc bien ma mort que tu souhaites, puisque le fourgon de Tyler n'y a pas suffit !Un éclair de colère me traversa. Pouvait-elle réellement penser une chose pareille ? Il était irrationnel de ma part d'être si offensé – elle ne savait rien de la transformation qui s'était opéré en moi durant la nuit. Mais j'étais tout de même en colère. - Bella, tu es complètement absurde. Assénai-je. Elle rougit et me tourna le dos. Elle commença à s'éloigner. Remords. Je n'avais pas le droit de lui en vouloir. - Attends ! suppliai-je. Elle ne s'arrêta pas, alors je la rattrapai.- Désolé pour ces paroles désagréables. Non qu'elles soient fausse (parce qu'il était absurde de penser que je puisse vouloir sa mort) mais je n'étais pas obligé de les dire. - Et si tu me fichais la paix, hein ? voulais-je lui répondre, j'ai essayé. Et, à propos, je suis désespérément amoureux de toi.Reste clair. - Je voulais juste te poser une question, c'est toi qui m'as fais perdre le fil. Dis-je en riant. Je venais d'avoir une idée lumineuse. - Souffrirais-tu d'un dédoublement de la personnalité ? Demanda-t-elle. Cela y ressemblait fort, en effet. J'étais plutôt lunatique, à cause de toutes ces nouvelles émotions qui me traversaient. - Voilà que tu recommences. Lui fis-je remarquer. - Très bien, soupira-t-elle. Vas-y, pose-la, ta question. - Je me demandais si, samedi de la semaine prochaine... (je vis je choc traverser son visage, et retint un autre rire), tu sais, le jour du bal...Elle m'interrompit, me regardant enfin dans les yeux. - Essaierais-tu d'être drôle, par hasard ? Oui ! - Et si tu me laissais terminer ? Elle attendit en silence, ses dents mordant doucement sa lèvre inférieure. Cette vue attira mon attention pendant une seconde. Cela provoqua d'étranges réactions au plus profond de mon enveloppe charnelle jusqu'alors oubliée. Je tentai de les mettre de côté pour pouvoir me concentrer sur mon rôle. -J'ai appris que tu allais à Seattle, ce jour là, et j'ai pensé que tu avais peut-être besoin d'un chauffeur. Lui proposais-je. Je réalisai que, mieux que de l'interroger sur ses projets, je lui demandais de m'i dedans.Elle me regarda, choquée.- Quoi ? - As-tu envie qu'on t'accompagne là bas ? Seul dans une voiture avec elle...ma gorge me brûla à cette seule pensée. Je pris une longue inspiration. Prend en l'habitude...- Qui donc ? Me demanda-t-elle, ses yeux montrant nouveau cette expression abasourdie. - Moi, évidemment. Dis-je lentement. - Pourquoi ? Etait-il vraiment aussi étonnant que je veuille passer du temps avec elle ? Elle avait vraiment dû interpréter mon ancienne attitude de la pire manière qu'il soit. - Disons, dis-je aussi naturellement que possible, que j'avais l'intention de me rendre à Seattle dans les semaines à venir et, pour être honnête, je ne suis pas persuadé que ta camionnette tiendra le coup. Il semblait plus prudent de continuer à la taquiner plutôt que de me permettre d'être sérieux. - Ma camionnette marche très bien, merci beaucoup. Dit-elle de la même voix surprise. Elle recommença à marcher. Je ne la lâchai pas d'une semelle. Elle n'avait pas vraiment dit non, alors j'insistai. Dirait-elle non ? Que ferais-je si elle refusait ?- Mais un seul réservoir te suffira-t-il ? - Je ne vois pas en quoi ça te concerne. Ce n'était toujours pas un non. Et son cœur recommençait à s'emballer, sa respiration à s'accélérer. - Le gaspillage des ressources naturelles devrait être l'affaire de tous. - Franchement, Edward ! Ton comportement m'échappe. Je croyais que tu ne désirais pas être mon ami. Un frisson de ravissement de prit quand elle prononça mon nom. Comment pouvais-je répondre clairement à cela tout en restant honnête ? Bon, il était plus important que je sois honnête. Au moins en ce qui concerne ce sujet. - J'ai dis que ce serait mieux que nous ne le soyons pas, pas que je n'en avais pas envie. - Ben tiens ! Voilà qui éclaire ma lanterne ! railla-t-elle. Elle s'arrêta, sous l'auvent de la cantine, et rencontra mon regard à nouveau. Son cœur d'affola. Avait-elle peur ? Je pris un grand soin à choisir mes mots. Non, je ne pouvais la quitter, mais peut-être serait-elle assez intelligente pour me quitter, elle, avant qu'il ne soit trop tard. - Il serait plus... pour toi de ne pas être mon amie. Puis, en plongeant dans les profondeurs de chocolat fondu de ses yeux, je perdis ma désinvolture. Les mots que je prononçai en suite brûlèrent d'une trop grande ferveur.- Mais j'en ai assez d'essayer de t'éviter, Bella. Elle arrêta de respirer et, vu le temps qu'elle mit avant de recommencer, cela m'inquiéta. Combien l'avais-je effrayée ? Eh bien, j'allais avoir la réponse. - Viendras-tu à Seattle avec moi ? Demandais-je sans cérémonie. Elle acquiesça, son cœur battant la chamade. Oui. Elle m'avait dit oui. A moi !Puis ma conscience refit surface. Combien cela allai-t-il lui coûter ? - Tu devrais vraiment garder tes distances. La prévins-je. M'avait-elle entendu ? Echappera-t-elle au futur qui la menaçait ? Pouvais-je faire quoi que ce soit pour la protéger de moi-même ?Reste clair. M'ordonnai-je. - On se voit en cours. Je dû me concentrer pour m'empêcher de courir alors que je m'enfuyais. appera-t-elle au futur qui la menaçait ? Pouvais-je faire quoi que ce soit pour la protéger de moi-même ?Reste clair. M'ordonnai-je. - On se voit en cours. Je dû me concentrer pour m'empêcher de courir alors que je m'enfuyais.
 


 
 
le 13-02-2009 11:41

Midnight sun-chapitre 4

Chapitre 4 : VisionJe retournai en cours. C'était la meilleure chose à faire, celle qui attirerait le moins les regards sur moi. Vers la fin de la journée, presque tous les autres élèves étaient également de retour au lycée. Seuls Tyler et Bella ainsi que quelques autres – qui avaient certainement dû profiter de l'accident pour sécher – furent notés absents. Il n'aurait pas du être si difficile pour moi d'agir pour le mieux. Pourtant, tout l'après midi, j'en étais à grincer des dents tellement je devais me faire violence pour ne pas sécher à mon tours – pour retrouver la fille. Comme un traqueur. Un traqueur obsessionnel. Un vampire, traqueur obsessionnel. Aujourd'hui l'école fut – était-ce possible ? – encore plus ennuyante qu'elle l'avait été il y a tout juste une semaine. Comme si j'étais dans le coma. Comme si les briques, les arbres, ciel et les visages autour de moi avaient perdus toute couleur....je me perdis dans la contemplation des fissures dans les murs. Il y avait autre chose que j'aurais dû faire...et que je ne faisais pas. Bien sûr, c'était aussi quelque chose de mal. Tout dépendait du point de vue qu'on adoptait. Du point de vue d'un Cullen – pas juste d'un vampire, mais d'un Cullen, un membre d'une famille, spécimen rare dans notre monde – la meilleure chose à faire aurait sûrement ressemblé à quelque chose de ce genre : - Voilà comment ça aurait du se passer. Voilà mon devoir envers ma famille. - Je suis étonné de vous voir en classe, Edward. J'ai appris que vous aviez été impliqué dans ce terrible accident de ce matin. - Je n'ai pas été blessé. Pas de sourire. M. Banner balança mon poids d'une jambe à l'autre, mal à l'aise. - Vous avez une idée de l'état de Tyler Crowley et de Bella Swan. J'ai entendu qu'ils étaient blessés. - Je ne vois pas comment je pourrais le savoir. Rétorquai-je avec un haussement d'épaules M. Banner s'éclaircit la gorge. - Heu...bon. Dit-il, et sa tension transparaissait clairement dans sa voix : ma froideur le rendait nerveux. Il retourna à grand pas au tableau et commença sa lecture. C'était la mauvaise chose à faire. Sauf si vous voyiez la situation sous un tout autre angle, plus obscure. Il aurait juste été si...si peu chevaleresque de poignarder cette fille dans ses dos, particulièrement alors qu'elle se montrait bien plus digne de confiance que j'eu pu l'espérer. Elle n'avait absolument rien dit pour me trahir, alors qu'elle avait toute les raisons du monde de le faire. Pourquoi trahirai-je quelqu'un qui n'avais rien faire d'autre que garder mon secret ? J'eu presque mot pour mot la même conversation avec Mme Goff – en Espagnol cette fois seulement – et Emmett me gratifia d'un long, long regard. J'espère que tu as une bonne excuse pour ce qu'il s'est passé ce matin. Rose est sur le point de déclarer une guerre.Je levai les yeux au ciel sans le regarder. En fait, j'avais l'excuse parfaite pour ça. Supposons juste que je n'avais rien fait pour empêcher le fourgon d'écraser la fille...et cette simple pensée fit frissonner de dégoût. Mais si je n'avais rien fait, si elle avait été blessée, meurtrie, si elle s'était mise à saigner, si son fluide rouge s'était rependu sur le béton, si l'odeur de son sang frais avait envahit l'atmosphère...Je frissonnai à nouveau, mais pas seulement d'horreur. Un part de moi était transi de désir. Non, je n'aurais pas été capable de la regarder se vider de son sang sans nous exposer d'une manière bien plus flagrante...et choquante. Cela sonnait comme l'excuse parfaite...mais je n'avais pas l'intention de l'utiliser. J'avais trop honte. Et d'ailleurs, cette n'excuse ne m'était venue que bien longtemps après les faits. me prévint Emmett, sans se préoccuper de mes rêveries. Je vis clairement ce qu'il voulait dire par là, et pendant un moment les contours de la pièce se mirent à danser autour de moi. Ma rage était telle qu'un voile rouge m'obscurcissait la vision. J'étais sur le point d'exploser. Hurla Emmett dans sa tête. Sa main s'abattit sur mon épaule, me maintenant sur ma chaise avant que je pus me lever d'un bond. Il n'utilisait que très rarement toutes ses forces – il en avait rarement besoin, étant donné qu'il était bien plus fort que n'importe lequel des vampires qui nous avait été donné de rencontrer – mais c'était pourtant ce qu'il faisait maintenant. Il agrippa mon bras, au lieu de m'enfoncer dans ma chaise. S'il avait agit ainsi...la chaise n'aurait pas résisté. DU CALME ! M'ordonna-t-il. J'essayais de me calmer, mais c'était difficile. La rage enfumait mon cerveau. Je me concentrai pour me calmer, et sentit la main d'Emmett relâcher la pression. Je pris une profonde inspiration et Emmett me lâcha. Je regardai autour de moi, par habitude, mais notre confrontation avait été si calme et si silencieuse que seulement quelques personnes assises derrière Emmett avaient remarqué. Ils n'en avaient strictement rien à faire, et passèrent outre bien vite. Les Cullen étaient des monstres – ce n'était un scoop pour personne. Ajouta Emmett avec sympathie. - Va te faire mordre. Grommelai-je à voix basse, et j'entendis un petit rire discret. Emmett ne supportait pas de faire quelque chose à contrecœur, et je devrais probablement me montrer un peu plus reconnaissant pour son caractère facile à vivre. Mais je pouvais clairement voir ce que les intentions de Jasper signifiaient pour Emmett, et qu'il considérait sans aucun problème que c'était ainsi que les choses devaient finir. Ma rage bouillonnait en moi, et il était difficile de garder le contrôle. Certes, Emmett était plus fort que moi, mais il ne réussissait toujours pas à me battre à un match de lutte. Il avait beau clamer haut et fort que c'était parce que je trichais, mais lire dans les penser faisait tout autant partit de moi que son immense force faisait partit de lui. Nous nous battions toujours à armes égales. Un combat ? Etait-ce là que cela devait mener ? Etais-je prêts à me battre contre ma famille pour une humaine que je connaissais à peine ? Je méditais cela pendant un moment, mettant d'un côté la sensation de fragilité que j'avais ressentit lorsque je tenais son corps fêle dans mes bras, et d'un autre côté Jasper, Rose, Emmett : une force et une rapidité surnaturelle, des machines à tuer par nature. Oui, je me battrais pour elle. Contre ma famille. Je tressaillis. De toute façon il n'était pas juste de la laisser sans défense alors que j'étais celui qui l'avait mise en danger. Mais je ne pouvais pas non plus gagner seul contre eux trois, et je me demandais quels seraient mes alliés. Carlisle, sans aucun doute. Il ne se battrait peut-être pas, mais il ne serait pas d'accord avec le dessein de Rose et de Jasper. C'était ce dont j'avais le plus besoin. Je pouvais aussi entrevoir...J'avais des doutes pour Esmée. Elle ne se battrait jamais contre moi, et elle aurait en horreur d'être en désaccord avec Carlisle, mais elle dirait amen à n'importe quel plan pourvu qu'il garde la famille intacte. Sa première priorité ne serait pas la droiture, mais moi. Si Carlisle était l'âme de cette famille, alors Esmée en était certainement le cœur. Il nous avait donné un leader qui méritait allégeance, elle avait fait de cette allégeance un acte d'amour. Nous nous aimions tous les uns les autres – même si pour l'instant tout ce que je ressentais pour Jasper et Rose se résumait à de la fureur, même si je projetais de me battre contre eux pour sauver cette fille, je savais que je les aimais. Pour ce qui était d'Alice...je n'en avait pas la moindre idée. Tout dépendait probablement de ce qu'elle verrait venir. Je suppose qu'elle se mettrait du côté du vainqueur. Donc, en définitive, il allait sûrement que je me débrouille tout seul. Je ne ferais surement pas le poids face à eux, mais je n'avais pas l'intention de laisser cette fille souffrir à cause de moi. Il allait sûrement falloir que je l'enlève...Ma rage s'émoussa un peu par un élan soudain d'humour noir. Je pouvais aisément imaginer comment cette fille réagirait si je la kidnappais. C'est vrai, j'étais bien souvent à côté de la plaque lorsque je faisais des suppositions avec elle, mais pouvait-elle réellement réagir autrement que par la terreur ? De toute manière, je n'étais même pas certain de pouvoir réussir cela – la kidnapper. Je ne serais sûrement pas capable de rester proche d'elle très longtemps. Peut-être devrais-je juste la rendre à sa mère. Mais même ça restait dangereux. Pour elle. Dangereux pour moi également, réalisai-je soudainement. Si jamais je la tuais par accident...je n'étais pas certain de la peine que ça me ferait, mais je savais que ça couvrirait de nombreuses facettes tout en étant très intense. L'heure passa à une vitesse incroyable tandis que je tentais de regarder la situation sous tous les angles : la discussion qui m'attendait à la maison, le conflit avec ma famille, et les mesures que je serais forcé de prendre après tout cela... Et bien, je ne pouvais désormais plus me plaindre que ma vie était monotone, en dehors de ce lycée du moins. Bella avait changé tout cela. Emmett et moi nous dirigeâmes silencieusement vers la voiture quand la sonnerie retentit. Il était inquiet à mon sujet, et aussi pour Rosalie. Il savait quel camp il allait devoir prendre dans cette querelle, et cela l'ennuyait. Les autres attendaient dans la voiture, silencieux eux aussi. Nous formions un groupe très calme. La seule chose que je pouvais entendre était les pensées hurlant. Espèce d'idiot lunatique ! Débile ! Crétin ! Sale égoïste de con irresponsable ! Rosalie garda tout le long du trajet un constant flot d'injures à la surface de son mental. Ce rendit plus difficile la lecture des autres esprits, mais je fis ce que je pus pour l'ignorer. Emmett avait raison en ce qui concerne. Il était déterminé. Alice était troublée, inquiète pour Jasper, à cause de ce qu'elle avait vu. Quelque soit les moyens mis en œuvre par Jasper pour arriver jusqu'à la fille, Alice me voyait toujours là, le bloquant. Intéressant...ni Rosalie ni Emmett n'intervenaient dans ses visions. Alors comme ça Jasper allait faire cavalier seul. Ca changeait toutJasper était de loin le meilleur combattant de nous tous. Mon unique avantage consistait en ce que je pouvoir prévoir ses déplacements avant qu'il les exécute. Je n'ai jamais réellement combattu Jasper, ou Emmett – ce n'était jamais rien d'autre que du chahut. Le simple fait de m'imaginer en train de le blesser me rendait malade. Non. Non, pas ça. Je le bloquerais. C'était tout. Je me concentrai sur Alice, mémorisant les différents plans d'attaque de Jasper. Mais à l'instant où je pris cette résolution, ses visions se déplacèrent, s'éloignant de plus en plus de la maison des Swan. Elle prévoyait que je lui couperais la route plus tôt. Je ne répondis pas, mais continuai à scruter ses visions. Elle commençait à chercher plus loin, dans le royaume brumeux et incertain des possibilités lointaines. Tout n'était qu'ombres et flou indistinct. Tout le long du trajet de retour, le silence pesant n'en démordit pas. Je me garai dans le vaste garage familial. On y trouvait la Mercedes de Carlisle, à côté de la grosse Jeep d'Emmett, de la M3 de Rose et de ma Vanquish. J'étais content que Carlisle soit déjà rentré – ce silence risquait fort d'exploser, et je voulais qu'il soit là lorsque ça arriverait. Nous allâmes directement dans la salle à manger. Cette pièce n'était, évidemment, jamais utilisée pour son rôle initial. Elle était pourtant meublé avec une longue table en acajou et cernée de chaise. Nous étions très scrupuleux de respecter les usages, que tout soit à sa place pour mieux tromper les évidences. Carlisle aimait utiliser cette pièce comme salle de conférence. Dans un groupe constitué de tant de fortes personnalités, il était nécessaire de poser les choses calmement, de s'asseoir et de discuter. J'avais pourtant le pressentiment que cette petite réunion n'allait pas aider aujourd'hui. Carlisle s'assit à sa place habituelle, à l'extrémité est de la pièce. Esmée était à côté de lui, et leur main jointe étaient bien visibles, en bout de table. Les yeux d'Esmée étaient sur moi, leurs profondeurs dorées pleine de sincère inquiétude. Etait sa seule pensée. Je souhaitais de tout mon cœur pouvoir sourire à cette femme que je considérais depuis des décennies comme ma mère, mais je ne pouvais me permettre de me rassurer pour l'instant. Je m'assis de l'autre côté de Carlisle. Esmée passa sa main libre autour de lui pour pouvoir la poser sur mon épaule. Elle s'encra dans mon regard, sa jamais le quitter. Emmett s'assit à côté d'elle ses pensées toutes aussi empreintes d'ironie que son visage. Jasper hésita, puis alla s'adosser au mur à côté de Rosalie. Il était décidé, quelque soit ce qui sortirait de la discussion qui allait suivre. Mes mâchoires se verrouillèrent. Alice fut la dernière à entrer, et ses yeux étaient concentrés sur quelque chose loin dans le future, trop indistinct pour qu'elle puisse l'utiliser. Sans sembler y penser, elle s'assit près d'Esmée. Elle massa ses tempes comme si elle avait une migraine. Jasper devint mal à l'aise et se demanda s'il ne devait pas la rejoindre, mais il ne bougea pas. Je pris une profonde inspiration. C'était à moi de commencer – je devais parler le premier. - Je suis vraiment désolé. Dis-je, regardant tout d'abord Rose, puis Jasper et enfin Emmett. Je n'avais pas l'intention de vous faire courir le moindre risque. C'était irréfléchi, et je prends l'entière responsabilité de ce qui a été fait. - Quesque tu veux dire par « que prends l'entière responsabilité » ? Répliqua Rosalie en me toisant d'un œil torve. Tu as l'intention d'arranger les choses ? - Pas dans le sens où tu l'entends. Répondis-je, faisant un effort pour garder ma voix égale et calme. Je consens à partir sur-le-champ si ça peut aider Nuançai-je dans ma tête. - Non. Murmura Esmée. Non, Edward. - C'est juste l'histoire de quelques années. La consolai-je en lui tapotant la main. - Mais Esmée a raison. Dit Emmett. Tu ne peux aller nulle part maintenant. Ca serait le contraire d'aider. Nous avons besoin de savoir ce que les gens pensent, plus que jamais. - Alice intercepterai tout évènement majeur. Carlisle secoua sa tête. - Je pense qu'Emmett a raison, Edward. Cette fille parlera plus facilement si tu n'es plus dans les parages. Soit nous partons tous, soit nous restons tous. - Elle ne dira rien. Insistai-je vivement.Rose était sur le point d'exploser, et je voulais qu'avant que ça se produise je puisse mettre en valeur ce fait. - Tu ne peux pas lire dans ses pensées. Me rappela Carlisle- Je le sais. Alice, soutient moi !Alice me lança un regard las. - Je ne peux pas voir ce qu'il va venir si on se contente de faire comme si rien ne s'était passé. Dit-elle en lançant un regard à Rose et Jasper. Non, elle ne pouvait voir ce future – pas tant que Rosalie et Jasper ne s'étaient décidés à ignorer l'incident. La paume de Rosalie s'abattit violement sur la table de bois. - Nous ne pouvons nous permettre de donner la moindre chance à cette humaine de parler. Carlisle tu dois savoir ça. Même si nous décidons de disparaître, laisser des rumeurs derrières nous n'est pas bon. Nous vivons déjà si différemment du reste de notre race – tu sais qu'il y a ceux qui n'attendent qu'une excuse pour nous montrer du doigt. Nous devons être plus prudent que quiconque d'autre ! - Nous avons déjà laissé des rumeurs derrière nous. Lui rappelai-je - Juste des rumeurs et des soupçons, Edward. Pas des témoins oculaires et des preuves !- Des preuves ! Lançai-je d'un ton dubitatif. Mais Jasper acquiesçai, le regard glacial. - Rose...- Laisse-moi finir Carlisle. On n'a pas besoin de faire dans le grand spectacle. Cette fille s'est cognée la tête aujourd'hui. Alors peut-être que son traumatisme était plus grave qu'on le croyait. Continua-t-elle en haussant les épaules. Tous les mortels vont se coucher en prenant le risque de ne jamais se réveiller. Les autres attendent de nous que nous nettoyions ça nous même. Techniquement, c'est le boulot d'Edward, mais c'est manifestement au dessus de ses forces. Tu sais que je suis capable de me contrôler. Je ne laisserai aucun indice derrière moi. - Oui, grondai-je, Rosalie nous connaissons tous parfaitement tes talents d'assassin. Elle feula dans ma direction, furieuse. - Edward, s'il te plait. Dis Carlisle, puis il ajouta, se tournant vers Rosalie : Rosalie, j'ai donné mon accord pour ce qu'il s'est passé à Rochester parce que j'avais le sentiment que tu méritais de te faire justice. L'homme que tu as tué t'avait infligé un traitement monstrueux. Ce n'est pas la même situation. La fille Swan est un innocent. - Ce n'est pas personnel, Carlisle. Dit Rosalie entre ses dents. C'est pour notre protection à tous.Il y eu un bref instant de silence durant lequel Carlisle pensa à ce qu'il allait répondre. Lorsqu'il hocha la tête pensivement, les yeux de Rosalie s'allumèrent. Elle n'aurait pas dû s'y laisser tromper. Même si je n'avais pas été capable de lire dans ses pensées, je pouvais d'ors et déjà anticiper ce qu'il allait dire. Carlisle ne faisait jamais de compromis avec ses principes. - Je sais que tu as de bonnes intentions Rosalie, mais...j'aimerais vraiment que notre famille fonde sa protection sur des Les...accidents occasionnels et les défaillances de notre maitrise de soi est une regrettable partie de ce que nous somme.C'était tout lui ça : s'inclure dans le pluriel alors que lui-même n'a jamais commis de faux pas. - Néanmoins, continua-t-il, assassiner un enfant innocent de sang froid me paraît une toute autre chose. Je pense que le risque qu'elle représente, qu'elle fasse part de ses soupçons à un tiers ou non, n'est rien à côté d'un risque encore plus grand. Si nous commençons à faire des concessions pour notre propre protection, nous risquons bien pire que le qu'en-dira-t-on. Nous risquons de perdre de vue ce que nous sommes, qui nous sommes, notre essence. Je surveillai prudemment mon expression. Je ne voulais pas qu'on me surprenne en train d'afficher un large sourire. Ou en train d'applaudir, puisque c'était ce dont j'avais le plus envie pour le moment. Rosalie se refrogna- C'est juste une preuve de responsabilité- Non, corrigea calmement Carlisle, c'est une preuve d'insensibilité. Chaque vie est précieuse. Rosalie soupira lourdement et sa lèvre inférieure partit en avant. Emmett lui tapota l'épaule. - Tout ira bien Rose. L'encouragea-t-il à voix basse. - La question est donc : continua Carlisle, devons-nous partir ou pas ? - Non. Gémit Rosalie. On vient à peine de s'installer. Je ne veux pas encore recommencer la Terminale. - Evidemment, vous n'êtes pas obliger de changer d'âge. Précisa Carlisle. - Pourquoi partir si vite ? Carlisle haussa les épaules. - J'aime cet endroit ! S'écria-t-elle. Avec si peu de soleil, on peu presque vivre normalement !- Et bien, rien ne nous force à prendre une décision aujourd'hui. Nous pouvons attendre de voir si c'est vraiment nécessaire. Edward semble certain que la fille Swan tiendra sa langue. Rosalie émit un rire septique. Mais je ne me préoccupais plus de Rose désormais. Je pouvais clairement voir qu'elle se soumettrait à la décision de Carlisle, peu importait combien cela la rendait furieuse. Ils commencèrent à aborder des points de détails peu importants. Jasper ne semblait pas ému le moins du monde. Je comprenais pourquoi. Avant que lui et Alice ne se rencontrent, il avait vécu dans une zone de combats, un théâtre de la guerre. Il savait ce qu'il arrivait lorsqu'on faisait fit des règles. Il avait vu les sinistres conséquences de ses propres yeux. Cela expliquait pourquoi il n'utilisait pas ses pouvoirs pour calmer Rosalie, ni pour l'exciter encore plus. Il se plaçait au dessus de cette conversation, il la surplombait. - Jasper. Dis-je. Il rencontra mon regard, le visage dénué d'expression. - Elle ne payera pas pour mes erreurs. Je ne le permettrais pas. - Elle en a bénéficié largement, de cette erreur, non ? Elle aurait dû mourir ce mati, Edward. Je ne ferais rien d'autre que remettre les choses à leurs places.Je répétai, soulignant chaque mot. - Je ne le permettrais pas. Il haussa les sourcils. Il ne s'attendait pas à ça – que je me mette en tête de l'arrêter. - Je ne laisserais par Alice courir le moindre danger, dit-il en secouant la tête. Même un tout petit danger. Tu ne ressens pour personne ce que je ressens pour elle, Edward, et tu n'as pas eu à endurer ce que j'ai enduré, que tu ai vu mes souvenirs ou pas. Tu ne comprends pas. - Je ne contredis pas cela, Jasper. Tout ce que je te dis, c'est que je ne te laisserais pas toucher à un seul des cheveux d'Isabella Swan. Nous nous dévisageâmes mutuellement –sans nous toiser, nous nous contentions de sonder les intentions de l'autre. Je le sentis goûter l'arome de mon humeur autour de moi, pour tester ma détermination.- Jazz. Nous interrompit Alice. Il soutint mon regard un instant de plus, avant de tourner les yeux vers elle. - Ne me dis pas que tu peux te défendre seule, Alice. Je sais déjà cela. Cependant j'ai bien l'intention de... - Ce n'était pas ce que je voulais te dire. L'interrompit Alice. Je voulais te demander une faveur. Je vis ce qu'elle avait dans la tête, et ma bouche tomba béante de stupeur avec un halètement parfaitement audible. Je la fixai, choqué, vaguement conscient que tout ce monde en dehors d'Alice et de Jasper me dévisageai prudemment. - Je sais que tu m'aimes. Merci. Mais j'apprécierais sincèrement que tu n'essaies pas de tuer Bella. Premièrement, parce qu'Edward est sérieux et que je ne veux pas que vous vous battiez. Deuxièmement, elle est mon amie. Du moins, elle va le . C'était clair comme de l'eau de roche dans son esprit : Alice, tout sourire, avec son bras blanc et glacé autour des épaules frêles et chaudes de la fille. Et Bella, souriante également, son bras glissé autour de la taille d'Alice. Cette vision était solide comme du roc, ce n'était plus qu'une question de temps. - Mais...Alice...haleta Jasper.Je ne réussi pas à tourner ma tête pour voir la tête qu'il faisait. Je ne pouvais tout simplement pas m'arracher cette image dans la tête d'Alice.- Je vais finir par l'aimer, Jazz. Et je crois que je t'en voudrais vraiment beaucoup si tu empêchais ça. J'étais toujours verrouillé sur l'esprit d'Alice. Je vis le futur miroiter tandis que les résolutions de Jasper s'amoindrissaient face à sa requête inattendue. - Ah soupira-t-elle – son indécision éclaircissait un futur nouveau. Tu vois ? Bella ne va rien dire du tout. Il n'y a vraiment aucun souci à se faire. Cette manière qu'elle avait de prononcer son nom...comme si elles étaient déjà des amies intimes...- Alice ! M'étranglai-je soudain. Qu'est-ce que...est-ce que... ?- Je t'ai dis que des changements étaient en train de survenir. Je...je ne sais pas Edward. Mais elle serra ses mâchoires, et je sus qu'il y avait plus que ça. Elle essayait de ne pas y penser ; elle se concentra soudain de toutes ses forces sur Jasper, alors qu'il était trop choqué pour avoir pu progresser un tant soi peu dans sa prise de décision. Elle faisait ça parfois...quand elle essayait de me cacher quelque chose. - Qu'est-ce qu'il y a Alice ? Qu'est-ce que tu caches ? J'entendis Emmett grogner. Il était toujours frustré lorsqu'Alice et moi avions ce genre de conversation. Elle secoua sa tête, essayant de toutes ses forces de m'empêcher d'y entrer. - Est-ce que c'est à propos de la fille ? Demandai-je. Est-ce que c'est à propos de Bella ? Ses dents grinçaient tant elle était concentrée, mais à l'instant même où je prononçais le nom de Bella, elle baissa sa garde. Un faux pas qui ne dura qu'une fraction de seconde, mais c'était déjà bien assez long. - NON ! Hurlai-je. J'entendis ma chaise heurter le sol, et c'est à ce moment là seulement que je réalisai que j'étais débout. - Edward !Carlisle avait également bondit de sa chaise, son bras sur mon épaule, c'était à peine si je me rendais compte de sa présence. - Ca se précise. Chuchota Alice. Tu es plus décidé à chaque minute. Il n'y a que deux chemins qui s'ouvrent à elles. C'est soit d'un soit l'autre Edward. Je pouvais voire ce qu'elle avait vu...mais je ne pouvais l'accepter. - Non. Répétai-je ; mais mon dénie était sans consistance. Mes jambes se dérobèrent et je dû me tenir à la table. - Est-ce que quelqu'un pourrait avoir l'obligeance de nous expliquer ce qu'il se passe ? Se plaignit Emmett.- Je dois partir. Murmurai-je à Alice, l'ignorant. - Edward, on en a déjà parlé. Répondit Emmett lourdement. C'est le meilleur moyen de faire parler la fille. Et en plus, si tu te casse, on ne saura jamais avec certitude si elle a parlé ou pas. Il faut que tu reste un point c'est tout. - Je ne te vois aller nulle par, Edward. Me dit Alice. D'ailleurs je ne pense pas que tu en sois capable. Imagine ce que ce serait. Ajouta-t-elle dans sa tête. Imagine-toi la quitter. Je compris ce qu'elle voulait dire. Oui, la simple idée de ne jamais revoir cette fille était...douloureux. Mais c'était également nécessaire. Si je restais je la condamnais. - Ce n'est pas ce que j'entends. La contredis-je, seulement à moitié conscient de notre public. Jasper était hésitant. Il ne ferait rien qui pourrait risquer de blesser Alice. Pas pour l'instant. Vas-tu risquer sa vie ? Tu veux vraiment la laisser sans défense ?- Pourquoi est-ce que tu me fais ça ? Gémis-je, ma tête tombant entre mes mains. Je ne pouvais pas protéger Bella. J'en étais incapable. Les visions d'Alice n'étaient-elles pas des preuves suffisantes ? Je l'aime aussi, tu sais. Ou du moins ça va venir. Ce n'est peut-être rien en comparaison de ce que tu ressens pour elle, mais je veux aussi qu'elle s'en sorte.- Comment ça tu l'aime ? Haletai-je, incrédule. Elle soupira. - Non. Assénai-je en secouant la tête, horrifié. J'essayai de me fermer aux visions qu'elle m'imposait. - Rien ne m'y oblige. Je partirai. Je le futur. - Tu peux toujours essayer. Dit-elle d'un ton septique. - Bon vous m'expliquez là ?! Mugit Emmett- Ecoute un peu, lui siffla Rosalie. Alice l'a vu s'éprendre d'une ! Oh, Edward, un grand classique ! Elle fit semblant de s'étouffer.Je l'entendais à peine. - Quoi ? S'étrangla Emmett, venant de comprendre, avant d'exploser d'un rire qui ricocha en échos dans toute la pièce. C'est vraiment ce qui va arriver ? (nouveau rire) C'est pas vrai Edward, t'as vraiment besoin de repos. Je sentis sa main sur mon épaule, et je la dégageai distraitement. J'étais tout simplement incapable de lui prêter attention. - S' d'une humaine. Répéta Esmée, abasourdie. De la fille qu'il a sauvée aujourd'hui ? Tomber d'elle ? - Alice, dis-nous ce que tu as vu exactement. Demanda Jasper. Elle se tourna face à lui ; je continuai à fixer son profil, transi de stupeur. - Tout dépend de s'il est assez fort ou pas. Soit il la tue lui-même (elle se tourna vers moi pour me lancer un regard désapprobateur). Ce qui m'irriterait , Edward, sans compter la peine que ça te ferait à . Elle se tourna à nouveau vers Jasper et ajouta : soit elle deviendra l'un des nôtres un jour. Il y eu une exclamation étouffée ; je ne tournai pas la tête pour savoir d'où elle venait. - Je ne laisserais pas cela arriver ! Hurlai-je à nouveau. Jamais !Mais Alice semblait ne pas m'entendre. - Tout dépend de sa force. Répéta-t-elle. Il est peut-être assez fort pour ne pas la tuer – mais ça va être juste. Ca va lui demander une maitrise de soi exemplaire. Elle médita un instant avant de continuer : Peut-être même qu'il lui faudra se montrer encore plus fort que Carlisle. Peut-être qu'il est assez fort...En fait la seule chose dont il n'est pas capable c'est la quitter. Une vraie cause perdue !J'étais incapable de parler. Comme tout le monde. La pièce était parfaitement immobile. Je fixais Alice, mais je savais que tous les regards étaient posés sur moi. Je pouvais voir mon air horrifié sous cinq angles différents. Après un long moment, Carlisle soupira. - Et bien, voilà qui...complique les choses. - J'allais le dire. Confirma EmmettSa voix était proche du rire. Faites confiance à Emmett pour trouver quelque chose de drôle dans la destruction de ma vie. - Je suppose que le plan reste le même, de toute manière. Ajouta Carlisle pensivement. Nous restons, et observons. Evidemment, personne ne...fera de mal à la fille. Je me raidis. - Je suis d'accord. Dis Jasper calmement. Si Alice ne voit que deux solutions....- NON ! Criai-je, en ce qui s'apparentait à la fois à un hurlement, un grognement et un gémissement de désespoir. Non...Il fallait que je m'en aille, que je fuie cette pièce pleine de leurs pensées. Le dégoût de Rosalie, l'humour d'Emmett, L'éternelle patience de Carlisle...Pire : L'assurance d'Alice. La confiance de Jasper en cette assurance. Pire que tout : la joie d'Esmée.Je sortis de la pièce à grands pas. Esmée me toucha le bras quand je passais devant elle, mais je n'eu pas conscience de son geste. J'étais déjà en train de courir avant même que je sois sorti de la maison. Je traversai la rivière d'un bond, et couru à travers la forêt. La pluie était de retour, tombant à flots si intenses que je fus trempé en quelques minutes. J'aimais les rideaux épais de pluie – ils étaient des murs entre moi et le reste du monde, où je pouvais m'isoler, être seul. Je courrai en direction de l'est, par et à travers les montagnes sans réfréner ma course, jusqu'à ce que je pus distinguer les lumières de Seattle sur l'autre rive. Je m'arrêtais avant de franchir la frontière de la civilisation humaine. Fouetté par la pluie, tout seul, je me forçai enfin à voire la réalité en face, combien mon acte avait influencé l'avenir. Tout d'abord, la vision d'Alice, bras dessus bras dessous avec la fille – la confiance et l'amitié était si évidente dans cette image. Les yeux de Bella d'un chocolat profond n'était plus abasourdis dans cette vision, mais toujours aussi pleins de secrets – d'heureux secrets. Le bras gelé d'Alice ne semblait pas lui poser de problème. Qu'est-ce que ça signifiait ? Combien en savait-elle ? Dans cet instant immobile venu du futur, que pensait-elle de ?Puis, cette deuxième image, si similaire, et pourtant si horrifiante. Alice et Bella, s'enlaçant encore dans la même amitié intime. Seulement à présent, il n'y avait plus aucune différence entre leurs bras : les deux étaient blancs, lisse comme du marbre, dur comme de l'acier. Les yeux de Bella avaient perdus leur couleur chocolat. Leurs iris arboraient un rouge criard, choquant. Les secrets en eux étaient insondables : résignation ou désolation ? Il était impossible de le dire. Son visage était froid et immortel. Je frissonnai. Je ne pouvais m'empêcher de me poser les mêmes questions : Qu'est-ce que cela signifiait ? Comment cela a-t-il pu arriver ? Et que pense-t-elle de moi à ce moment là ? Je pouvais répondre à cette dernière question. Si je la contraignais à me suivre dans cette demi-vie par faiblesse et égoïsme, il était certain qu'elle me haïrait. Mais il restait une autre image – la pire image qui ne se soit jamais imposée dans ma tête. Mes propres yeux, d'un écarlate profond à cause du sang humain, les yeux du monstre. Le corps brisé de Bella dans mes bras, blanc comme de la cendre, vidé de son sang, privé de sa vie. C'était si concret, si clair. Je ne pouvais supporter une telle vision. C'était trop pour moi. J'essayais de la bannir de mon esprit, de voir autre chose, n'importe quoi d'autre. Essayer de revoir son visage, bien vivant, avec cette expression abasourdie qui m'avait obsédée durant le dernier chapitre de mon existence. En vain. Les visions lugubres d'Alice défilèrent dans ma tête, et je me tordis d'agonie intérieurement. Et durant tout ce temps, le monstre en moi débordait de joie, jubilant d'avance du plaisir de sa satisfaction. Ce me rendait malade. On ne pouvait pas permettre à cela d'arriver. Il ne devait y avoir un moyen de changer le futur. Je ne laisserais pas les visions d'Alice diriger ma vie. Je pouvais choisir une voie différente. On a toujours le choix. Il le faut.
 


 
 
le 13-02-2009 11:38

Midnight sun- chapitre 3

Chapitre 3 : PhénomèneVraiment, je n'avais pas soif, mais je décidai quand même de chasser cette nuit là. Une simple petite mesure de prévention, même si je savais que ce serait loin d'être suffisant. Carlisle m'accompagna ; depuis mon retour de chez les Dénali, nous n'avions pas eu l'occasion d'être seuls tous les deux. Alors que nous courions dans la forêt noire, je l'entendais penser à l'adieu précipité de la semaine dernière. Dans son souvenir, je pus voir comme mes traits étaient tirés par un désespoir féroce. Je ressentis à mon tour sa propre surprise et sa soudaine inquiétude. - Edward ?- Je dois partir Carlisle. Je dois partir maintenant.- Que s'est-il passé ?- Rien. Pour l'instant. Mais ça va venir, si je resteIl avait cherché mon bras. Je ne comprends pas. - N'as-tu jamais...il ne t'est jamais arrivé...Je me regardai prendre une profonde inspiration, je pu voir la lueur sauvage dans mes yeux filtrer à travers son incomparable compassion. Il ne t'est jamais arrivé de rencontrer quelqu'un qui sentait meilleur que les autres ? Vraiment bien meilleur ?- OhQuand j'ai sus qu'il avait comprit, mes traits s'étaient affaissés de honte. Il avait cherché à me toucher à nouveau, faisant semblant de ne pas le remarquer lorsque je me rétractais, et avait laissé sa main sur mon épaule. - ce que tu peux pour résister, fiston. Tu me manqueras. Tiens, prends ma voiture. C'est plus rapide.A présent, il se demandait s'il avait fait le bon choix, en m'envoyant ailleurs. Se demandant s'il ne m'avait pas blessé par son manque de confiance. - Non. Murmurai-je tout en courant. J'en avais besoin. J'aurais pu si aisément trahir ta confiance, si tu m'avais dit de rester. - Je suis désolé que tu aies à souffrir autant, Edward. Mais il faut absolument que tu fasses tout ton possible pour garder la fille Swan en vie. Même si ça doit signifier partir à nouveau- Je sais, je sais. - Pourquoi es-tu revenu ? Tu sais combien je suis heureux de t'avoir près de moi, mais si c'est trop difficile...- Je n'aimais pas me sentir aussi lâche. Admis-je. Nous ralentîmes – nous avions un peu plus de mal à courir dans le noir à présent. - Il vaut mieux te sentir lâche que de la mettre en danger. C'est juste l'affaire d'un an ou deux, après elle sera partie. - Je sais, tu as raison. Pourtant, ces mots, au lieu de me convaincre de repartir, me donnèrent au contraire encore plus envie de rester. La fille sera partie dans un an ou deux...Carlisle s'arrêta de courir et je l'imitai ; il se retourna pour examiner mes traits. Mais tu n'as pas l'intention de t'enfuir, n'est-ce pas ?Je hochai la tête. Est-ce de l'orgueil, Edward ? Il n'y a aucune honte à- Non, ce n'est pas l'orgueil qui me retient ici. Du moins plus maintenant.Nul par où aller J'eu un rire bref, sans joie. - Non. Ca ne me retiendrait pas, si je pouvais me résoudre à partir. - On viendra avec toi, bien sûr, si c'est là ce dont tu as besoin. Tu n'as qu'à demander. Ne te préoccupe pas de ce qu'ils diront. Ils ne t'en tiendront pas rancune. Je levai un sourcil. - Oui, bon, Rectifia-t-il en riant, Rosalie t'en voudra sûrement, mais elle te doit bien ça. De toute façon, ça vaut bien mieux pour nous de partir maintenant, sans laisser de dégâts derrière nous, que de partir plus tard, après qu'une vie ait prit fin. Toute trace d'humour avait disparu de sa voix. - C'est vrai. Reconnu-je d'une voix rauque. Mais tu ne pars pas ?- Il le faut. Soupirai-je- Qu'est-ce qui te retient ici, Edward ? Je ne saisis pas...- Je ne sais pas si je peux l'expliquer. Même pour moi, ça n'avait aucun sens. Il considéra mon expression un long moment. Non, je ne vois pas. Mais si tu préfère, je respecterais ton intimité. - Merci. C'est généreux de ta part, quand on voit comment je viole l'intimité de tout le monde. A une seule exception. Et n'étais-je pas en train de faire tout mon possible pour forcer ses défenses ? Nous avons tous nos caprices Il rit à nouveau.Pouvons-nous y aller Il venait juste de sentir un petit troupeau de cerf. C'était difficile de s'en montrer très enthousiaste car ce n'était un arôme très alléchant, même en de meilleures circonstances. A présent, avec la fragrance du sang frais de la jeune fille à l'esprit, cette odeur là me retourna plutôt l'estomac. Je soupirai- Allons-y. Convenu-je, en pensant que me forcer à faire descendre un peu de sang dans ma gorge pourrait m'aider un peu. Nous nous tapîmes tous deux en notre position de chasse, et laissâmes l'odeur nauséabonde nous guider silencieusement. Il faisait plus froid lorsqu'on revint à la maison. La neige fondue avait regelé ; c'était comme si un voile de verre recouvrait tout – chaque aiguille de pin, chaque fronde de fougère, chaque lame d'herbe était recouverts de glace. Pendant que Carlisle allait se changer pour aller à l'hôpital, je restai près de la rivière, attendant que le soleil se lève. Je me sentais presque rassasié tant j'avais consommé de sang durant la soirée, mais je savais que cette absence de soif ne signifierai plus grand-chose quand je m'assiérais à nouveau à côté de cette fille. Aussi froid et immobile que la pierre sur laquelle je m'étais assis, je fixais l'eau noire couler à côté du rivage gelé. Carlisle avait raison. Je devais quitter Forks. Ils pourraient facilement inventer une histoire pour excuser mon absence. J'allais étudier en Europe. J'étais chez un parent à l'autre bout du monde. J'avais fugué. La fable en elle-même importait peu. Personne n'allait trop se poser de questions. C'était juste l'histoire d'une année ou deux, et après la fille serait partie. Partie avec sa vie – parce qu'elle aurait une vie. Elle pourrait aller étudier sans une université, vieillir, commencer une carrière, peut-être même se marier. Je pouvais l'imaginer – je pouvais voir cette fille habillée tout en blanc et marcher d'un pas mesuré, son bras sur celui de son père. C'était étrange, la peine que cette image me faisait. Je ne comprenais pas. Est-ce que j'étais jaoux, parce qu'elle avait un avenir que je n'aurais jamais ? Ca n'avait aucun sens. Tous les humains autours de moi avaient le même potentiel devant eux – une vie – et il était rare que je m'arrête pour les envier. Je devais lui laisser son avenir. Arrêter de risquer sa vie. C'était la meilleure chose à faire. Carlisle choisissait toujours la meilleure solution. Maintenant, il fallait que je l'écoute. Le soleil se leva derrière les nuages, et sa faible lumière faisait scintiller tout le verre gelé. Un jour de plus, décidai-je. Je la verrais une dernière fois. Je pouvais le supporter. Je ferais peut-être même une allusion à mon départ imminent, pour préparer le terrain. Ca allait être difficile ; je sentais déjà dans ma lourde hésitation que j'étais en train de me créer des excuses pour rester – retarder la date-limite de deux jours, trois, quatre...Mais je ferais ce qu'il fallait faire. Je savais que je pouvais me fier aux conseils de Carlisle. Et je savais aussi que j'étais trop en conflit avec moi-même pour prendre une décision tout seul. J'étais vraiment bien trop en conflit avec moi-même. Quelle partie de moi voulait rester pour satisfaire ma curiosité ? Quelle partie de moi voulait rester pour satisfaire ma soif ?J'entrai à l'intérieur pour mettre des vêtements frais pour le lycée.Alice était là et m'attendais sur le palier du troisième étage. M'accusa-t-elle. Je soupirai et acquiesçai. - Je ne sais pas encore où je vais. Murmurai-je. Je secouai la tête. - Ils auront encore plus besoin de toi, si je ne suis pas là pour monter la garde. Et pense à Esmée. Tu lui prendrais la moitié de sa famille d'un coup toi ?-Je sais. C'est pourquoi tu dois resterCe n'est pas pareil que si tu étais là, et tu le sais.- Je sais. Mais il faut que je fasse ce qui est juste. Il y a beaucoup de bonne solution ; autant que de mauvaises.A ce moment là, une de ses étranges visions l'emporta ; et je regardai avec elle les images indistinctes qui flashaient et tourbillonnaient dans sa tête. Je me vis moi-même dans ces images, entouré d'étranges ombres que je n'arrivais pas à identifier – des formes brumeuses, imprécises. Soudain, je vis ma peau scintiller sous la lumière éclatante du soleil, dans une petite clairière. C'était un endroit que je connaissais. Il y avait quelqu'un avec moi dans la clairière, mais, cette fois encore, c'était indistinct, pas assez présent pour que je puisse l'identifier. Les images tremblèrent puis disparurent alors qu'un million d'autres choix réorganisaient le future. - Je ne vois pas grand-chose. Lui dis-je lorsque la vision s'assombrit. Elle s'arrêta, et elle se mit à feuilleter une vaste collection de visions récentes qu'elle avait eues à mon sujet. Elles étaient toutes semblables - Vagues.- Je pense cependant que quelque chose est en train de changer. Dit-elle à haute voix. Ta vie semble être à la croisée des chemins. - Tu réalises qu'on dirait un baratin de diseuse de bonne aventure dans un carnaval, n'est-ce pas ? Dis-je avec un rire sinistre. Elle me tira sa petite langue. - Ca ira, pour aujourd'hui, n'est-pas ? Demandai-je, soudain inquiet. - Je ne te vois tuer personne aujourd'hui. M'assura-t-elle. - Merci Alice. - Va t'habiller. Je ne dirais rien – je te laisserai leur en parler quand tu seras prêt à le faire. Elle se leva et se dépêcha de descendre les escaliers, les épaules légèrement voutées. . Oui, à moi aussi elle va me manquer.Le trajet pour aller à l'école se passa en silence. Jasper sentait qu'Alice était contrariée par quelque chose, mais il savait que si elle avait voulu lui en parler elle l'aurait déjà fait. Emmett et Rosalie était dans leur bulle, se regardant sans les yeux avec passion - c'était d'ailleurs assez écœurant à regarder. On était tous au courant de combien ils étaient désespérément amoureux l'un de l'autre. Ou peut-être que c'était juste plus douloureux pour moi parce que j'étais le seul célibataire de la famille. Il y avait des jours où c'était plus dur que d'habitude pour moi de vivre entouré de trois couples parfaitement unis. Aujourd'hui était un de ceux là. Peut-être qu'ils seraient tous plus heureux sans moi dans leur pattes, aussi agressif et de mauvais caractère que le vieillard que je devrais être à présent. Bien sûr, la première chose que je fis lorsque nous arrivâmes à l'école fut de chercher la jeune fille du regard. Juste histoire de me préparer. N'est-ce pas ?C'était tellement embarrassant de voir comme mon univers semblait vide sans elle – toute mon existence était centrée sur la fille, et non plus sur moi comme avant. C'était plutôt facile à expliquer, en fait : après quatre-vingts ans de routine, le moindre changement devenait un évènement majeur. Elle n'était pas encore arrivée, mais je pouvais déjà entendre les pétarades bruyantes de son antique camionnette. Je m'appuyais contre la voiture en attendant. Alice resta avec moi, alors que les autres allèrent directement en classe. Ma fixation les ennuyait – c'était incompréhensible pour eux qu'une humaine puisse retenir aussi longtemps mon attention, aussi délicieuse soit-elle. Au volant de sa voiture, la fille arriva lentement dans mon champ de vision, ses yeux concentrés sur la route et ses mains crispées sur le volant. Elle semblait anxieuse de quelque chose. Ca me prit une seconde pour m'imaginer ce que ce « quelque chose » pouvait être, et une de plus pour réaliser que tous les humains avaient cette même expression sur le visage aujourd'hui. Ah, la route étant recouverte de verglas, et il leur fallait conduire plus prudemment. Je pouvais voir combien elle prenait ce petit risque au sérieux. Ca semblait conforme au peu que je savais déjà sur elle. J'ajoutai ce trait de caractère à ma petite liste : c'était quelqu'un de sérieux, de responsable. Elle ne se gara pas trop loin de moi, mais n'avait pas encore remarqué que j'étais là, à la regarder. Je me demandai ce qu'elle ferait lorsqu'elle s'en rendrait compte. Rougir et s'éloigner ? C'était ma première supposition. Mais peut-être allait-elle me regarder à son tour. Peut-être allait-elle venir pour me parler. Je pris une profonde inspiration, remplissant mes poumons d'espoir, juste au cas où. Elle sortit de sa camionnette avec précautions, testant le sol glissant avant d'y mettre tout son poids. Elle ne leva pas les yeux, et ça me frustra. Peut-être que je devrais aller lui parler...Non, mauvaise idée.Au lieu de se tourner vers le lycée, elle avança vers l'arrière de sa camionnette, s'accrochant à son véhicule d'une drôle de manière, comme si elle n'avait pas confiance en ses jambes. Ca me fit sourire, et je sentis les yeux d'Alice sur mon visage. Je n'écoutai pas ce que ça lui faisait penser – je m'amusai trop à regarder la fille vérifier les chaines de neiges de sa camionnette. Vu la manière dont ses pieds étaient positionnés, elle devait vraiment avoir peur de tomber. Personne d'autre n'avait de problème – s'était-elle garée sur une plaque de verglas particulièrement dangereuse ? Elle se figea, les yeux baissés dans une étrange expression. C'était...de la tendresse ? Comme si quelque chose...Cette fois encore, la curiosité se fit aussi douloureuse que la soif. C'était comme si je devais savoir ce qu'elle pensait – comme si c'était l'unique chose au monde qui ai la moindre importance. J'irais lui parler. Elle avait l'air d'avoir besoin de se tenir à une main, au moins pour l'aider à se rendre sortir de la zone verglacée. Mais bien sûr, je ne pouvais pas lui offrir cela, n'est-ce pas ? J'hésitai, déchiré. Elle semblait avoir une telle aversion pour la neige, alors elle ne risquait certainement pas d'apprécier le contact avec ma main froide et blanche. Si seulement j'avais des gants...- NON ! Haleta Alice Instantanément, je scannais ses pensées, supposant d'abord que j'avais fais un mauvais choix et qu'elle me voyait faire quelque chose d'inexcusable. Mais ça n'avait rien à voir avec moi. Tyler Crowley avait choisi de pénétrer dans le parking à une vitesse bien peu judicieuse. Ce choix allait l'envoyer glisser sur une plaque de verglas...La vision vint juste une demi-seconde avant la réalité. Le van de Tyler prit son visage alors que j'étais encore en train de regarder le dénouement qui tordait les lèvres d'Alice en une grimace horrifiée. Non, cette vision n'avait rien à voir avec moi, et en même temps elle avait à voir avec moi, parce que le van de Tyler – dont les pneus venaient juste d'heurter la glace dans le pire angle possible – tournoyait follement droit vers la fille qui était devenue malgré elle le point central de mon univers. Même sans la prescience d'Alice, il aurait été assez simple de voir la trajectoire du véhicule, qui glissait, échappant totalement au contrôle de Tyler. La fille, qui à l'arrière de sa camionnette se tenait exactement au mauvais endroit, leva les yeux, intriguée par les hurlements des pneus bloqués. Elle rencontra immédiatement mon regard horrifié, puis tourna les yeux pour regarder sa mort prochaine. Les mots éclatèrent dans ma tête comme s'ils appartenaient à quelqu'un d'autre. Tout en lisant dans les pensées d'Alices, je vis la vision se transformer soudainement, mais je n'avais pas le temps de regarder ce que ce changement pouvait être. Je n'élançai à travers la foule, me plaçant entre le van en plein dérapage et la fille tétanisée. Je bougeai si vite que tout devint une vaste tache floue et rayée, à l'exception d'. Elle ne me vit pas – aucun œil humain n'aurait pu suivre mon vol – regardant toujours la forme grossière qui était sur le point de la réduire en bouillie contre l'armature de métal de sa camionnette. Je la pris par la taille, bougeant avec trop de précipitation pour être aussi doux que j'aurais dû l'être. Durant le centième de seconde entre le moment où je tirai d'un coup sec sa silhouette légère hors de danger et le moment où je m'écrasai au sol avec elle dans mes bras, je pris soudain conscience de la fragilité de son corps.Lorsque j'entendis l'horrible craquement de sa tête contre la glace, je cru me geler à mon tour. Mais je n'avais même pas une seule seconde pour voir comment elle allait. J'entendis le van derrière nous, râpant et couinant comme s'il tournait autour du fer solide de la camionnette de la jeune fille. Il était en train de changer sa course, se courbant, et revenant dans la direction à nouveau – comme s'il elle était un aimant qui l'attirait vers nous. Un mot que je n'avais jamais osé prononcer en présence d'une dame sorti de mes dents serrées. J'en avais déjà trop fait. De la même manière que j'avais presque volé devant tout le monde pour la pousser hors de la trajectoire du fourgon, j'étais pleinement conscient de l'erreur que je faisais. Savoir que c'était une erreur ne m'arrêta pas, mais je n'oubliais pas pour autant le risque que je prenais – que je ne prenais pas seulement pour moi-même, mais pour toute ma famille. Exposition. Et n'allait certainement pas aider, mais il était tout bonnement hors de question que je permette à se van de réussir dans sa deuxième tentative de prendre sa vie. Je lâchai et tendis mes mains devant nous, attrapant le van avant qu'il ne puisse toucher. Le choc m'envoya contre a voiture garée à côté de la camionnette de la fille, et je pus sentir l'armature de métal derrière mes épaules. Le van frissonna et trembla contre l'obstacle ferme de mes bras immobiles, puis commença alors a se balancer de façon instable sur ses deux pneus arrières. Si je bougeai mes mains, l'arrière du van allait tomber sur jambes.Oh, , ces catastrophes n'allaient donc jamais finir ? Restait-il quoi que ce soit qui puisse encore tourner mal ? Il aurait été délicat de rester la, à ternir le van en l'air à bout de bras et appeler à l'aide. Je ne pouvais pas non plus lancer le véhicule – je devais aussi penser au conducteur, dont les pensées étaient confuses de panique. Avec un gémissement interne, je poussai le fourgon pour qu'il bascule et s'éloigne de nous pendant un court instant. Alors qu'il retombait vers nous, je l'attrapai par-dessous avec ma main droite tandis que j'enlaçai à nouveau sa taille de mon bras gauche. Son corps bougea mollement quand je la lâchai pour que ses jambes soient hors d'atteinte – était-elle consciente ? Combien de dégât lui avais-je infligé dans ma tentative de sauvetage improvisée ?Je laissai tomber le van, maintenant que je savais que ça ne pouvait plus la blesser. Il s'écrasa contre le sol, toutes les fenêtres éclatant à l'unisson. Je savais que j'étais au milieu d'une crise. Qu'avait-elle vu ? Y'avait-il un seul autre témoin qui' m'eut vu me matérialiser à ses côtés et jongler avec le van tout en la manipulant pour la tirer de là ? Ces questionsêtre mes priorités.Mais j'étais trop anxieux pour réellement me soucier de la menace de l'exposition autant que je le devrais. Trop paniqué à l'idée de l'avoir blessé en essayant de la protéger. Trop effrayé de l'avoir si proche de moi, tout en sachant ce que je sentirais si je me permettais de respirer. Trop conscient de la chaleur de son corps souple, pressé contre le mien – même à travers le double obstacle de nos vertes, je pouvais sentir cette chaleur...La première peur fut la plus grande. Alors que les hurlements des témoins commencèrent à fuser autour de nous, le baissai les yeux pour examiner son visage, pour voir si elle était consciente – espérant férocement qu'elle ne saignait pas. Ses yeux étaient grands ouvert, le regard gelé par le choc. - Bella ? Demandai-je en proie à l'affolement. Ca va ? - Très bien. Dit-elle automatiquement de sa voix stupéfiée. Le soulagement, si intense qu'il en était presque douloureux, me pénétra au son de sa voix. Je suçai une bouffée d'air entre mes dents, sans me soucier de la brûlure qui l'accompagnait dans ma gorge. J'étais presque content de la sentir. Elle frissonna pour s'asseoir, mais je n'étais pas prêt de la lâcher. Je me sentais étrangement...en sécurité ? Du moins, je me sentais mieux, à présent qu'elle était dans mes bras. - Attention. L'avertis-je. Je crois que tu t'es cogné la tête assez fort.Il n'y avait aucune trace de sang frais dans son odeur – une indulgence – mais ça ne garantissait pas l'absence d'hémorragie interne. J'étais soudain impatient de l'amener à Carlisle et à tout son équipement de radiologie. - Ouille ! Dit-elle, son ton choqué était comique, comme si elle venait à peine de s'apercevoir que sa douleur. - C'est bien ce que je me disais. Le soulagement me rendit la situation comique, et j'étais presque étourdi. - Comment diable...Sa voix se perdit, et ses paupières flottèrent. - Comment as-tu réussi à t'approcher aussi vite ?Le soulagement d'assourdit, l'humour disparu. Elle en avait trop vu. Et maintenant que la fille semblait en sécurité et en bonne forme, l'anxiété pour ma famille reprit le dessus. - J'étais juste à côté de toi, Bella. Je savais par expérience que si je montrais beaucoup d'assurance lorsque je mentais, cela rendait tout questionneur moins sur de la vérité. Elle se débâtit à nouveau pour se redresser, et cette fois je la laissai faire. Pour jouer mon rôle correctement, j'avais besoin de respirer. Il fallait que je me tienne à distance de la chaleur de sang brûlant pour que l'odeur ne me fasse pas perdre le fil. Je glissai aussi loin que possible d'elle, du moins autant que le permettait l'espace restreint entre les deux véhicules accidentés. Elle leva les yeux vers moi, et je soutins son regard. Détourner les yeux le premier serait une erreur que seul un mauvais menteur ferrait, et j'étais loin d'être un mauvais menteur. Mon expression semblait innocente et inquiète...Cela semblait la perturber. Bien. La scène de l'accident était noire de monde à présent. Des élèves pour la plupart, des enfants qui scrutaient et se poussaient pour voir s'il y avait quelques corps mutilés à voir. Le brouhaha des éclats de voix se mêlait aux pensées hurlantes. Je scannai les esprits aux alentours pour m'assurer qu'il n'y avait pas encore de suspicion parmi les témoins, puis me retourna pour me concentrer uniquement sur la fille. Elle semblait distraite par le chahut autour d'elle, elle regarda autour d'elle, son expression toujours choquée, et essaya de se lever. Je posai délicatement ma main sur son épaule pour l'en empêcher. - Attend encore un peu.Elle avait l'air d'aller bien, mais peut-être devrait-elle éviter de bouger sa nuque ? Cette fois encore, j'aurais aimé que Carlisle soit là. Mes années d'étude théorique de la médecine ne faisait pas le poids face à ses siècles de pratique médicale. - J'ai froid ! Objecta-t-elle. Elle venait de frôler la mort deux fois de suite et avait failli se faire estropier, et tout ce qui la perturbait, c'était le froid. Un petit rire fit trembler mes dents avant que je ne me souvienne que la situation n'avait rien de drôle. Bella cligna des yeux, puis son regard se verrouilla sur mon visage. - Tu étais là bas. Là encore, mon rire disparu aussi rapidement qu'il était venu. Ses yeux se dirigèrent vers le sud, même s'il n'y avait rien d'autre à voir que la tôle chiffonnée du fourgon. - Près de ta voiture- Non. - Je t'ai vu ! Insista-t-elle. Sa voix était enfantine quand elle s'obstinait. Elle leva le menton. - Bella, j'étais tout près de toi et je t'ai tiré de là, c'est tout. Je me plongeai profondément dans son regard lointain, essayant de lui faire accepter ma version des faits – la seule version rationnelle possible. Sa mâchoire se crispa. - NonJ'essayai de rester calme, de ne pas panique. Si seulement je pouvais la faire taire pendant un moment, ça me donnerait l'occasion de détruire l'évidence...et de discréditer sa version en utilisant sa blessure au crâne. Pour toi, la fille la plus silencieuse qui soit, ça devrait être facile de te taire, non ? Si seulement elle pouvait me faire confiance, juste pendant un moment...- S'il te plait, Bella. Dis-je Ma voix était trop intense, parce que soudain je réalisai combien je voulais qu'elle me croie. Je le voulais tellement, et pas uniquement pour cet accident. Un désire stupide. Qu'est-ce que ça pourrait bien changer pour elle de me faire confiance ?- Pourquoi ? Demanda-t-elle, toujours sur la défensive. - Fais-moi confiance. Suppliai-je. - Jure que tu m'expliqueras plus tard. Ca m'énervait de devoir à nouveau lui mentir, alors qu'au contraire je désirais plus que tout au monde pouvoir un tant soit peu mériter sa confiance. Alors quand je lui répondis, mon ton était dur- D'accord !- Tu as intérêt à tenir parole. Tandis que les secours arrivaient – les adultes accouraient sur les lieux de l'accident, la police avait été appelée et on entendait déjà les sirènes à quelques centaines de mètres au loin – j'essayai de sortir la fille de ma tête et de remettre mes priorités dans le bon ordre. Je scannai tous les esprits aux alentours, qu'ils aient assistés à toute la scène ou non, mais je ne trouvais rien de dangereux. Bon nombre d'entre eux avaient été surprit de me voir à côté de Bella, mais ils arrivaient tous à la conclusion – la seule conclusion probable – qu'ils ne m'avaient juste pas remarqué avant que ne survienne l'accident. Elle était la seule qui n'acceptait pas l'explication rationnelle, mais son témoignage ne sera sûrement pas celui qui aurait le plus de poids. Elle avait été terrifiée, traumatisée, sans parler du traumatisme crânien que je lui avais sûrement infligé. Et elle était probablement en état de choc. On pourrait facilement considérer que son histoire était un délire post-traumatique, non ? Personne n'allait donner trop de crédit à sa version, quand on la comparerait à celle de la foule de spectateurs objectifs. Je grimaçais lorsque j'interceptai les pensées d'Emmett, de Rosalie et de Jasper, qui venait à peine d'arriver sur les lieux. J'allais devoir rendre des comptes cette nuit, je le sentais bien. Je voulais déformer l'indentation que mes épaules avaient creusée dans l'autre voiture, mais la fille était trop proche. J'allais devoir attendre qu'elle soit distraite par autre chose.C'était frustrant d'attendre – il y avait tant d'yeux braqués sur moi – que les humains se débrouillent pour dégager le van pour nous libérer. J'aurais sûrement dû les aider, juste pour accélérer le processus, mais j'étais déjà trop impliqué et la fille me fixai de ses yeux perçants. Finalement, ils furent quand même capable de le déplacer assez loin pour permettre aux secouristes d'arriver jusqu'à nous avec leurs brancards. Un homme grisonnant au visage familier apparut. - Eh, Edward ! Ca va tu n'as rien ? Dit Brett Warner. Il était aussi infirmier, et je le connaissais bien de l'hôpital. C'était une chance – le seul évènement chanceux de la journée – qu'il soit le premier à venir vers nous. Dans ses pensées, je ne lu rien d'autre que du calme alerté et attentif. - Tout va bien, Brett, rien ne m'a touché. Mais j'ai bien peur que Bella ait une contusion. Elle s'est cognée la tête assez fort quand je l'ai tiré de la trajectoire du fourgon...Brett reporta son attention sur la fille, qui me regardait comme si je venais de me rendre coupable de haute trahison. Oh, c'est vrai. C'était un martyr silencieux – elle préférait souffrir en silence. Elle ne contredit pas immédiatement ma version, et ça me détendit un peu. Le deuxième secouriste essaya d'insister pour que je monte sur un de leur brancard, et ce ne fut pas difficile de l'en dissuader. Il me suffit de promettre que je laisserai mon père m'examiner, et il laissa tomber. Avec la plupart des humains, il suffisait généralement de s'exprimer avec assurance. Excepté la fille, évidemment. Est-ce qu'il y avait quoi que ce soit de normal chez elle ?Dès qu'ils lui mirent une minerve – la faisant rougir d'embarras – j'utilisai ce moment de distraction pour discrètement déformer la marque laissé par mes épaules dans la voiture avec le talon. Il n'y eut que mes frères et sœur pour remarquer ce que je faisais, et j'entendis la promesse mentale d'Emmett de repasser derrière moi si j'avais oublié quoi que ce soit. Reconnaissant pour son aide – et encore plus reconnaissant qu'Emmett m'ai dors et déjà pardonné mon choix risqué – j'étais un peu plus calme lorsque je m'installai sur le siège avant de l'ambulance. Le chef de la police arriva avant qu'ils aient pu mettre Bella dans l'ambulance à son tour. Inutile d'essayer de lire dans ses pensées, tant la panique qui émanait de son esprit refoulait les évènements et conversations des jours passés. Une incroyable anxiété mêlée de culpabilité dénuée de mots l'emplissait tandis qu'il voyait sa fille unique ficelée à un brancard.Ses sentiments me pénétrèrent de toute part et grandirent en intensités. Quand Alice m'avait prévenu que tuer la fille de Charlie Swan reviendrait à le tuer lui, également, elle n'avait pas exagéré. Ma tête fut transpercée de cette culpabilité tandis que j'entendais sa voix paniquée ? - Bella ! Hurla-t-il- Tout va aussi bien que possible Char...papa, soupira-t-elle. Je suis indemne. Cette assurance ne le rassura pas pour autant. Il se tourna vers le secouriste le plus proche et demanda plus d'informations. J'étais en train de l'écouter parler, formant des phrases parfaitement cohérentes malgré sa panique, quand je réalisais soudain que son anxiété et son souci n'étaient pas dénués de mots. C'était juste que...je ne pouvais pas entendre les termes exactes de ses pensées. Hmm. Charlie Swan n'était pas aussi silencieux que sa fille, mais à présent je savais de qui elle tenait ça. Intéressant. Je ne m'étais jusqu'alors jamais trop approché du chef de police municipal. Je l'avais toujours prit pour un homme assez lent d'esprit, sans me douter que j'étais celui qui était lent. Ses pensées, loin d'être absentes, étaient en parties cachées. Je pouvais seulement entendre le ténor de ses pensées, rien d'autre que le ton...Je voulais écouter plus intensément, pour voir si je pouvais par cette découverte percer à jour le secret de la fille. Mais Bella était à présent chargée dans le coffre, et l'ambulance démarra. C'était difficile de m'arraché à l'idée que je tenais peut-être une solution possible au mystère qui avait commencé à m'obséder. Mais il fallait que je réfléchisse – regarder ce qui avait été fait aujourd'hui sous tous les angles. Il fallait que j'écoute, pour m'assurer que ça n'était pas allé trop loin et que nous n'allions pas devoir partir immédiatement. Il fallait que je me concentre.Il n'y avait rien d'inquiétant dans les pensées des secouristes. Pour autant qu'ils puissent le dire, la fille allait bien. Et, et aussi étonnant que ça puisse paraître, Bella s'en tenait à ma version des faits. Ma première priorité, lorsque j'arrivai à l'hôpital, était de voir Carlisle. Je me ruai à travers vers les portes à ouverture automatique, mais j'étais incapable de vraiment arrêter de surveiller Bella ; je gardais un œil sur elle par l'intermédiaire des infirmiers. Il me fut facile de repérer l'esprit familier de mon père. Il était dans son petit bureau, seul. Une deuxième petite pointe de chance dans ce jour de malchance. - Carlisle. Il m'avait entendu approcher, et il s'alarma lorsqu'il vit mon visage. Il se leva d'un bond et devint encore plus pâle que d'habitude. Il me fit face derrière son bureau parfaitement organisé. - Non ! non, ce n'est pas ça. Il prit une profonde inspiration. ...Ajouta-t-il en regardant mes yeux d'or solide avec soulagement. - Mais elle est blessée, Carlisle, ce n'est probablement pas grand-chose, mais...- Qu'est-il arrivé ? - Un stupide accident de voiture. Elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Mais je ne pouvais pas rester là...à le laisser la percuter...Attend, attend. Recommence depuis le début. En quoi es-tu impliqué ?- Un fourgon a dérapé sur la glace. Murmurai-je en regardant le mur derrière lui alors que je parlais – au lieu des diplômes, il n'y avait qu'une peinture à l'huile, sa préférée, un Hassam non répertorié. Elle était en plein dans sa trajectoire. Alice l'a vu arriver, mais je n'avais pas le temps de faire quoi que ce soit d'autre que à travers la foule et la tirer de là. Personne ne l'a remarqué...sauf elle. J'ai aussi dû arrêter le van, mais cette fois encore, personne ne la vu...excepté elle. Je suis désolé Carlisle. Je ne voulais pas nous exposer comme ça. Il contourna son bureau et posa une main son mon épaule. Je pouvais à présent le regarder dans les yeux. - Elle sait que quelque chose...ne va pas chez moi. - Ca n'a pas d'importance. S'il faut que nous partions, nous partirons. Qu'a-t-elle dit ?Je secouai la tête, un peu frustré. - Rien, pour l'instant. - Elle s'en tien à ma version des faits...mais elle attend une explication. Il fronça les sourcils, considérant ce que je venais de lui dire. - Elle s'est cognée la tête...enfin, je lui ai fais ça. Continuai-je précipitamment. Je l'ai cogné assez durement contre le sol. Elle a l'air d'aller bien, mais...je pense que ça devrait être facile de discréditer sa parole...Rien qu'en disant ces mots, j'avais déjà l'impression d'être un connard. Carlisle entendit le dégoût dans ma voix- Je t'en pris. Dis-je. J'ai tellement peur de lui avoir fait du mal. Une étincelle traversa l'œil de Carlisle. Il passa sa main dans ses cheveux – qui avaient des reflets un peu plus clairs que ses yeux dorés – et rit. Dans son esprit, je pouvais lire l'ironie, et l'humour que la situation lui inspirait. Quel revirement. Quelque part durant la seconde d'inconscience qui m'avait poussé à voler à son secours, le tueur s'était métamorphosé en protecteur. Je ris avec lui, me souvenant que Bella n'aurait jamais autant besoin d'être protégée que de moi-même. Ca me fit rire parce que, quelque soit ce qui venait de se passer, j'étais toujours aussi dangereux pour elle qu'avant.J'attendis seul dans le bureau de Carlisle – l'une des heures les plus longues de mon existence – écoutant l'hôpital plein de pensées. Tyler Crowley, le conducteur du fourgon, avait l'air bien plus atteint que Bella, et toute l'attention était tournée vers lui, alors qu'elle attendait son tour pour faire des radios. Carlisle resta dans l'ombre, croyant sur parole les secouristes qui affirmaient que la fille n'était que légèrement blessée. Ca me stressa, même si je savais qu'il avait raison. Un seul coup d'œil à son visage, et Bella se souviendrait immédiatement de moi, et du fait qu'il y avait quelque chose d'anormal dans ma famille, et ça pourrait risquer de la faire parler. Une chose était sûre, elle avait bien assez de compagnie avec qui parler. Tyler était consumé par sa culpabilité, du fait qu'il avait bien faillit la tuer – deux fois de suite – et ne semblait pas pouvoir se taire. Je pouvais clairement voir l'expression de son visage à travers ses yeux, et il était clair qu'elle voulait qu'il se taise. Comment pouvait-il ne pas s'en rendre compte ? Je me tendis lorsque j'entendis Tyler lui demander comment avait pu s'en sortir. J'attendis, sans respirer, alors qu'elle hésitait. Um...l'entendis-je dire. Puis elle se tut si longtemps que Tyler se demanda si sa question la dérangeait. Enfin, elle dit : Edward m'a tiré de là. Je soupirai. Et là ma respiration s'accéléra. Je ne l'avais jamais entendu prononcer mon nom avant. J'aimais le son que ça produisait – même si je ne l'entendais que par l'intermédiaire des pensées de Tyler. Je voulais l'entendre moi-même...dit-elle, quand Tyler ne savait pas de qui elle parlait. Je me retrouvais devant la porte, une main sur la poignée. Le désire de la voire devenait de plus en plus fort. Je devais me souvenir qu'il me fallait être prudent. - Je vis son regard pensif, un éclair de suspicion traverser ses yeux, mais ces petits changements dans son expression passèrent inaperçus pour Tyler.Elle est jolie, pensa-t-il, presque surprit. J'étais dans le hall, tout près de la salle des urgences, sans penser ne serait-ce que pendant une seconde à ce que j'étais en train de faire. Par chance, l'infirmière entra dans la salle avant moi – c'était au tour de Bella pour les radios. Je m'adossai contre le mur dans un recoin sombre tout près du tournant, et essaya de me retenir de la suivre alors qu'on l'emmenait. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire que Tyler la trouve jolie ? Tout le monde pouvait s'en rendre compte. Il n'y avait strictement aucune raison pour que je ressente...mais qu'est-ce que je ressentais au juste ? De la gêne ? Ou est-ce que « en colère » était plus proche de la réalité ? Cela n'avait strictement aucun sens. Je restai là où j'étais aussi longtemps que je le pus, mais mon impatience l'emporta sur tout le reste et je m'en retournai vers la salle de radiologie. On l'avait déjà reconduise aux urgences, mais je pus tout de même jeter un coup d'œil à ses radio quand l'infirmière eut le dos tourné. Ce que je vis me rassura. Son crâne allait bien. Je ne l'avais pas blessée, pas vraiment. Carlisle m'appela. Tu as meilleure mine, commenta-t-il. Je continuai à regarder droit devant moi. Nous n'étions pas seuls, les corridors étaient pleins d'employés et de visiteurs. Ah, oui. Il accrocha ses radios au négatoscope, mais je n'avais pas besoin d'un second coup d'œil. Je vois. Elle va parfaitement bien. Bon travail, Edward. Entendre une telle approbation venant de mon père déclencha en moi une réaction mitigée. Cela aurait dû me faire plaisir, cependant je savais qu'il n'approuverait certainement pas ce que je m'apprêtais à faire à présent. Du moins, il ne l'approuverait pas s'il connaissait mes véritables intentions...- Je crois que je vais aller lui parler, soufflai-je, avant qu'elle ne te voie. Agir naturellement, prétendre que rien ne s'est passé. Histoire d'arranger ca. Voilà qui pourrait faire figure d'excuses acceptables. Carlisle hochai la tête d'un air absent, toujours concentré sur ses radios. - Bonne Idée. Hmm. Je regardai à mon tour les images pour voir ce qui retenait son attention. Mais regardez moi toutes ces anciennes contusions ! Combien de fois sa mère l'a-t-elle laissé tomber ? Carlisle rit de sa propre plaisanterie. - Je commence à croire que cette fille est cernée par la malchance. Elle est toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Je tressaillisJe m'éloignai à grands pas, sentant les remords affluer. J'étais peut-être décidément trop bon menteur, si je pouvais tromper Carlisle. Quand je pénétrai dans la salle des urgences, Tyler marmonnait dans sa barbe d'énièmes excuses. La jeune fille essayait d'échapper à l'assaut de ses remords en faisant semblant de dormir. Ses yeux étaient clos, mais sa respiration n'était pas tranquille, et je pouvais voir ses doigts bouger avec impatience par moment. Je contemplai son visage un long moment. C'était la dernière fois que je la verrais. Ce fait déclencha une douleur aigue dans ma poitrine. Etait-ce parce que je détestais laisser derrière moi un mystère non résolu ? Ca ne semblait pas être une raison suffisante. Finalement, je pris une profonde inspiration et entrai dans la salle des urgences, à la vue de tous. Quand Tyler me vit arriver, il recommença à parler, mais je mis un doigt sur mes lèves.- Elle dort ? Murmurai-je. Les paupières de Bella s'ouvrirent en grand et ses yeux se focalisèrent instantanément sur mon visage. Ils s'écarquillèrent un moment, puis se réduisirent en deux fentes soupçonneuses ou en colère. Je me rappelai qu'il fallait que je joue mon rôle, aussi lui souris-je comme si rien d'anormal ne s'était produit – mis à part un léger choc à la tête et un petit délire post-traumatique. - Et, Edward, je suis désolé...commença-t-ilD'un geste de la main, je stoppai ses excuses. - Il n'y a pas mort d'homme. Constatai-je d'un air désabusé en souriant un peu trop largement à ma petite plaisanterie personnelle. Il était incroyablement facile d'ignorer Tyler, bien qu'il fut à seulement trois mètres de mois, et couvert de sang. Autrefois je n'avais jamais compris comment Carlisle y parvenait – ignorer le sang de ses patients pour les soigner. Après tout, n'était-il pas dangereux d'être en permanence tenté ? Mais à présent, je voyais. Si on se concentre sur quelque chose d'assez puissant, la tentation n'a plus d'atteinte sur vous. Car même frais et à découvert, le sang de Tyler n'était rien comparé à celui de Bella. Je restai à une distante sécurisante d'elle, m'asseyant au bord du matelas de Tyler. - Alors, quel est le verdict ?Sa lèvre inférieure se retroussa légèrement. - Je n'ai rien, mais ils refusent de me relâcher. Explique-moi un peu pourquoi tu n'es pas ficelé à une civière comme nous ? - Question de relation. Répondis-je avec légèreté. Mais ne t'inquiète pas, je me charge de ton évasion. Je regardai prudemment sa réaction lorsque mon père entra dans la pièce. Ses yeux s'écarquillèrent et se retrouva bouche bée de surprise. Intérieurement, je grognai. Aucun doute possible, elle avait remarqué notre ressemblance. - Alors, Mademoiselle Swan, demanda Carlisle, comment vous sentez-vous ?Son charisme et ses manières avaient le don de détendre n'importe quel patient en une demi-seconde. Mais bien sûr, impossible de dire avec certitude si ce pouvoir affecta Bella.- Je vais bien. Dit-elle calmement.Carlisle accrocha ses radios au négatoscope près du lit. - Vos radios sont bonnes. Vous avez mal à la tête ? D'après Edward, vous avez subit un sacré choc - Tout est en ordre. Répéta-t-elle après un soupirUne once d'impatience dans sa voix cette fois. Elle me jeta un regard noir. Carlisle s'approcha d'elle et fit courir presque tendrement ses doigts sur son cuir chevelu jusqu'à ce qu'il ait trouvé la bosse au sommet de son crâne. Toutes mes défenses tombèrent devant la vague d'émotions qui m'assaillait. Maintes fois j'ai eu l'occasion de voir Carlisle travailler avec des humains. Je lui ai même servis d'assistant, il y a des années – uniquement dans les situations où le sang n'était pas impliqué cependant. Ce n'était donc pas nouveau pour moi de le voir interagir avec cette fille comme s'il était aussi humain qu'elle. J'ai souvent envié sa maîtrise de soi, c'est vrai, mais jamais à ce point là. Cette fois c'était différent. C'était bien plus que son self-control que j'enviais chez lui. Je brûlais de faire disparaître cette différence entre Carlisle et moi – le fait qu'il puisse la toucher si tendrement, sans peur, sans craindre de la blesser...Elle tressaillit, et je remuai sur le matelas où j'étais assis. Je dus me concentrer pendant un moment pour retrouver ma position décontractée. - C'est douloureux ? Demanda Carlisle. Son menton hocha d'un millimètre. - Pas vraiment. Dit-elle. Une autre pièce trouva sa place dans le puzzle de sa personnalité : elle était courageuse. Elle n'aimait pas montrer ses faiblesses. C'était probablement la créature la plus vulnérable qu'il m'ait été donné de rencontrer, et elle ne voulait pas sembler faible. Un léger rire s'échappa de mes lèvres. Elle me lança un autre regard courroucé. - Bon, déclara Carlisle, votre père vous attend à côté. Vous pouvez rentrer. Mais n'hésitez pas à revenir si vous avez des vertiges ou des troubles de la vision. Son père était donc là ? J'avais beau scanner les pensées de la foule qui avait envahit le hall, je n'arrivais pas à trouver sa voix avant que Bella ne se remette à parler, l'air anxieux. - Je ne peux pas retourner au lycée ? - Vous feriez mieux de vous reposer, aujourd'hui. Lui suggéra Carlisle. - Et lui, il y retourne ? Enchaina-t-elle en me désignant du regard. Agir normalement, arranger les choses...- Il faut bien que quelqu'un annonce la bonne nouvelle de notre survie. Déclarai-je. - En fait, me corrigea Carlisle, la plupart des élèves semblent avoir envahit les urgences. Cette fois-ci, je pu anticiper sa réaction – son aversion envers les spots braquées sur elle. Je ne fus pas déçu. - Oh, bon sang ! Grommela-t-elle en enfouissant son visage dans ses mainsJ'étais plutôt content d'avoir enfin réussi à deviner juste. Je commençai à la comprendre...- Vous préférez rester ici ? Demanda Carlisle. - Non, non ! S'empressa-t-elle de répliquerElle arracha ses jambes aux draps et sauta du lit, puis perdit l'équilibre et trébucha pour atterrir dans les bras de Carlisle qui s'empressa de la rattraper et de la remettre sur ses pieds. Cette fois encore, un torrent de jalousie me dévora. - Ca va. Dit elle avant qu'il n'ait pu commenter, et une délicieuse teinte rose colora ses joues. Bien sûr, qu'elle rougisse ne posa pas le moindre problème à Carlisle. Il s'assura qu'elle avait retrouvé son équilibre et la lâcha.- Prenez un peu d'aspirine si vous avez mal. Lui conseilla-t-il- Ce n'est pas si affreux que ça. - Il semble que vous ayez eu beaucoup de chance. Conclut-il dans un sourire en signant sa feuille de sortiElle tourna un peu la tête pour mon toiser - A mettre sur le compte d'Edward la Chance. - Ah oui...c'est vrai. Eluda Carlisle, percevant la même chose que moi dans son ton. Elle n'avait pas encore mit ses soupçons sur le compte de l'imagination. Pas encore. Pensa Carlisle. Fait ce qui te semblera le mieux. - Merci, ça m'aide énormément. Murmurai-je rapidement. Aucun humain ne m'entendit. A mon sarcasme, Carlisle étouffa un sourire alors qu'il se tournait vers Tyler. - J'ai bien peur que vous ne deviez rester avec nous un peu plus longtemps. Dit-il en commençant à ausculter les coupures laissées par les éclats de verre. Bon, je suppose qu'avec toute la pagaille que j'avais provoquée, il était logique que je dusse régler ça moi-même.Bella marcha délibérément dans ma direction, ne s'arrêtant que lorsqu'elle était à une distance suffisamment inconfortable et gênante de moi. Je me souvins soudain comme j'avais souhaité avant tout ce grabuge qu'elle agisse ainsi...ce fut comme une parodie de mon vœu. - Je peux te parler une minute ? Me siffla-t-elle. Son haleine brûlante incendia mon visage et je dû reculer d'un pas. Son charme n'avait pas le moins du monde diminué, et continuait de faire sans cesse ressurgir en moi les plus viles pulsions, mes instincts les plus primaires lorsque j'étais près d'elle. Le venin inonda ma bouche et mes muscles se bandèrent, près à bondir – à l'emprisonner dans mes bras et à enfoncer mes dents dans sa gorge. Mon esprit était plus fort que mon corps, mais c'était limite. - Ton père t'attend. Lui rappelai-je en serrant les mâchoires. Elle jeta un bref coup d'œil à Tyler et Carlisle. Si Tyler ne nous prêtait plus la moindre attention, Carlisle lui supervisait le moindre de mes soupir. Prudence, Edward.- J'aimerais avoir une petite discussion en privé, si tu veux bien. Insista-t-elle à voix basse. Je voulu lui répondre qu'au contraire, je ne voulais pas du tout, mais je savais que je devais m'y résigner. Mieux valait se débarrasser de ce problème. J'étais en proie à un véritable conflit intérieur tandis que sortis de la salle, écoutant sa démarche trébuchante, essayant de me calmer. J'allais devoir jouer la comédie à présent. Je connaissais parfaitement mon rôle : je serais le méchant de l'histoire. J'allais lui mentir, la tourner en ridicule, être cruel. Cela allait contre tous mes sentiments – des sentiments humains que j'avais refoulé pendant toutes ces années. Jamais de ma vie je n'avais autant désiré mériter la confiance d'autrui qu'à cet instant, et pourtant, j'étais sur le point de ruiner les quelques probabilités que ce fusse le cas qu'il me restait. Le pire, c'était de savoir que ça risquait fort d'être le tout dernier souvenir qu'elle aurait de moi. C'était ma scène d'adieux. Je me retournai et lui fis face. - Alors ? Demandai-je froidement. Elle eu un léger mouvement de recul devant mon hostilité. Ses yeux gagnèrent en profondeur, le regard ahuri, cette expression qui m'avait tant hantée...- Tu me dois une explication. Dit-elle d'une petite voix, la peau d'ivoire pâlissant encore plus. Il me fut difficile de garder un ton dur. - Je t'ai sauvé la vie, je ne te dois rien du tout. Elle tressaillit. Voire mes paroles la blesser semblait me brûler comme de l'acide. - Tu as juré. Chuchota-t-elle. - Bella, tu as pris un coup sur la tête, tu délires.- Ma tête va très bien ! Riposta-t-elle en levant le menton. A présent elle était en colère, bien, ça allait sûrement rendre les choses plus faciles pour moi. Je rencontrai son regard, et essayant de poser sur mon visage le masque le moins avenant. - Que veux-tu de moi, Bella ? - La vérité. Comprendre pourquoi tu me force à mentir. Ce qu'elle me demandait là était totalement loyal et justifié, et ça me tuait de devoir le lui refuser. - Mais qu'est-ce que tu vas ?Ses mots coulèrent comme un torrent. - Je suis sûre que tu n'étais absolument pas à côté de moi. Tyler ne t'a pas vu non plus, alors arrête de me raconter des bobards. Ce fourgon allait nous écraser tous les deux, et ça ne s'est pas produit. Tes mains ont laissées des marques dedans, et tu as aussi enfoncé l'autre voiture. Tu n'as pas une égratignure, le fourgon aurait dû m'écrabouiller les jambes mais tu l'as soulevé...Soudain elle s'arrêta de parler et serra les dents en détournant le regard pour cacher ses yeux mouillé de larmes qu'elle refoulait. Je gardai mes yeux vissés sur elle, le regard moqueur, alors qu'en réalité j'étais pétrifié d'effroi. Elle avait tout vu. - Tu penses vraiment que j'ai réussi à soulever une voiture ? Demandai-je d'un ton sarcastique. Elle acquiesça. - Personne ne te croira, tu sais, continuai-je, la raillerie encore plus évidente dans ma voix. Elle fit un effort pour contrôler sa colère. Lorsqu'elle me répondit, ce fut en articulant soigneusement chaque mot. - Je n'ai pas l'intention de le crier sur les toits. Elle le pensait – je pouvais le lire dans ses yeux. Même trahie et en colère, elle aurait gardé mon secret. Pourquoi ? Le choc détruisit en une seconde l'expression soigneusement étudiée que j'avais placée sur mon visage. Je dû reprendre contenance - Dans ce cas, quelle importance ? Demandai-je, faisant un réel effort pour préserver la sévérité de ma voix. - Pour moi ça en as. Dit-elle avec ferveur. Je n'aime pas mentir, alors tu as intérêt de me donner une bonne raison de le faire. Elle me demandait de lui faire confiance. De la même manière que je voulais qu'elle me fasse confiance. Mais c'était malheureusement un chemin sur lequel je ne pouvais me permettre de m'aventurer. - Pourquoi ne pas te contenter de me remercier et d'oublier tout ça ? Dis-je de la même voix insensible. - Merci. Dit-elle, avant de fulminer en silence, attendant que je parle. - Tu n'as pas l'intention de renoncer, hein ? - Non- Alors...Je ne pouvais pas lui dire la vérité, même je le voulais...et je ne le voulais pas, d'ailleurs. Je préférais encore qu'elle s'invente sa propre histoire plutôt qu'elle sache ce que j'étais, car rien ne pouvait être pire que la vérité. J'étais un cauchemar vivant, sortit tout droit des film d'horreurs. - ...Tu risque d'être déçue. Nous nous fusillâmes du regard un moment. C'était étrange de voir combien son irritation était charmante. Comme un petit chaton en colère, complètement ignorant de sa propre vulnérabilité. Ses joues rosirent et elle serra les dents une fois de plus. - Pourquoi t'es-tu donné la peine de me sauver alors ? Sa question n'était pas de celles auxquelles je m'étais préparé. Je perdu le fil de mon rôle. Mon masque glissa de mon visage et se brisa à mes pied, et cette fois je lui dis la vérité. - Je ne sais pas. Je photographiai mentalement son visage une dernière fois – ses trait reflétaient encore sa colère, et le sang n'avait pas encore fuis ses joues où il s'était réfugié – puis tourna les talons et m'éloigna d'elle.
 


 
 
le 13-02-2009 11:26

midnight sun-chapitre 2 suite

 Je t'agace ? demandai-je, souriant devant l'absurdité de tout ça.   Elle me regarda rapidement, et ses yeux semblèrent piégés par mon regard._ Pas vraiment, me dit-elle. Je m'agace moi-même, plutôt. Je suis tellement transparente. Ma mère m'appelle son livre ouvert.   Elle fronça les sourcils, se renfrogna.   Je la regardai, stupéfait. La raison de son bouleversement était qu'elle pensait que je lisais en elle. C'était bizarre. Je n'avais jamais dépensé autant d'énergie pour comprendre quelqu'un dans tout ma vie - ou plutôt, mon existence, vu que pouvait difficilement être le bon mot. Je n'avais pas vraiment de ._ Je ne suis pas d'accord, contrai-je, me sentant étrangement... méfiant, comme s'il y avait quelques dangers cachés dans ce que j'échouais à voir.   Je fus soudain énervé, ce pressentiment me rendant anxieux._ Je te trouve au contraire difficile à déchiffrer._ C'est que tu es bon lecteur, devina-t-elle, faisant sa propre supposition qui atteignit une fois de plus sa cible._ En général, oui, accordai-je.   Alors, je souris largement, laissant mes lèvres reculer pour exposer mes dents luisantes, tranchantes comme des rasoirs.   C'était une chose stupide à faire, mais j'étais brusquement, étonnament, désespéré de ne pouvoir l'avertir de quelque façon que ce fût. Son corps était plus près du mien qu'avant, s'étant déplacé inconsciemment durant notre conversation. Tous les petits signes et marques qui étaient suffisants pour effrayer le reste de l'humanité ne semblaient pas fonctionner sur elle. Pourquoi ne reculait-elle pas loin de moi, terrifiée ? Sûrement parce qu'elle en avait vu suffisamment de mon côté sombre pour réaliser le danger, intuitive comme elle paraissait l'être.   Je ne vis pas si mon avertissement avait eu l'effet escompté. M. Banner demanda l'attention de la classe à ce moment-là et elle se détourna de moi une nouvelle fois. Elle semblait un petit peu soulagée par cette interruption, elle comprenait donc peut-être inconsciemment.   J'espérai que ce fut le cas.   Je reconnaissais la fascination grandissant en moi, alors même que je tentai de l'en déloger. Je ne pouvais pas me permettre de trouver Bella Swan intéressante. Ou plutôt, ne pouvait pas permettre ça. J'étais déjà très désireux d'une autre chance de parler avec elle. Je voulais en savoir plus sur sa mère, sur sa vie avant qu'elle ne vînt ici, sur sa relation avec son père. Tous les détails futiles qui étofferaient plus encore son personnage. Mais chaque seconde que je passais avec elle était une erreur, un risque qu'elle ne devrait pas prendre.   Elle secoua distraitement son épaisse chevelure juste au moment où je me permis de prendre une autre inspiration. Une vague particulièrement concentrée de son odeur me frappa droit dans la gorge.   C'était comme le premier jour - comme une balle dévastatrice. La douleur de la sècheresse incendiaire me donna le vertige. Je dus à nouveau empoigner la table pour rester sur mon tabouret. Cette fois, j'avais légèrement plus de contrôle. Je ne cassais rien, au moins. Le monstre grandissait en moi mais ne prit aucun plaisir de ma souffrance. Il était lui aussi fermement retenu. Pour le moment.   Je cessai complètement de respirer et m'éloignai de la fille aussi loin que je le pouvais.   Non, je ne pouvais pas me permettre de la trouver fascinante. Le plus intéressant que je lui trouvais, le plus probable, c'était que je voulais la tuer. J'avais déjà fait deux erreurs mineures aujourd'hui. Voulais-je en faire une troisième, qui serait mineure ?   Dès que la sonnerie retentit, je fuis hors de la salle de cours - détruisant probablement l'impression de politesse que j'avais à moitié réussi à construire pendant l'heure. De nouveau, j'haletai dans l'air pur, humide, de dehors comme si ça m'était curatif. Je me dépêchai de mettre autant de distance que possible entre la fille et moi.   Emmett m'attendait devant la porte de notre salle d'espagnol. Il observa mon expression sauvage pendant un moment."Comment ça a été ?" demanda-t-il prudemment._ Personne n'est mort, marmonnai-je."Je vois bien qu'il y a quelque chose. Quand j'ai vu Alice baisser les bras, à la fin, j'ai pensé..."   Alors que nous marchions, je vis sa mémoire remonter à seulement quelques instants plus tôt, vis à travers la porte ouverte de sa salle précédente : Alice marchant brutalement, son visage pâle fixant le sol, vers le bâtiment des sciences. Je sentis le désir mémorisé d'Emmett de se lever et de la rejoindre, puis sa décision de rester. Si Alice avait eu besoin de son aide, elle l'aurait demandé...   Je fermai les yeux d'horreur et de dégoût en m'affalant sur ma chaise._ Je n'avais pas réalisé que c'était aussi proche. Je ne pensais pas que j'allais... Je n'ai pas vu que c'était aussi mauvais, murmurai-je."Ca ne l'était pas", me rassura-t-il. "Personne n'est mort, hein ?"_ Exact, sifflai-je, les dents serrées. Pas cette fois."Peut-être que ce sera plus facile."_ Bien sûr..."Ou peut-être que tu la tueras", pensa-t-il en haussant les épaules. "Tu ne seras pas le premier à perdre les pédales. Personne ne te jugera trop durement. Parfois, un humain sent juste trop bon. Je suis impressionné que tu aies tenu si longtemps."_ Ca ne m'aide pas, Emmett.   J'étais révolté par son acceptation de l'idée que je pouvais tuer cette fille, que cette voie était, d'une façon ou d'une autre, inévitable."Je sais quand ça m'est arrivé...", se souvînt-il, m'entraînant avec lui un demi siècle plus tôt, sur un chemin de campagne au crépuscule où une femme d'âge mûr prenait ses draps secs sur un fil tendu entre deux pommiers. L'odeur des pommes était péniblement suspendue dans l'air - la récolte était finie et les fruits abandonnés étaient éparpillés sur le sol, les ecchymoses sur leur peau filtraient leur flagrance en épais nuages. Un tas de foin fraîchement tondu était le fond de cette odeur, une harmonie. Il remontait le chemin, presque inconscient de la présence de la femme, pour faire une course pour Rosalie. Le ciel était pourpre au-dessus de sa tête, orange au-dessus des arbres à l'ouest. Il aurait dû poursuivre le chemin à chariots serpentant et n'aurait eu aucune raison de se souvenir de ce soir-là, sauf qu'une soudain brise nocturne gonfla les draps blancs comme une voilure et souffla l'odeur de la femme au visage d'Emmett._ Ah, gémis-je doucement.   Comme si le souvenir de ma propre soif n'était pas suffisant."Je sais. Je n'ai pas tenu une demie seconde. Je n'ai jamais pensé à résister."   Son souvenir devint trop explicite pour que je pus le supporter.   Je sautai sur mes pieds, mes dents assez serrées pour couper de l'acier._ Esta bien, Edward ? () demanda Senora Goff, surprise par mon brusque mouvement.   Je pus voir mon visage dans son esprit et je savais que je n'avais pas l'air d'aller bien._ Me perdona (), marmonnai-je en filant vers la porte._ Emmett, por favor, puedas tu ayuda a tu hermano ? () demanda-t-elle en me désignant sans pouvoir intervenir tandis que je me ruai hors de la salle._ Bien sûr, l'entendis-je dire et il fut juste derrière moi.   Je poussai sa main loin de moi avec une force inutile. Cela aurait brisé les os d'une main humaine, et ceux du bras qui y était attaché._ Désolé, Edward._ Je sais.   J'haletai profondément, essayant de vider ma tête et mes poumons._ C'est aussi grave que ça ? demanda Emmett en tentant de ne penser ni à l'odeur ni au goût de son souvenir, sans vraiment y parvenir._ Pire, Emmett, pire.   Il resta silencieux un moment."Peut-être..."_ Non, ça n'irait pas mieux si j'en finissais avec ça. Retourne en cours, Emmett. Je veux être seul.   Il fit demi-tour sans aucun autre mot ni aucune autre pensée et s'éloigna à pas rapides. Il dirait au professeur d'espagnol que j'étais malade, ou que je séchais, ou que j'étais un dangereux vampire hors de contrôle. Son excuse était-elle réellement meilleure ? Peut-être que je ne reviendrai pas. Peut-être devrais-je partir.   J'allai une nouvelle fois à ma voiture pour attendre la fin des cours. Pour me cacher. Encore.   J'aurais dû utiliser ce temps pour me décider, ou essayer de soutenir ma résolution, au lieu de ça, comme un drogué, je me retrouvais à fouiller dans le babillement de pensées émanant des bâtiments du lycée. Les voix familières sortaient de l'ordinaire mais, à cet instant, je n'étais pas intéressé par l'écoute des visions d'Alice ou les plaintes de Rosalie. Je trouvai facilement Jessica, mais la fille n'était pas avec elle, je continuai donc à chercher. Les pensées de Mike Newton attirèrent mon attention et je la localisai enfin, en gym, avec lui. Il n'était pas content, parce que j'avais parlé avec elle aujourd'hui, en biologie. Il était dépassé par la réponse qu'elle lui avait donnée lorsqu'il avait mis le sujet sur la table..."En fait, je ne l'ai jamais vu dire à personne plus d'un mot par-ci par-là. Bien sûr, il aura décidé de trouver Bella intéressante. Je n'aime pas la façon dont il la regarde. Mais elle ne semblait pas trop excitée à son sujet. Qu'est-ce qu'elle a dit déjà ? "Je ne sais pas ce qui lui a pris la semaine dernière." Quelque chose comme ça. Ca ne sonnait pas comme si elle y prêtait attention. Ca ne pouvait pas être plus qu'une simple conversation..."   Il prolongea son monologue pessimiste dans ce sens, soutenu par l'idée que Bella n'avait pas été intéressée par son échange avec moi. Cela me dérangeait vraiment un peu plus que ce qui aurait été acceptable, j'arrêtai donc de l'écouter.   Je mis un CD de musique violente dans le lecteur puis montai le volume jusqu'à ce qu'il couvrit les autres voix. Je dus me concentrer très attentivement sur la musique pour m'empêcher de dériver à nouveau jusqu'aux pensées de Mike Newton, d'espionner cette fille naive...   Je trichais quelques fois, alors que l'heure touchait à sa fin. J'essayais de me convaincre que ce n'était pas pour l'espionner. Je me préparais seulement. Je voulais savoir avec exactitude quand elle quitterait son cours de gym, quand elle serait dans le parking. Je ne voulais pas qu'elle me prit par surprise.   Alors que les élèves commençaient à sortir en file indienne par les portes du gymnase, je sortis de ma voiture, pas sûr de ce qui me faisait faire ça. La pluie était fine - je l'ignorai tandis qu'elle trempait lentement mes cheveux.   Voulais-je qu'elle me visse ici ? Espérai-je qu'elle viendrait me parler ? Qu'étais-je en train de faire ?   Je ne bougeai pas, alors que j'essayais de me convaincre de retourner dans la voiture, sachant que mon comportement était répréhensible. Je gardais mes bras croisés sur ma poitrine et respirais très superficiellement en la regardant marcher lentement vers moi, les coins de ses lèvres baissés. Elle ne me regardait pas. Elle lança plusieurs fois des coups d'oeil aux nuages, comme s'ils l'offensaient.   Je fus déçu quand elle atteignit sa voiture avant d'avoir dû passer devant moi. Devrait-elle me parler ? Devrais-je lui parler ?   Elle entra dans une camionnette, une Chevrolet, délavée, une carcasse rouillée qui était aussi vieille que son père. Je la regardai la démarrer - l'engin rugit plus bruyamment qu'aucun autre véhicule du parking - puis tendre les mains vers le chauffage. Le froid lui était inconfortable - elle ne l'aimait pas. Elle passa ses doigts dans son épaisse chevelure, les faisant passer devant le jet d'air chaud, comme pour les sécher. J'imaginai ce que la cabine de cette camionnette pouvait sentir puis chassai rapidement cette pensée.   Elle regarda autour d'elle en se préparant à reculer, puis regarda enfin dans ma direction. Elle me fixa pendant seulement une demie seconde et je pus lire la surprise dans ses yeux avant qu'elle ne les détachât des miens et poussât la camionnette en arrière. Et puis elle poussa un cri aigu en s'arrêtant de nouveau, l'arrière du véhicule manquant de quelques pouces une collision avec celui d'Erin Teague.   Elle regarda dans son rétroviseur, la bouche encore ouverte d'humiliation. Quand l'autre voiture s'éloigna d'elle, elle vérifia deux fois tous les angles morts et quitta sa place de parking avec tant de précautions que cela me fit sourire. C'était comme si elle pensait qu'elle était avec sa camionnette décrépie.   La pensée que Bella Swan put être dangereuse pour quelqu'un, peu importe si elle conduisait, me fit rire tandis qu'elle passait devant moi, regardant droit devant elle.
FIN DU CHAPITRE 2
 


 
 
le 13-02-2009 11:24

Midnight sun-chapitre 2

Je m'adossai au banc de neige, laissant la poudre sèche se réorganiser autour de mes pieds. Ma peau était aussi froide que l'air autour de moi, et la glace ressemblait à du velours sous ma peau.   Le ciel au-dessus de moi était clair, brillant d'étoiles, d'un bleu rougeoyant par endroits, jaune à d'autres. Les étoiles créaient de majestueuses formes tourbillonnantes contre l'univers noir - une vision époustouflante. Délicieusement belle. Ou plutôt, elle aurait dû l'être. Aurait pu l'être, si j'avais été capable de la regarder correctement.   Ca n'allait pas mieux. Six jours avaient passé, six jours que je me cachais ici, dans l'étendue sauvage, déserte et désolée de Denali, mais j'étais loin de la liberté que j'avais eu avant de sentir son odeur pour la première fois. Quand j'avais fixé le ciel étincelant, c'était comme s'il y avait eu un obstacle entre mes yeux et sa beauté. L'obstacle était un visage, un visage humain, ordinaire, mais je ne parvenais pas vraiment à le faire disparaître de mon esprit.   J'entendis les pensées approcher avant d'entendre les pas qui les accompagnaient. Le son du mouvement n'était qu'un faible chuchotement sur la poudreuse.   Je n'étais pas surpris que Tanya m'ait suivi jusqu'ici. Je savais qu'elle avait, ces derniers jours, retourné dans sa tête la conversation à venir, la retardant jusqu'à ce qu'elle fut parfaitement sûre de ce qu'elle voulait dire.   Elle apparut dans la lumière à soixante mètres de là, bondissant sur la pointe d'une roche noire, se balançant là-haut sur ses pieds nus. Sa peau était teintée d'argenté par la lumière des étoiles et ses longues boucles blondes brillaient, pâles, presque roses. Ses yeux d'ambre miroitaient tandis qu'elle m'espionnait, à moitié cachée dans la neige, et ses lèvres pleines s'étendirent lentement en un sourire.   Exquise. j'avais été réellement capable de la voir. Je soupirai.   Elle s'accroupit sur la pointe de la pierre, le bout de ses doigts touchant la roche, son corps se replia."Boulet de cannon", pensa-t-elle.   Elle se lança elle-même dans les airs ; sa silhouette devint une ombre tandis qu'elle tournoyait avec grâce entre les étoiles et moi. Elle se roula en boule alors qu'elle heurtait le banc de neige compacte à côté de moi.   Un tourbillon de neige s'élevé autour de moi. Les étoiles s'obscurcirent et je fus profondément enterré dans un nuage de cristaux glacés et plumeux. Je soupirai à nouveau, mais ne fis aucun mouvement pour me déterrer. L'obscurité sous la neige ne blessa ni n'obscurcit ma vue. Je voyais encore le même visage._ Edward ?   La neige vola de nouveau tandis que Tanya m'exhumait pronptement. Elle balaya la poudre de mon visage immobile, sans me regarder complètement dans les yeux._ Désolée, murmura-t-elle. C'était une plaisanterie._ Je sais. C'était amusant.   Sa bouche se tordit à nouveau._ Irina et Kate ont dit que je devrais te laisser partir seul. Elles pensent que je t'agace._ Pas du tout, lui assurai-je. Je suis le seul à être impoli... horriblement impoli. Je suis vraiment désolé."Tu rentres chez toi, n'est-ce pas ?" pensa-t-elle._ Je ne suis pas encore... complètement... décidé."Mais tu ne vas pas rester ici." Sa pensée était maintenant mélancolique, triste._ Non. Ca ne semble pas... beaucoup m'aider.   Elle grimaça._ C'est de ma faute ?_ Bien sûr que non, mentis-je doucement."Ne joue pas les gentlemen."   Je souris."Je te mets mal à l'aise", s'accusa-t-elle._ Non.   Elle haussa un sourcil, l'air si incrédule que j'en ris. Un rire bref, suivi d'un autre soupir._ D'accord, admis-je. Un petit peu.   Elle soupira, elle aussi, et se prit le menton dans les mains. Ses pensées étaient chagrinées._ Tu es mille fois plus jolie que les étoiles, Tanya. Bien sûr, tu en es déjà parfaitement consciente. Ne laisse pas mon obstination ébranler ta confiance.   Je ris devant l'improbabilité de ._ Je ne suis pas habituée à être rejetée, grommela-t-elle, sa lèvre inférieure ressortant en une charmante moue._ Evidemment, approuvai-je, essayant sans trop de succès de bloquer ses pensées tandis qu'elle se promenait fugitivement dans les souvenirs de ses milliers de conquêtes réussies.   La plupart du temps, Tanya préférait les hommes humains - ils étaient plus populaires pour une chose, avec l'avantage d'être moelleux et chauds. Et toujours enthousiastes, sans aucun doute._ Succube, la taquinai-je, espérant rompre le fil des images défilant dans sa tête.   Elle sourit, ses dents étincelant :_ L'original.   Contrairement à Carlisle, Tanya et ses soeurs avaient lentement découvert leur conscience. A la fin, ce fut leur penchant pour les hommes humains qui entraîna les soeurs à se détourner du massacre. Maintenant, les hommes qu'elles aimaient... vivaient._ Quand tu t'es montré ici, dit lentement Tanya, j'ai pensé que...   Je savais ce qu'elle avait pensé. Et j'aurais dû deviner qu'elle le verrait de cette façon. Mais, à ce moment-là, je n'étais pas au meilleur de ma forme pour analyser ses réflexions._ Tu as pensé que j'avais changé d'avis._ Oui, se renfrogna-t-elle._ Je me sens horrible de jouer avec tes prévisions, Tanya. Ca ne veut pas dire que... - je n'avais pas réfléchi. C'est juste que je me suis senti... pressé._ Je suppose que tu ne me diras pas pourquoi... ?   Je m'assis et enroulai mes bras autour de mes jambes, me pelotonnant dans une posture défensive._ Je ne veux pas parler de ça.   Tanya, Irina et Kate étaient très douées dans cette vie à laquelle elles s'étaient dévouées. Même plus, d'une certaine façon, que Carlisle. Malgré l'extrême proximité qu'elles se permettaient avec ceux qui auraient dû être - et avaient été - leurs proies, elles ne faisaient pas d'erreurs. J'avais honte d'avouer ma faiblesse à Tanya._ Des problèmes avec les femmes ? supposa-t-elle, malgré ma réticence.   J'eus un rire sombre._ Pas de la façon dont tu l'imagines.   Elle était silencieuse maintenant. J'entendais ses pensées tandis qu'elle allait de supposition en supposition, essayant de déchiffrer la signification de mes mots._ Tu en es loin, lui dis-je._ Un indice ? demanda-t-elle._ S'il te plaît, laisse tomber, Tanya.   Elle se tut une nouvelle fois, spéculant encore. Je l'ignorai, tentant en vain d'apprécier les étoiles. Elle abandonna après un moment de silence et ses réflexions se poursuivirent dans une direction différente."Où iras-tu si tu pars, Edward ? Tu retourneras avec Carlisle ?"_ Je ne crois pas, murmurai-je.   Où irai-je ? Je ne pouvais trouver, sur toute cette planète, un endroit qui eut le moindre intérêt pour moi. Il n'y avait rien que je voulais voir ou faire. Parce que le problème n'était pas de savoir où j'irai : ce n'était pas comme si j'irais quelque part, je ne ferais que fuir.   Je détestais ça. Quand étais-je devenu un tel lâche ?   Tanya passa son bras mince autour de mes épaules. Je me raidis, mais ne reculai pas à son contact. Elle essayait de me dire que rien ne valait mieux que le réconfort d'un ami. Dans l'essentiel._ Je pense que tu vas rentrer chez toi, dit-elle, sa voix reprenant une légère pointe de son accent russe perdu. Pas de problème avec ce qui... ou qui... te hante. Tu y feras face. Tu es comme ça.   Ses pensées étaient aussi certaines que ses mots. J'essayai d'étreindre l'image de moi qu'elle avait dans la tête. Celle qui faisait face aux choses la tête haute. C'était agréable de penser à moi de cette manière. Je n'avais jamais douté de mon courage, de mon habileté à faire face aux difficultés, avant cette horrible heure en classe de biologie au lycée, il y avait peu de temps.   Je lui embrassai la joue, reculant promptement lorsqu'elle tourna son visage vers le mien, les lèvres déjà plissées. Ma rapidité la fit sourire d'un air piteux._ Merci, Tanya. J'avais besoin d'entendre ça.   Ses pensées devinrent irascibles._ J'imagine que tu es le bienvenu. J'aimerai que tu sois plus raisonnable quant à ces choses-là, Edward._ Je suis déolé, Tanya. Tu sais que tu es trop bien pour moi. Je n'ai juste... pas encore trouvé ce que je cherche._ Bien. Si tu pars avant qu'on ne se revoie... au revoir, Edward._ Au revoir, Tanya.   Alors que je prononçai ces mots, je pus le voir. Je pus me voir partir. Être assez fort pour retourner au seul endroit où je voulais être._ Merci encore.   En un mouvement habile, elle fut sur ses pieds, puis elle s'éloigna comme un fantôme à travers la neige si rapidement que ses pieds n'avaient pas le temps de s'enfoncer dedans. Elle ne laissa aucune empreinte derrière elle. Elle ne regarda pas en arrière. Mon rejet la tracassait plus qu'elle ne l'aurait dit, même en pensée. Elle ne voulait pas me revoir avant mon départ.   Ma bouche se tordit avec chagrin. Je n'aimais pas blesser Tanya, bien que ses sentiments ne fussent pas profonds, guère purs, et en aucun cas une chose à laquelle je pouvais répondre. Cela me faisait me sentir bien en dessous d'un gentleman.   Je posai mon menton sur mes genoux et fixai du nouveau les étoiles, bien que je fusse soudainement désireux d'être sur la route. Je savais qu'Alice me verrait revenir à la maison, qu'elle le dirait aux autres. Cela les rendrait heureux - surtout Carlisle et Esmé. Mais je contemplai les étoiles pendant un moment encore, essayant de voir à travers le visage dans ma tête. Entre les lumières brillantes et moi, une paire d'yeux perplexes marron chocolat me fixaient, semblant me demander ce que ma décision signifiait pour . Je ne pouvais évidemment pas être certain que ce fut cela que ses yeux cherchaient. Même dans mon imagination, je ne pouvais entendre ses pensées. Les yeux de Bella Swan continuaient de me questionner, et la vue des étoiles continuait de m'échapper. Avec un gros soupir, j'abandonnai et me remis sur mes pieds. Si je courais, je pourrais être de retour à la voiture de Carlisle en moins d'une heure...   Dans ma hâte de retrouver ma famille - et voulant vraiment être le Edward qui faisait front la tête haute - je m'élançai à travers le champ de neige étoilé, sans laisser la moindre empreinte de pas.

 


 
 
le 13-02-2009 11:19

Pas de panique-Midnight sun

Voilà, j'ai fini cette nuit la traduction du chapitre 2 de Midnight Sun, et vous l'aurez donc aujourd'hui. Malheureusement, ce second retard (vous deviez l'avoir hier) est occasionné par le fait que je doive entièrement retaper ma traduction sur le blog car celui-ci trouve les copier-coller de word trop volumineux. Etant épuisée hier quand j'ai achevé la traduction, je n'ai pas eu le courage de tout vous retaper pendant la nuit. Je le fais donc maintenant.Si vous lisez la page correspondante avant que je n'ai fini de retranscrire entièrement ce chapitre, retournez-y jusqu'à ce que vous voyez "FIN" à la fin XD.Je pense donc que je traduirai les autres chapitres à même le blog, donc vous n'aurez pas les chapitres de traduits en bloc mais petit à petit. Désolée, c'est plus agréable quand ils sont directement en entier (ya plus qu'à lire et non à chercher où on s'était arrêté la fois précédente) mais c'est trop de boulot que de devoir ensuite tout réécrire. J'espère que vous comprendrez.En tout cas, bonne lecture (je vous mets une partie du chapitre 2 maintenant, j'ajouterai le reste en fin d'après midi et dans la soirée).PS : Pardonnez-moi les quelques phrases qui ne veulent rien dire (certaines m'ont posé quelques soucis de traduction et de compréhension XD).
 


 
 
le 12-02-2009 19:51

MIDNIGHT SUN-twilight ch1

JE TIENS JUSTE À PRECISER QUE CE CHAPITRE A ETE PUBLIE LEGALEMENT SUR LE SITE DE STEPHENIE.ALORS N'ALLEZ PAS M'ACCUSER DE VOLER SON TRAVAIL.JE NE FAIS QUE DONNER LA CHANCE AUX FANS FRANCAIS DE LIRE CE QUE LES FANS AMERICAINS PEUVENT LIRE EGALEMENT, À SAVOIR, LE PREMIER CHAPITRE DE TWILIGHT (FASCINATION) DU POINT DE VUE D'EDWARD!JE NE PUBLIERAI PAS LA TRADUCTION DES CHAPITRES SUIVANTS QUI ONT ETE VOLES À L'AUTEUR MAIS SEULEMENT LE PREMIER QUI, LUI, ETAIT DEJA MIS EN LIGNE PAR STEPHENIE ELLE-MÊME.(Ainsi que le lien menant à ces chapitres en version originale sur le site de l'auteur)SUR CE, BONNE LECTURE!
 


 
 
le 12-02-2009 19:36

top image manga

voici mes images-manga préféré
 


 
 
 
le 12-02-2009 19:18

fée e toujours

 


 
 
le 12-02-2009 19:14

fée de nuit

 


 
 
le 12-02-2009 17:15

Joyeuse Saint-valentin

De la part de tout Montréal : JOUYEUSE SAINT-VALENTIN

 


 
 
le 12-02-2009 17:04

La moral

 Laphilosophie du monde

 


 
 
le 12-02-2009 16:52

fées

Voici quelque image de fée: terme du jour
 


 
 
le 12-02-2009 16:44

mes crations

 


 
 
le 11-02-2009 19:07

merci!

 


 
 
le 11-02-2009 18:42

Roserose!!

 


 
 
 
le 11-02-2009 15:26

salut

Cela fesait longtemps que je me suis pas presentés, mais je suis de retour, TADADADAM!!!! Bref, mon frere a monopolisé l'ordinateur le plus efficace chez nous et je ne voulais pas utiliser l'autre. Ça ne fera qu'accumuler du stress(je me vois déja lancé l'ordi pardessus la fênetre). Enfin bref. J'espere que mes "creations" vous en plu et je vous encourage de laisser des commentaires ou des conseil pour le blog.

 


 
 
le 11-02-2009 14:55

photo du jour2

 


 
 
le 09-02-2009 13:23

photo du jour

 


 
 
 
le 08-02-2009 15:25

Missing 1

Quand on a 16 ans comme Jessica, il n’est pas rare d’avoir un coup de foudre… mais être frappée par la foudre !! Après cet accident, la jeune fille se retrouve douée de prescience : ses rêves l’instruisent de l’endroit où se trouvent les enfants disparus dont elle voit l’avis de recherche tous les jours sur les packs de lait. Elle qui avait déjà des ennuis à l’école, elle doit désormais compter avec le harcèlement de la presse et du FBI. Heureusement que ses mauvaises fréquentations sont là pour l’épauler…
 


 
 
le 08-02-2009 15:20

Star Incognito

Tout le monde adore Jen dans son lycée. Sous la plume de "Sally", elle tient de façon anonyme la rubrique "courrier du coeur" du journal du lycée. En raison de sa discrétion, le proviseur lui demande de prendre sous son aile un nouvel élève, Lucas, qui s’avère n’être autre que Luke Strike, l’immense star du cinéma. Pour s’imprégner d’un nouveau personnage, la star veut passer quinze jours incognito au lycée. Et comme si cette mission ne lui suffisait pas, Jen décide de retrouver la mascotte du prof de latin qui vient d’être kidnappée par les caïds du lycée. Délicates missions...
 


 
 
le 08-02-2009 15:17

The Mediator 2

Le fantôme d’une femme surgit dans la chambre de Suze : la voilà chargée de dire à un certain Red qu’il ne l’a pas tuée. Suze s’y colle aussitôt mais se trompe de Red : elle tombe sur un milliardaire local mêlé à des affaires douteuses et se prenant pour un vampire ! Heureusement, Suze n’est pas seule : elle bénéficie de l’aide de divers fantômes et notamment de celle du craquant Jesse, qui hante toujours sa chambre...
 


 
 
le 08-02-2009 15:14

The Mediator

Bien-sûr que Susannah aimerait pouvoir envoyer balader ces empêcheurs de tourner en rond ! Mais essayez d’envoyer balader des fantômes, vous verrez si c’est facile ! Susannah a seize ans, vient de quitter New York pour emménager en Californie du Nord. Où qu’elle aille, il y a toujours des fantômes aux alentours qui ont besoin de lui parler. Cette fois-ci, il s’agit d’une lycéenne hystérique qui veut tuer son ex petit-ami pour qu’il la rejoigne
 


 
 
le 08-02-2009 15:11

Le soleil de carla

Carla ne s’attendait pas à l’annonce du divorce de ses parents le jour de ses dix-sept ans. Ni au désir de sa mère de l’emmener s’installer avec elle en Corse pour remettre à neuf un hôtel et entamer une autre vie. Sa vie parisienne lui semble loin désormais. Elle est elle-même surprise d’avoir réussi à faire de
 


 
 
le 08-02-2009 14:06

MOI!!

 Sup, everyone! Bon ok, je fessais que pratiquer mon anglais. Il faut l'avouer, je suis nulle en anglais et en science. En fait, je suis nulle partout, excepté en Math. Ah oui! J'ai oublié de mentionner mon nom, tout le monde m'appelle Soura.  J'ai 14 ans (bientôt 15, le 27 mars, youhou!) et je vis à Montréal, y'a pas plus nul. I am algerian(Je pense que c'est comme ça que ça ce dit, enfin bref).j'ai un frère et une sœur et je vis avec mes deux parents. Et je suis dans une école de nul de chez nul. Je déteste mon école. Et si j'en parle a mes parents, ils voudront se mêler de tout et je déteste. Enfin bref, je rêve d'écrire depuis peu et voila que j'ai eu l'idée de créer mon propre blog. Et pourquoi je commence pas maintenant! :)

 


 
 
le 07-02-2009 17:31

Le cueilleur de fraises

Lorsque sa meilleure amie Caro est retrouvée assassinée, Jette jure publiquement de la venger, attirant ainsi sur elle l’attention du meurtrier. Chaque jour, Jette essaie de se reconstruire et d’oublier. Elle fait bientôt la connaissance d’un garçon qui semble pouvoir lui redonner le goût de vivre, et tombe éperdument amoureuse. Une rencontre qui pourrait l’aider à surmonter la mort de son amie. Peut-être...
 


 
 
le 07-02-2009 17:26

Alors!!

Alors, vous trouver comment mon premier blog. Si vous avez des suggestion oû conseil n'hésitez pas. Je compte sur vous. A plus!
 


 
 
le 07-02-2009 17:21

Bella a fait son choix : elle s’apprête à épouser Edward. Mais le jeune homme honorera-t-il sa part du marché ? Acceptera-t-il de la transformer en vampire et d’accepter de la voir renoncer à sa vie humaine ?
 


 
 
le 07-02-2009 17:00

Tentation

Bella fête ses 18 ans. La soirée d’anniversaire que lui organisent les Cullen tourne mal : la jeune fille se blesse et la vue de son sang provoque des réactions diverses chez les vampires. Trois jours plus tard, Edward lui annonce qu’il ne l’aime plus et que sa famille déménage. Bella ne comprend pas ce brusque retournement et
 


 
 
le 07-02-2009 15:01

Fascination

Isabella Swan, 17 ans, déménage à Forks, petite ville pluvieuse dans l’état de Washington, pour vivre avec son père. Elle s’attend à ce que sa nouvelle vie soit aussi ennuyeuse que la ville elle-même. Or, au lycée, elle est terriblement intriguée par le comportement d’une étrange fratrie, deux filles et trois garçons. Bella tombe follement amoureuse de l’un d’eux, Edward Cullen. Ce garçon beau comme un dieu et qui lui sauve la vie plusieurs fois a selon les Indiens le sang froid... Une relation sensuelle et dangereuse commence alors entre les deux jeunes gens : quand Isabella admet que Edward est un vampire, il est déjà trop tard.
 


 
 
le 07-02-2009 14:55

Nuits d’enfer au paradis

Résumé
Un recueil de cinq nouvelles délicieusement effrayantes. Des bals de promo de lycée tournant à l’horreur, des vampires diablement séduisants et de jolies filles, bref quand la beauté et le cauchemar s’associent, la littérature se pimente !